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Grosse mobilisation syndicale dans la capitale

Keystone

A l'appel des syndicats, près de 30'000 personnes se sont réunies samedi sur la Place fédérale de Berne. Les manifestants ont protesté contre les suppressions d'emploi et ont appelé à un «tournant politique» en cette période de crise.

Berne n’avait plus connu une telle manifestation depuis plus de six ans, plus exactement depuis le 15 février 2003, lorsque 40’000 personnes avaient marché dans les rues de la capitale pour protester contre la guerre en Irak. Ce 19 septembre, ils étaient plus de 30’000 à avoir fait le déplacement des quatre coins de la Suisse pour participer à une journée nationale «contre la crise et les pertes d’emplois».

Confirmé par la police bernoise, le chiffre de 30’000 manifestants va bien au-delà des attentes des syndicats. En raison de cette forte mobilisation, tous les participants n’ont pas pu atteindre la Place fédérale et certains sont restés bloqués dans les rues adjacentes.

Les syndicats avaient appelé à venir protester «contre les cadeaux fiscaux aux entreprises, les diminutions de salaires pour les employés, les licenciements massifs et le démantèlement des assurances sociales». Avant de se réunir devant le siège du Parlement, les manifestants, portant banderoles et drapeaux, ont sillonné le centre-ville en trois cortèges distincts au son des sifflets, sirènes et mégaphones.

Faiblesse des plans de relance

«Nous manifestons contre la provocation ici devant le Palais fédéral, contre une politique qui a investi 68 milliards de francs dans l’UBS, mais qui vient de refuser cette semaine des mesures efficaces contre la crise; cela alors que la crise n’a été rien de moins que provoquée par les abus dans le secteur financier», a déclaré dans un discours Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse (USS), association faîtière des syndicats suisses.

Les syndicats ont fustigé la faiblesse des trois plans de relance mis en place par la Confédération depuis le mois de novembre 2008. Si aucune mesure efficace n’est prise, il faudra s’attendre à un chômage de masse et un chômage des jeunes que la Suisse n’a jamais connu, ont-ils mis en garde. «Nous en avons assez des chevaliers du bonus, assez des managers avec leurs excès salariaux et leurs parachutes dorés qui seront encore soutenus politiquement au Palais fédéral», a martelé Paul Rechsteiner.

Entre autres revendications, les syndicats exigent des salaires minimaux, de bonnes rentes pour les plus âgés et des perspectives pour les jeunes.

Davantage de respect

«Nous sommes tous ici présents aujourd’hui pour exiger plus de respect de la part des politiciens, surtout plus de respect pour notre travail, plus de respect pour le travail fiable, précis et intègre que nous effectuons en Suisse, qui a rendu la Suisse prospère et contribué aussi à la bonne image de notre pays à l’étranger», a pour sa part déclaré Martin Flügel, président de Travail.Suisse.

«Nous demandons une politique pour tous ceux qui gagnent leur salaire avec un travail fiable et intègre; une politique pour tous ceux qui ont perdu leur travail à cause de l’irresponsabilité des banquiers», a-t-il renchéri.

«Dans ce contexte dramatique, la Poste envisage non seulement de supprimer 2500 emplois, mais aussi de renoncer à toute augmentation salariale pour 2010; une telle attitude est scandaleuse et irresponsable», a dénoncé Alain Carrupt, président du Syndicat de la communication. Le Syndicat de la communication revendique des hausses de salaire de 80 à 120 francs par mois ainsi que des mesures efficaces en faveur de l’emploi.

swissinfo.ch et les agences

Pour faire face à la récession qui touche la Suisse depuis le début de l’année, le gouvernement a mis en place trois plans de relance depuis novembre 2008 pour un montant global de 2,3 milliards de francs suisses.

Le 3e paquet conjoncturel, d’un montant de 400 millions de francs, vise en particulier à lutter contre le chômage.

Les deux précédents étaient des investissements dans les secteurs de la construction et des infrastructures.

Mardi, la Chambre basse n’avait accepté d’entrer en matière sur ce 3e paquet conjoncturel que d’extrême justesse – par 93 voix contre 91 – grâce à une alliance entre la gauche et les démocrates-chrétiens.

Les radicaux-libéraux (PLR / droite) et l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) ont en revanche réussi à vider ce paquet d’un grande partie de sa substance en torpillant une aide de 250 millions prévue pour les chômeurs de longue durée par 94 voix contre 90 et 4 abstentions.

Jeudi, la Chambre haute a décidé contre l’avis de la Chambre basse de maintenir les aides accordées aux chômeurs en fin de droit et aux jeunes en recherche d’emploi. Le dossier retourne à la Chambre basse, qui devra à nouveau se prononcer.

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