Historiens suisses partagés
Pour Jean-François Bergier, la couverture du livre de Stuart Eizenstat est «scandaleuse, insultante et de mauvais goût».
Georg Kreis, son collègue historien, qui fut également membre de la commission d’experts Suisses-Seconde guerre mondiale, juge en revanche l’image contestée «objective».
Dans des interviews publiés lundi par le Blick et le Tages- Anzeiger, Jean-François Bergier, qui présida en son temps la commission d’experts Suisse- Seconde Guerre mondiale, se déclare indigné par la couverture du livre «Imperfect Justice» de Stuart Eisenstat.
«Le drapeau est un symbole pour le peuple. Et le peuple n’a rien à faire avec les affaires de la Banque nationale», souligne M. Bergier. Il est clair que les transactions d’or avec les nazis étaient une faute. «Mais ce n’était nullement un acte d’allégeance au régime nazi, comme le suggère la couverture du livre».
Avis différent
Georg Kreis, autre historien membre de la commission d’experts, estime en revanche que l’image de la couverture est «matériellement irréprochable. L’or représente clairement l’or nazi. Le mettre en relation avec la croix suisse correspond à un fait historique.»
«Au lieu de se fâcher de la couverture d’un livre que personne n’a encore lu, on devrait réfléchir au fait que notre Banque nationale a (…) blanchi de l’or nazi sans scrupules», ajoute Georg Kreis.
Pour l’historien, il est problématique de faire une séparation entre Banque nationale et peuple. Dans une démocratie, l’ensemble des citoyens est responsable des actions les plus importantes ainsi que des conditions qui les entourent, explique-t-il.
«Ce qui est fait au nom de tous doit aussi concerner tout le monde», conclut Georg Kreis.
swissinfo avec les agences
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