Ironie de l’histoire des fameux fonds Marcos
La veuve et les enfants de Ferdinand Marcos convoitent les avoirs familiaux autrefois gelés en Suisse. Et il n'est pas exclu que la famille de l'ancien dictateur philippin puisse récupérer une partie de ces fameux fonds aujourd'hui bloqués à Manille.
Depuis juin 1998, les fonds dit «Marcos» dûment identifiés en Suisse ont été rapatriés aux Philippines. Ils dorment actuellement sur un compte bloqué de la Philippine National Bank en attente d’un jugement final.
La famille Marcos et l’État philippin sont en effet toujours en procès. Sur le papier, les probabilités d’une victoire juridique de la famille de l’ancien dictateur sont maigres. Mais la surprise pourrait venir d’un arrangement à l’amiable.
Le droit philippin permet ce genre de compromis. Un partage des fonds entre Imelda, la veuve de l’ancien dictateur, et les autorités philippines n’est donc pas exclu.
Il permettrait au nouveau gouvernement de la présidente Gloria Macapagal de solder ce dossier et de tourner la page. A l’heure où l’économie philippine a bien besoin de retrouver le calme, cette mesure d’apaisement ne serait pas de trop.
Ironie de l’affaire, en cas de compromis, les fameux fonds Marcos pourraient servir à financer la carrière politique des rejetons de l’ancien dictateur.
L’une de ses filles est députée au Parlement. Son fils, Bongbong, est gouverneur de la province d’Ilocos Norte, bastion des Marcos. Sa veuve Imelda, qui a échoué dans ses candidatures passées à la présidence, puis à la mairie de Manille, pousse son fils à se présenter aux prochaines élections sénatoriales prévues en mai.
«Qu’une partie de cet argent finisse dans le budget électoral de la nouvelle génération Marcos serait une bien triste ironie», confesse un diplomate suisse. Les banquiers helvétiques, qui ont subi tant de pressions pour rétrocéder ces fonds, suivront avec un brin d’amertume ce possible retournement de l’histoire.
Jacques Flament, Manille
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