L’égalité pour les médecines alternatives?
L'initiative fédérale «Oui aux médecines complémentaires» a été lancée jeudi à Berne. Elle voudrait que la loi reconnaisse ces approches thérapeutiques au même titre que la médecine classique.
Et prétend du même coup freiner la hausse des coûts. Débats houleux en perspective.
Homéopathie, médecines chinoise, tibétaine ou indienne, acupuncture, naturopathie, phytothérapie, thérapie neurale…
Les partisans de ces différentes approches thérapeutiques ont présenté un projet d’initiative fédérale demandant l’inscription dans la Constitution d’un nouvel article qui exigerait, de la Confédération comme des cantons, «la prise en compte complète des médecines complémentaires, dans la limite de leurs compétences respectives».
Il s’agit de les «mettre sur un pied d’égalité» avec les méthodes thérapeutiques classiques. Et l’un des initiants, le docteur Hans-Ueli Albonico, d’invoquer la «liberté thérapeutique».
Le comité d’initiative, très majoritairement alémanique, et qui regroupe des professionnels de la santé, des représentants des patients et des assurances maladie ainsi que des parlementaires – demande à ce que les prestataires de soins alternatifs puissent pratiquer dans tous les cantons, même s’ils ne sont pas médecins.
Panachage helvétique
Actuellement la situation varie selon les cantons. Autorisés à Bâle-Ville, sous réserve de l’obtention d’un permis, les thérapeutes non-médecins sont interdits dans le canton voisin du Jura, relève Bruno Rösch, président de IG Naturheilkunde Suisse.
Se fondant sur le principe de «la pluralité des méthodes», les initiants demandent aussi que les médecines complémentaires soient proposées par les professionnels de la santé dans les hôpitaux et les cabinets médicaux. Dans ce cas, ils réclament une inclusion définitive de ces prestations dans la liste de celles admises par l’assurance maladie de base.
Le comité d’initiative se prononce en outre pour une inscription des médecines complémentaires dans les programmes de formation et de recherche médicale. En Suisse, seules deux chaires y sont consacrées: la chaire de naturopathie à l’université de Zurich et l’équipe collégiale pour les médecines complémentaires à l’université de Berne, a souligné Hans-Ueli Albonico.
Les initiants souhaitent également promouvoir une pharmacologie fondée sur les substances naturelles. Pour ce faire, ils demandent l’application stricte de la procédure simplifiée d’autorisation de mise sur le marché prévue dans la loi sur les produits thérapeutiques (LPTh).
Bagarre en perspective
Selon les partisans de l’initiative, toutes ces mesures permettront de maîtriser l’explosion des coûts de la santé.
Toutefois, il est intéressant de constater que cette action intervient alors que d’autres pays s’interrogent sur la validité de certaines médecines «complémentaires» et le bien-fondé de leur intégration dans les prestations de la sécurité sociale.
Ainsi, en France, l’Académie nationale de médecine a condamné récemment l’homéopathie comme «méthode obsolète dénuée de fondement scientifique».
«Il faudra exiger la démonstration d’activité de ces produits comme le font tous les laboratoires diffusant des médicaments en France», estimait-elle début septembre, soulignant que «les produits homéopathiques devraient être soumis au droit commun qui régit l’industrie pharmaceutique».
Des mesures selon elle déjà prises «en Italie, en Espagne, en Finlande, en Suède, en Norvège, en Irlande, et depuis tout récemment, fin 2003 en Allemagne».
Pour la majorité des tenants de la médecine classique, certaines «médecines complémentaires» relèvent sinon de la magie du moins, le plus souvent, de «l’effet placebo». Les positions étant pratiquement inconciliables, la controverse, en Suisse comme ailleurs, est programmée.
swissinfo et les agences
L’initiative fédérale «Oui aux médecines complémentaires» a été lancée jeudi à Berne.
Elle demande l’inscription dans la Constitution d’un nouvel article qui exigerait, de la Confédération comme des cantons, «la prise en compte complète des médecines complémentaires».
Le délai pour la récolte de signatures court jusqu’au 21 mars 2006.
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