Des perspectives suisses en 10 langues

L’armée du nouveau millénaire au fond des urnes

Avec Armée XXI, la durée du service militaire sera moins longue. Avec Armée XXI, la durée du service militaire sera moins longue.

La politique de sécurité est en chantier depuis des années. Mais le peuple est appelé à s'exprimer sur la réforme de l'armée et de la protection civile.

Les comités qui ont lancé les référendums craignent que la Suisse perde sa capacité défensive.

Le rapport du gouvernement sur la sécurité 2000, basé sur le principe de la «sécurité à travers la collaboration», a posé les bases de l’actuelle phase de réforme des forces armées, appelée Armée XXI.

Armée XXI répond aux rôles fondamentaux du gouvernement: le soutien international à la paix (dans le respect de la neutralité), la sécurité du territoire, l’engagement subsidiaire pour la prévention et la gestion des catastrophes.

Une cure d’amaigrissement



L’armée du prochain millénaire doit être beaucoup moins nombreuse qu’aujourd’hui. Les effectifs passeront de 360’000 hommes à 140’000 (plus une réserve de 80’000).

La durée du service militaire sera également moins longue. Pour les simples soldats et les sous-officiers, les obligations militaires seront achevées à 30 ans. Ils seront ensuite versés dans la réserve pendant quatre ans.

Une armée moins nombreuse implique une diminution de l’administration militaire. Il faut s’attendre à ce que 2000 des 12’500 postes de travail au sein du Département de la défense disparaissent. Les effectifs des arsenaux, par exemple, sont appelés à diminuer.

La flexibilité au cœur de la réforme



Ces diminutions d’effectifs devraient être compensées par l’acquisition de matériels «high tech». La philosophie de base est donc claire: l’armée suisse sera moins nombreuse, mais mieux équipée et plus efficace.

Les écoles de recrues plus longues, des cours de répétition annuels et davantage de professionnels pour la formation sont autant de mesures qui permettront aux soldats de maîtriser plus facilement l’évolution technique.

Armée XXI est par ailleurs conçue pour s’adapter aux différents dangers. L’armée montera en puissance au fur et à mesure que la menace se fera plus pressante.

Dans un premier temps, les militaires de métier et en service long seront suffisants. On pourra ensuite y ajouter les écoles de recrues, les militaires d’actives et, en dernier lieu, la réserve.

L’organisation même de l’armée est transformée. Les grandes unités territoriales ayant pour mission de défendre un secteur donné sont remplacées par les brigades beaucoup plus mobiles.

Un référendum extraparlementaire



Après de longues discussions, la réforme Armée XXI a été approuvée par le Parlement le 4 octobre 2002, malgré l’opposition d’une partie des socialistes, des démocrates du centre et d’une majorité des écologistes.

Parmi les députés, personne n’avait cependant émis l’idée de lancer un référendum. Mais, à la surprise générale, un comité de citoyens, en collaboration avec l’organisation de jeunesse Young4FUN.ch, y est parvenu.

Les adversaires s’opposent à la réforme pour trois raisons.

D’abord, ils estiment qu’Armée XXI, avec ses diminutions d’effectifs et l’abandon de la défense territoriale, n’est plus en mesure de défendre seule le territoire national.

Ils considèrent ensuite que le traditionnel système de milice est en danger. L’augmentation des effectifs des soldats professionnels et l’introduction d’un service long sont autant de signes qu’un abandon est programmé.

Enfin, Armée XXI met en danger la neutralité. A leurs yeux, l’armée suisse est de plus en plus sur le chemin d’une intégration dans l’OTAN, même si le gouvernement ne veut pas le dire clairement.

Les partisans de la réforme réfutent ces prétendues «intentions cachées». Pour eux, il faut prendre Armée XXI pour ce qu’elle est: une réforme qui vise à rendre l’armée suisse plus moderne et mieux adaptée aux réalités du temps.

Quant à la collaboration internationale, elle semble inéluctable. Une armée moderne ne peut en effet plus vivre en vase clos.

Les partisans de la réforme avancent enfin un argument économique pour faire passer leur projet. Une diminution de la durée du service et la fin des obligations militaires à 30 ans seront tout bénéfice pour les entreprises et les indépendants.

Référendum pour la protection civile



Parallèlement à Armée XXI, la réforme de la protection civile sera également soumise au vote du peuple le 18 mai.

Là encore, une réduction des effectifs est prévue (de 280’000 à 120’000). La coordination entre protection civile, police, pompiers, services sanitaires et techniques devrait en outre être améliorée.

Le comité qui a lancé le référendum – quasi le même que celui qui s’oppose à Armée XXI – estime que la réforme représente un démantèlement radical et préoccupant de la protection civile à un moment où la menace terroriste s’accroît.

swissinfo, Olivier Pauchard

Armée XXI en chiffres:

140’000 soldats d’active plus une réserve de 80’000 hommes au lieu de 360’000 soldats d’active aujourd’hui.
Une école de recrue de 18 ou 21 semaines au lieu de 15.
260 jours de service pour les simples soldats contre 300 aujourd’hui.
15% des recrues au maximum pourront effectuer leur service d’une traite (300 jours).
5000 militaires professionnels avec un contrat fixe ou temporaire contre 3450 aujourd’hui.

– Armée XXI marque la fin de quelques traditions militaires. Les régiments d’infanterie cantonaux (par exemple le rgt 7 fribourgeois ou le rgt 30 tessinois) sont dissous et leurs hommes intégrés dans d’autres formations.

– Les troupes cyclistes vont également disparaître.

– Il était également question de dissoudre toutes les troupes du train. Mais la mesure a suscité beaucoup de résistance, notamment parmi les éleveurs de chevaux du Jura. Quelques colonnes seront donc à terme conservées, mais devraient quitter l’infanterie pour être incorporées à des unités de logistique.

Les plus lus
Cinquième Suisse

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision