L’armée suisse va se serrer le ceinturon
Le ministère de la Défense et le chef de l’armée ont annoncé lundi des coupes drastiques dans le matériel, les infrastructures, la logistique et les emplois.
Le projet mis en consultation entraînerait la suppression plus de 2000 postes de travail et des économies annuelles de plusieurs centaines de millions de francs d’ici 2010.
On savait déjà depuis plusieurs mois que l’armée devrait économiser en raison des coupes budgétaires de la Confédération. Mais lundi à Berne, le ministre de la Défense Samuel Schmid et le chef de l’armée Christophe Kekeis ont cette fois présenté les conséquences pratiques de la réforme.
Moins d’aérodromes
La mesure la plus spectaculaire concerne les aérodromes militaires. Trois d’entre eux – Alpnach (Obwald), Dübendorf (Zurich) et Mollis (Glaris) – ne seront tout simplement plus exploités. Le démantèlement débutera dès l’an prochain et se poursuivra jusqu’en 2010.
Les avions ne voleront plus à Dübendorf. Cependant, l’état-major d’intervention, la direction des exploitations et le commandement d’école des Forces aériennes y demeureront.
La décision concernant l’aérodrome de Buochs (Nidwald) est moins radicale. Le site fonctionnera comme «base dormante» de l’armée, occasionnant des frais d’entretien limités.
Au final, l’armée entend conserver seulement cinq bases aériennes. Outre Emmen (Lucerne), elle continuera d’exploiter les aérodromes de Payerne (Vaud), Sion, Meiringen (Berne) et Locarno, qui servira d’emplacement d’instruction.
Cette réorganisation dans le déploiement des Forces aérienne fera disparaître 210 postes de travail net.
Batterie de mesures
Mais les économies ne touchent pas – et de loin – que l’aviation. Samuel Schmid et Christophe Kekeis ont annoncé toute une batterie d’autres mesures lors de leur présentation du nouveau concept de stationnement de l’armée.
Le reste de l’infrastructure d’engagement, celle d’instruction et celle de la logistique seront également mises à contribution. Dans ce dernier domaine, les 4000 postes de travail actuels doivent être ramenés à 3200 d’ici à fin 2007 et à 2200 d’ici à fin 2010.
En outre, la moitié des 600 places de tir de la Confédération sera supprimée d’ici à fin 2007. Les domaines de l’instruction et de la formation seront également touchés avec des réductions des infrastructures. D’ici à fin 2007, 52 camps de la troupe sur 130 vont disparaître.
Enfin, les contrats avec les arsenaux cantonaux seront résiliés au 31 décembre 2006 avec 460 collaborateurs touchés par cette mesure.
Ces différentes coupes devraient permettre des économies annuelles d’au moins 100 millions de francs jusqu’à fin 2007 et d’environ 240 millions de francs d’ici à la fin 2010.
Projets en consultation
Ces mesures, présentées aux directeurs cantonaux des affaires militaires et de la protection civile, ne sont pour l’heure que des projets. Les cantons ont maintenant jusqu’au 4 février 2005 pour faire connaître par écrit leur avis sur la question.
Une fois la procédure de consultation terminée, le ministère de la défense communiquera les sites retenus en milieu d’année et le gouvernement devrait approuver le plan sectoriel militaire en 2006.
Réactions
Pour l’heure, les mesures d’économie ont déjà provoqué de vives protestations dans les cantons alémaniques. Les régions concernées appellent leurs responsables politiques à se battre.
En revanche, du côté des gagnants (en Valais, à Lucerne et en Argovie), on se réjouit.
Pour sa part, l’Association du personnel de la Confédération (APC) juge «essentiel que le personnel touché par les redimensionnements de l’armée bénéficie de solutions conformes aux exigences sociales».
Dans un communiqué, elle souligne qu’il faut également tenir compte des intérêts des régions périphériques.
swissinfo et les agences
Le projet mis en consultation prévoit la suppression de:
– Plus de 210 emplois avec la fin de l’exploitation des bases aériennes d’Alpnach (OW), de Dübendorf (ZH), de Mollis (GL) et de Buochs (NW).
– 460 emplois avec la résiliation des contrats avec les arsenaux cantonaux.
– 1800 emplois dans la logistique, avec la suppression de la moitié des 600 places de tir de la Confédération ainsi que la disparition d’un centre de recrutement et de 52 camps de la troupe sur 130.
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