L’intégration préoccupe aussi les Suisses de Paris
Les élections fédérales ont été au centre d’une conférence du Nouveau Club Suisse, samedi à Paris. Trois des quatre partis gouvernementaux y étaient représentés.
Outre les thèmes traditionnels, l’intégration des étrangers et la controverse sur les affiches de l’Union démocratique du centre (UDC, droite nationaliste) ont beaucoup intéressé les Suisses de Paris.
La réunion, organisée dans un hôtel chic du 8e arrondissement, a attiré une trentaine de personnes. Toutes souhaitaient en savoir plus sur les enjeux des prochaines élections fédérales d’octobre.
«Le but de la rencontre est que les Suisses de Paris participent massivement à ces élections», a souligné Maya Nerini, fondatrice du Nouveau Club suisse et organisatrice de la manifestation.
Les représentants de trois partis gouvernementaux avaient fait le déplacement: la députée radicale (PRD, droite) Christa Markwalder Bär, le député socialiste Carlo Sommaruga et le Genevois Bernard Riedweg, candidat UDC à la Chambre basse du Parlement. La députée Martine Brunschwig Graf représentait quant à elle le Parti libéral (PLS, droite).
Difficile d’avoir des élus de l’étranger
L’assistance a profité de la présence de ces politiciens pour exprimer son souhait de voir les Suisses de l’étranger disposer de leurs propres représentants au Parlement. Mais les réponses des intervenants leur ont bien fait comprendre que ce n’était pas pour demain.
Il y a d’abord des difficultés pratiques. «Etre candidat est un travail à 50%, a relevé Bernard Riedweg. Il n’est pas sûr que des entreprises à l’étranger accordent les congés nécessaires.»
Des expatriés figurent sur les listes pour l’élection à la Chambre basse du Parlement. Mais, peu connus dans le pays, ils ont peu de chances d’être élus, sauf éventuellement à Zurich où un peu plus de 2% des voix permet déjà d’obtenir un siège.
Reste une autre possibilité: accorder aux Suisses de l’étranger des sièges à la Chambre haute. Mais là aussi, ce n’est pas envisageable dans un avenir proche.
«Cela pose des problèmes institutionnels, car, à la différence des cantons, les Suisses de l’étranger ne représentent pas un Etat souverain», a indiqué Martine Brunschwig Graf.
Il n’en reste pas moins que la représentation des expatriés est un thème sur lequel il faudra encore réfléchir. «Les Suisses de l’étranger représentent 10% de la population et ne sont pas représentés, alors que de très petits cantons comptent un ou deux sièges au Sénat», a relevé Christa Markwalder Bär.
Mauvaise volonté
L’autre grand souci des expatriés, c’est de pouvoir exercer plus facilement leur droits de citoyens grâce au vote électronique. Mais là aussi, ils devront encore patienter.
«Il me semble qu’il y a quelques personnalités dans l’administration qui ne sont pas intéressées à accélérer le mouvement», a confié Christa Markwalder Bär. «Il y a une réticence politique et administrative, a renchéri Martine Brunswick Graf. En effet, il existe une confusion avec le vote électronique aux Etats-Unis chez des gens qui n’y connaissent pas grand-chose.»
Par ailleurs, même si ces réticences étaient surmontées, il reste encore des problèmes techniques. «Les registres des électeurs sont tenus parfois par les cantons, parfois par les différentes communes qui n’ont pas toutes le même système. Unifier tout ça demandera beaucoup de temps», a averti Carlo Sommaruga.
Climat politique très dur
Les représentants de la gauche et de la droite traditionnelle ont profité de leur présence à Paris pour informer les expatriés du climat politique «très dur» qui règne actuellement en Suisse. Dans leur collimateur, l’UDC, bien sûr, et plus particulièrement son affiche représentant des moutons blancs boutant un mouton noir hors du pays.
«Ces affiches ne sont pas dirigées contre des personnes de couleur noire, mais contre les personnes qui commettent des délits, s’est défendu Bernard Riedweg. Certes, nous sommes extrêmes avec ces affiches, mais nous voulons montrer qu’il y a un problème latent. L’UDC dit tout haut ce qu’une majorité de Suisses pense tout bas.»
Ces arguments n’ont guère réussi à convaincre ses collègues. «Dire que ces affiches ne visent pas les personnes de couleur, c’est prendre les électeurs pour des imbéciles», a rétorqué Carlo Sommaruga.
«L’UDC investit des millions dans ces affiches qui ne servent qu’à diffuser des pensées négatives; cela nuit à l’image de la Suisse», a renchéri Christa Markwalder-Baer. La preuve, le journal britannique «The Independent», vient juste d’en faire sa une.
Quant à l’assistance, elle s’est montrée partagée. En France comme en Suisse, l’intégration des étrangers et le sort des criminels étrangers divise les esprits.
645’010 Suisses vivent hors des frontières nationales.
Parmi eux, 111’249 sont inscrits sur les registres électoraux.
Les Suisses de France représentent la plus grande communauté d’expatriés (171’732).
33’116 Suisses de France sont inscrits sur les registres électoraux.
Le Nouveau Club Suisse a été fondé il y a quatre ans par Maya Nerini.
Il compte déjà 47 membres.
Les membres sont âgés de 25 à 70 ans et exercent une activité professionnelle à Paris.
Le Nouveau Club Suisse organise chaque mois des conférences sur les thèmes les plus divers. La prochaine traitera des origines suisses de la Banque de France.
Le Nouveau Club Suisse fait partie de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).
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