La 5e Suisse veut donner de la voix sur Internet

Keystone

Le Conseil des Suisses de l'étranger réuni à Berne a réclamé samedi l'introduction du vote électronique au plus tard d'ici aux élections de 2011.

Pour celles de l’automne, il a exigé dans la même résolution l’envoi du matériel de propagande des partis à tous les électeurs du dehors.

«La participation politique ne se borne pas à voter. Il faut une présence physique dans la campagne, et des candidats. Il est minuit moins une!», lance Georg Stucky, président de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

S’il reste difficile de mettre la main sur des candidats – et plus encore de les faire élire – la participation des Suisses du dehors à la campagne et aux élections fédérales d’octobre revêt «une grande importance» aux yeux des représentants de la 5e Suisse.

D’où la résolution, plébiscitée par les 120 membres présents, qui exige un matériel de propagande des partis pour tous. Ce qui n’est pas le cas pour les Bernois ou les Argoviens du dehors, par exemple.

Pour permettre aux Suisses de l’étranger (111’000 inscrits aux registres électoraux) de participer à la «lutte» et les pousser à «défendre leurs intérêts», l’OSE a monté un véritable arsenal: appel au vote en collaboration avec les quatre partis gouvernementaux, forum électoral en partenariat avec swissinfo, plateformes électorales à Vienne, Nuremberg ou Monaco, etc.

L’OSE bat aussi la campagne avec un manifeste électoral à l’intention des candidats. Un manifeste qui liste toute une série de requêtes touchant à la politique, à la formation, à la présence de la Suisse à l’étranger ou à la mobilité.

E-voting et cyberadministration

Directement lié à l’expression des Suisses de l’étranger, le vote électronique, et plus largement, la cyberadministration, ont aussi beaucoup fait parler samedi.

Dans sa résolution, le conseil réclame que l’e-voting soit devenu réalité d’ici aux prochaines élections fédérales de 2011. Ce qui n’est pas gagné d’avance.

L’ambassadeur Markus Börlin ne voit pas cette introduction avant 2010-2011. «Une accélération doit se faire au niveau fédéral mais aussi cantonal», plaide le chef de la division politique VI du DFAE.

La cyberadministration, et en particulier l’administration consulaire virtuelle (comme en France) intéresse aussi l’OSE, qui souhaite creuser cette piste.

L’idée consiste à traiter sur internet les tâches consulaires administratives – dans un premier temps. Cela étant, la «rapide érosion» du réseau des représentations consulaires suisse reste un souci majeur du président de l’OSE et de ses membres.

Suisses de l’étranger auprès du pape

«86% des gardes suisses sont inscrits dans les registres électoraux, a par contre pu se réjouir Georg Stucky. C’est un record parmi les Suisses de l’étranger!» Une troupe de 110 gardes, que leur commandant est venu présenter à Berne.

Elmar Mäder a saisi cette occasion pour préciser les modalités d’engagement au sein du corps, après une polémique lancée par le quotidien «Blick», reprise dans la presse allemande.

Entre autres exigences, il faut pour devenir garde suisse «s’identifier pleinement à la Suisse. Pas uniquement au moyen du passeport, mais à travers un rapport étroit», explique Elmar Mäder.

Autrement dit, le profil personnel et la proximité culturelle et identitaire sont déterminants. Les Suisses de l’étranger ne sont donc pas exclus a priori, comme le laissait penser la polémique.

Les membres du conseil ont ainsi obtenu leur réponse. Commentaire de Rudolf Wyder, directeur de l’OSE: «Les explications d’Elmar Mäder me semblent tout à fait rassurantes.»

swissinfo, Pierre-François Besson

Le Conseil des Suisses de l’étranger

Ce conseil (CSE) est l’organe suprême (parlement) de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Il défend les intérêts de tous les Suisses expatriés face aux autorités et à l’opinion publique en Suisse.

Le CSE se réunit deux fois l’an – dont une fois en même temps que le Congrès annuel des Suisses de l’étranger – pour examiner et prendre position sur les questions politiques touchant la Cinquième Suisse.

Le Conseil est composé de 130 représentants des communautés suisses
du monde entier et de 40 membres de l’intérieur.

Suisses à l’étranger

A fin décembre, 645’010 citoyens suisses vivaient à l’étranger. Une augmentation de 10’794 personnes (1,7%) en un an. Depuis 2000, la Cinquième Suisse a gonflé de 11.1%.

La majorité des Suisses de l’étranger – 390’182 – vivent dans l’Union européenne. La plus grande communauté est en France (171’732). Suivent l’Allemagne (72’384) et l’Italie (47’012).

Hors Europe, les Suisses sont les plus nombreux aux Etats-Unis (71’984), au Canada (36’374), en Australie (21’291), en Argentine (15’061), au Brésil (13’956), en Israël (12’011) et en Afrique du Sud (8’821).