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La Cinquième Suisse bande ses muscles

Le Parlement de la Cinquième Suisse s'est décidé à la quasi-unanimité. swissinfo.ch

Samedi à Berne, le Conseil des Suisses de l’étranger a choisi de miser sur le lobbying et l’information pour accroître la représentation politique des 600'000 Suisses du dehors.

Les 70 membres présents ont tiré un trait sur l’idée d’un statut collectif spécial et institutionnalisé.

Un canton virtuel pour les électeurs suisses de l’étranger? Leur concentration dans un seul canton? Des sièges réservés à l’assemblée fédérale? Un organe consultatif élu au suffrage direct? Rien de rien.

A la quasi-unanimité, le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE) a estimé que ces pistes n’étaient pas praticables. Principal argument: elles impliquaient des modifications constitutionnelles tout en induisant des inégalités de traitement entre Suisses du dehors et du dedans.

La défense des intérêts et préoccupations de la Cinquième Suisse passe donc par un renforcement du système actuel, a décidé le Conseil.

Etant entendu aussi que «le poids politique des Suisses de l’étranger ne correspond pas encore à l’importance et à l’apport réels de la diaspora suisse».

Un groupe parlementaire

A Berne par exemple, un groupe parlementaire branché sur les questions touchant la Cinquième Suisse est pratiquement constitué. Une vingtaine de députés de tous bords sont de la partie.

«Il faut faire réaliser aux élus l’importance économique considérable que représentent les Suisses de l’étranger», a martelé le conseiller national Yves Guisan.

De son côté, l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) va redoubler ses efforts de lobbying politique. Elle souhaite aussi se donner les moyens de déposer des initiatives.

Il faudra pour cela franchir la barre des 100’000 électeurs de l’étranger inscrits sur un registre électoral. Avec 90’000 à fin 2003, elle n’est pas loin du compte.

Sur la légitimité démocratique

Invité du CSE, Max Frenkel a tenu le rôle attendu de sa part, celui de bouffon du roi déclaré.

«D’un point de vue démocratique, les droits politiques accordés aux Suisses de l’étranger sont une erreur», a ironisé l’ex-éditorialiste de la Neue Zürcher Zeitung. Participer implique de subir tous les jours les effets de ses décisions».

C’est bien le cas, lui a rétorqué Georg Stucky, président de l’OSE. «Les Suisses de l’étranger sont notamment touchés par les décisions liées aux assurances sociales et au fisc!»

Et pour mieux accroître l’influence des expatriés, les représentants de la Cinquième Suisse parient sur le vote électronique. Qui devrait faire gonfler la population des votants.

«La démocratie suisse en a besoin, a lancé Georg Stucky, et demain plutôt qu’après-demain».

Ce sera plutôt vers 2010, lui a expliqué le chef du Service des Suisses de l’étranger au Département fédéral des Affaires étrangères, arguments techniques et institutionnels à l’appui.

Craintes concernant l’e-voting

Reste que «l’OSE travaille avec la Chancellerie fédérale afin que le e-voting soit ouvert aux Suisses de l’étranger dès son introduction sur le plan national», a précisé Peter Sutter.

Ces propos n’atténuent guère la crainte de voir le dossier être progressivement gelé à l’échelle fédérale, a relevé en aparté Claudine Gobat, en charge de la communication à l’OSE.

Or, l’e-voting, c’est aussi l’espoir pour les expatriés de parvenir enfin à placer l’un des leurs sous la coupole fédérale. A deux doigts de cet exploit en 99, ils ont dû déchanter lors des dernières élections fédérales d’octobre 2003.

Georg Stucky n’en estime pas moins que la Cinquième Suisse sort renforcée de ces élections, au vu de l’écho médiatique rencontré, des candidatures multiples, des nombreux contacts avec les partis politiques.

Pour le président de l’OSE, un nouveau signe positif vient du reste d’être donné dimanche dernier à St-Gall, avec l’élection d’un expatrié au parlement cantonal…

Un fond pour les cas de rigueur

Durant ce congrès, il a également été question des Suisses d’Argentine. Un pays où la situation s’améliore pour beaucoup, mais dont les cas de rigueur pourront bénéficier d’un nouveau fond d’aide dès le début de l’été.

Ce n’est pas tout. Le CSE a réaffirmé samedi sa position de principe dans le cadre de la révision de la loi fédérale sur la radio et la télévision.

A savoir que la Confédération doit assumer définitivement la moitié des coûts de swissinfo, en tant que média voué aux Suisses du dehors.

swissinfo, Pierre-François Besson

Le Conseil des Suisses de l’étranger est le parlement de la Cinquième Suisse.
Il est composé de 68 membres des communautés suisses du monde entier et de 23 membres de l’intérieur.
Organe suprême de l’Organisation des Suisses de l’étranger, il siège deux fois pas an.
Porte-parole reconnu par les autorités, il défend les intérêts des expatriés et prend position sur les questions politiques les concernant.

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