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La controverse est relancée

A l'origine de la Fondation Suisse solidaire, l'ex-ministre de la justice Arnold Koller se dit déçu mais pas très surpris.

Les réactions sont vives dans la classe politique. Qui se déchire toujours sur l’utilisation de l’or excédentaire de la BNS.

Le résultat des votes n’a fait que raviver la controverse. Les principaux acteurs de la scène politique, des milieux économiques et syndicaux sont presque tous montés au front pour revendiquer quelques onces d’or à distribuer ici et là.

Premier exemple, celui du député Christoph Blocher (UDC) qui crie victoire. Pour le tribun zurichois, le résultat des votations montre que la Suisse n’a pas voulu céder à un chantage sur l’or excédentaire de la Banque nationale suisse (BNS).

Proposition de Christoph Blocher

Il estime qu’avec un double non aux deux objets sur l’or, l’Union démocratique du centre (UDC) a atteint son objectif principal: «l’ineffable fondation de solidarité ne pourra pas se réaliser».

Le conseiller national Christoph Blocher déplore qu’on ne sache pas encore aujourd’hui à quel usage consacrer ces réserves d’or excédentaires. Malgré cela, le «bon résultat» de l’initiative montre que l’AVS reste une solution envisageable.

Il a, ainsi, annoncé que l’UDC va proposer de verser deux tiers des réserves à l’AVS et un tiers aux cantons. Il considère que cette solution est la plus équilibrée car elle profitera au plus grand nombre et ne conduira à aucun gaspillage.

Plus aucun avenir à une fondation

Pour sa part, Arnold Koller n’a pas caché sa déception. Tout comme pour le président de la Confédération Kaspar Villiger et le conseiller fédéral Moritz Leuenberger.

Tous estiment que l’insécurité qui règne actuellement n’est pas étrangère au triple non du peuple. «Dans une telle situation, on pense d’abord à soi avant de se montrer solidaire», précise encore Arnold Koller, l’ancien ministre de la justice.

Arnold Koller, qui avait lancé l’idée de la création d’une fondation le 5 mars 1997 à la tribune du Conseil national, ne se fait plus d’illusion sur l’avenir d’une fondation.

«Il faut être réaliste: elle est enterrée sous cette forme. Mais peut-être que quelques idées reviendront».

Un fonds pour la formation et la recherche

Pour sa part, la gauche est sortie de ses gonds. «L’UDC et le PRD ont torpillé la solidarité», dénonce de le parti socialiste (PS). Ce dernier déplore ainsi que l’UDC ait «atteint son objectif caché de couler la Fondation Suisse solidaire».

Le PS rappelle l’existence de son initiative populaire «Les bénéfices de la banque nationale pour l’AVS» qui aurait déjà réuni les 100 000 signatures requises et qui doit être déposée le 9 octobre prochain à Berne.

Pour éviter que des propositions fusent dans tous les sens, la présidente du PS Christiane Brunner pense que «les partis ont intérêt à se mettre autour d’une table».

Le PS milite pour que les intérêts provenant des réserves d’or excédentaires profitent aux entreprises suisses. Un fonds pourra soutenir les efforts en matière de formation et de recherche, contribuant à la création d’emplois.

«De la poudre aux yeux»

«Par cette initiative, le parti en constante opposition voulait jeter de la poudre aux yeux de la population de notre pays qui, une nouvelle fois, a désavoué sa politique», écrit le parti démocrate-chrétien (PDC) dans sa prise de position.

Le PDC pense que, pour éviter «des querelles sans fin», il faut reprendre les points incontestés, à savoir que les cantons devraient toucher un tiers de ces réserves et le reste servir des objectifs en matière de politique financière et familiale.

Augmenter les allocations des enfants

L’Union syndicale suisse (USS) et la Confédération des syndicats chrétiens (CSC) considèrent que le double non du peuple suisse n’est pas un «rejet de la solidarité».

L’USS a annoncé qu’elle se battra pour que cet or «soit mis à disposition de l’AVS à titre de réserves pour des temps difficiles». Alors que la CSC demande que ces réserves soient utilisées pour augmenter les allocations pour enfants.

«Presque 250.000 enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté en Suisse», rappelle son président, le conseiller national Hugo Fasel (PCS/FR).

Une solution «constitutionnelle

Le Parti libéral suisse (PLS), seul parti à avoir préconisé le double non, a accueilli avec satisfaction le fait que le peuple et les cantons aient répondu à son attente.

Les libéraux sont d’avis que l’article de la Constitution fédérale, selon lequel le bénéfice de la BNS doit être attribué pour un tiers à la Confédération et pour deux tiers aux cantons, «doit être respecté et appliqué dans toute son amplitude».

C’est également l’avis de l’organisation faîtière «economiesuisse» qui considère comme «irresponsable d’entamer une nouvelle bataille».

Le parti radical-démocratique suisse (PRD) lui emboîte le pas en soulignant qu’après le vote de dimanche, il ne peut plus être question de verser ces réserves d’or à l’AVS ou à une fondation de solidarité.

swissinfo avec les agences

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