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La Croix-Rouge accepte le nouvel emblème

La Suisse a beaucoup oeuvré pour l'adoption de ce nouvel emblème. Keystone

A Genève, les délégués de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont adopté les nouveaux statuts du mouvement et accepté le cristal comme troisième emblème.

Le mouvement humanitaire va pouvoir accueillir les organisations de secours israélienne et palestinienne, surmontant des divisions politiques vieilles de 60 ans.

Entamée mardi 20 juin, à Genève, cette 29e Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’est prolongée jusque très tard dans la nuit de mercredi à jeudi.

C’est peu après une heure du matin que les 1200 délégués des 183 sociétés nationales et les représentants d’une centaine d’Etats ont finalement adopté le cristal rouge comme troisième emblème, aux côtés de la croix et du croissant.

La majorité des deux tiers était requise pour ce vote historique. Elle a été largement atteinte, avec 237 Etats et sociétés pour, 54 contre et 18 abstentions.

Considéré comme neutre, le cristal – un carré rouge posé sur sa pointe – pourra être utilisé dans les régions où l’assimilation de la croix ou du croissant à la chrétienté ou à l’islam pose problème. Concrètement, les Israéliens pourront placer leur propre symbole au centre de ce fameux cristal.

Israéliens et Palestiniens

Ce vote a donc aussitôt ouvert la porte du mouvement au Magen David Adom (MDA), la société de secours israélienne fondée dans les années 30, avant même la naissance de l’Etat hébreu.

L’adhésion du MDA met fin à des décennies d’isolement dues à son refus d’utiliser les emblèmes traditionnels du mouvement, la croix et le croissant.

Parallèlement, la Conférence a également admis au sein du mouvement le Croissant-Rouge palestinien. Pour ce faire, elle a consenti à une exception à la règle qui veut que toute société adhérente doive émaner d’un Etat souverain.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est félicité de l’issue de la Conférence. Selon l’organisation humanitaire, l’accord intervenu à Genève facilitera la coopération entre le Croissant-Rouge palestinien et le MDA sur le terrain.

Les débats n’en ont pas moins été vifs. Notamment autour d’un amendement proposé par les pays musulmans, qui souhaitaient une référence à l’occupation israélienne de territoires arabes depuis la guerre de 1967. Mais cette demande a été repoussée par 191 voix contre 72.

La satisfaction de la Suisse

Le cristal rouge est donc désormais à la disposition de toute société nationale de secours qui ne désire pas utiliser la croix ou le croissant.

Le CICR, la Fédération internationale et les sociétés nationales pourront utiliser le cristal rouge à titre temporaire et dans des circonstances exceptionnelles.

Toutefois, aucun Etat ni société nationale n’est tenu de changer l’emblème qu’il utilise. De même, le CICR et la Fédération ne modifieront ni leurs noms ni leurs emblèmes respectifs, ont précisé ces institutions.

Très ative sur cette question depuis plusieurs années, la Suisse a salué jeudi l’issue positive de la conférence, malgré l’absence de consensus.

Le nouvel emblème, neutre sur les plans politique, religieux et culturel, va renforcer la protection des victimes des conflits, conclut le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE).

swissinfo et les agences

– La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge regroupe plus de 180 sociétés nationales. Avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), elle forme le mouvement international de la Croix-Rouge.

– La Suisse est dépositaire des Conventions de Genève, qui fondent le droit humanitaire international et le mouvement de la Croix-Rouge. Son emblème a été officiellement approuvé en 1864 à Genève, un an après la création du CICR.

– Le Croissant-Rouge a été introduit pour les volontaires du CICR originaires de l’Empire Ottoman lors de la guerre russo-turque de 1876-78. Cet emblème a été officiellement approuvé en 1929 et adopté par 25 Etats musulmans.

– Depuis 1949, les autorités israéliennes revendiquaient un emblème portant l’étoile de David. Le mouvement a finalement décidé d’en proposer un nouveau, libre de connotations nationale, culturelle, religieuse, politique ou ethnique: le cristal rouge.

– En décembre 2005 à Genève, une conférence diplomatique organisée par la Suisse a adopté le nouvel emblème. Il fallait encore que les deux tiers des 183 sociétés nationales et des 192 Etats parties aux Conventions l’approuvent. Ce qui est désormais chose faite.

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