La gauche s’impose dans le canton de Berne

Les socialistes Barbara Egger-Jenzer et Andreas Rickenbacher laissent éclater leur joie. Keystone

L'exécutif bernois a basculé à gauche dimanche lors des élections cantonales qui ont vu l'alliance rose-verte empocher quatre sièges sur sept.

La droite a également perdu la majorité absolue au Parlement (Grand Conseil) dont l’effectif a été réduit et qui enregistre une avancée des Verts.

Dix-neuf candidats étaient en lice pour décrocher l’un des sept sièges au gouvernement du canton de Berne ce week-end.

Quatre sortants ne se représentaient pas alors que l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) – premier parti du canton – visait la majorité absolue en présentant quatre candidats. Essayé, pas pu.

La lutte a été longtemps indécise entre les candidats de la gauche et de l’entente bourgeoise. C’est la ville de Berne qui a finalement fait pencher la balance.

Et c’est au contraire l’alliance rose-verte qui renverse la tendance de la dernière législature en s’octroyant quatre des sept sièges gouvernementaux. Ceci grâce à la percée de l’écologiste Bernhard Pulver (85’299 voix).

Les grands perdants de cette élection sont l’UDC et les radicaux (PRD / droite) qui se sont fait ravir chacun un siège.

Quatre contre trois

La composition du nouveau gouvernement est donc de 3 socialistes, un Vert, deux UDC et un radical. La gauche n’avait plus été majoritaire depuis la législature 1986-1990.

La conseillère d’Etat socialiste Barbara Egger-Jenzer arrive en tête (97’444 voix), devançant les deux autres sortants, les UDC Urs Gasche et Werner Luginbühl.

Le seul radical élu, Hans-Jürg Käser, arrive en 6e position. Il est pris en sandwich entre les deux socialistes Andreas Rickenbacher et Philippe Perrenoud.

Quatre candidats francophones entendaient succéder au radical Mario Annoni et bénéficier du siège garanti au Jura bernois (francophone) par la Constitution bernoise. Contrairement aux attentes qui voyait une UDC se placer, c’est donc le socialiste Philippe Perrenoud qui occupera ce siège.

Séisme autonomiste

Reste qu’en ne tenant compte que des voix du Jura bernois, l’autonomiste Maxime Zuber a obtenu le meilleur résultat des quatre francophones en course. Un véritable séisme politique sachant que ce dernier se bat pour que sa région sorte du canton de Berne.

«C’est un résultat historique», exulte Maxime Zuber, relevant que c’est la première fois qu’un candidat autonomiste devance un anti-séparatiste.

«Ce résultat illustre une véritable évolution des esprits», explique le maire de Moutier, lequel estime à présent être le porte-parole du Jura bernois.

Maxime Zuber a obtenu dans les trois districts 4900 voix, soit plus de 1000 d’avance sur le socialiste Philippe Perrenoud (3672). La candidate UDC Annelise Vaucher a recueilli 3324 voix.

Sur l’ensemble du canton, Maxime Zuber n’obtient en revanche que 5980 suffrages contre 79’251 à l’élu Philippe Perrenoud.

Le Grand Conseil ausssi

L’UDC et le PRD ont également enregistré un revers au Grand Conseil (parlement) où ils ont perdu la majorité absolue. Ils ne détiennent plus que 73 sièges sur les 160. Mais, avec le soutien de petites formations, la droite dispose encore d’une majorité qui peut toutefois fluctuer selon les affaires à traiter.

Dans le Jura bernois, le Parti socialiste autonome est devenu dimanche la principale force politique. Il compte 3 députés sur les 12 que le Jura bernois envoie au Grand Conseil. Les Verts font leur entrée au sein de la députation francophone.

Globalement, les démocrates du centre ont subi une érosion de 4,1 points, leur force électorale passant de 33,5 à 29,4%. Ce parti reste cependant le plus fort du législatif. L’électorat du PS passe de 29 à 26,3%, celui du PRD de 18 à 16,3%.

Les Verts et le PEV sortent grands gagnant des urnes. La force électorale des écologistes a augmenté de 7,5 à 11,9%, celle des Evangéliques s’est accrue de 5,5 à 8,1%. L’Union démocratique fédérale (UDF) tire aussi bien son épingle du jeu avec une hausse à 3,8%.

Ces résultats s’expliquent en partie par la nouvelle découpe des cercles électoraux: on s’attendait à ce qu’elle profite aux petites formations, a indiqué le politologue Werner Seitz. La contreperformance de l’UDC et du PRD au gouvernement s’est également répercutée au Grand Conseil.

Le parti de l’extrême droite nationaliste PNOS est encore loin d’entrer au parlement. Il n’a totalisé que 1,6% des voix du cercle électoral de la Haute-Argovie, soit la moitié de l’électorat nécessaire pour décrocher un siège au Grand Conseil.

Complémentaire en Appenzell

Autre élection ce week-end, à Appenzell Rhodes-Extérieures où, après trois ans d’absence, la gauche fait son retour au gouvernement. Le parti socialiste récupère le fauteuil qu’il occupait auparavant depuis 1913.

Le socialiste Matthias Weishaupt a été élu dimanche au second tour de l’élection complémentaire pour succéder à la radicale Alice Scherrer, qui quitte ses fonctions à fin mai.

Le gouvernement sera ainsi composé de quatre radicaux, deux UDC et un socialiste.

Avec 7571 voix, le bibliothécaire cantonal a obtenu 2392 suffrages de plus que l’indépendante Edith Heuscher-Beeler. La participation a atteint 36,7%.

swissinfo et les agences

Faits

Composition du Grand Conseil:
Union démocratique du Centre 47 sièges
Parti socialiste 42
Parti radical 26
Verts 19
Parti évangélique 13
Union démocratique fédérale 6
Démocrates Suisses 1
PDC 1
Parti autonomiste 3
Entente 1
Parti de la Liberté 1

En bref

Les membres du nouveau gouvernement bernois:
Barbara Egger-Jenzer (PS) 97’444 voix.
Urs Gasche (UDC) 94’917 voix.
Werner Luginbühl (UDC) 91’568.
Nouveaux venus:
Bernhard Pulver (Verts) 85’299 voix.
Andreas Rickenbacher (PS) 84’745 voix.
Hans-Jürg Käser (PRD) 80’793 voix.
Philippe Perrenoud (PS) comme représentant du Jura bernois, 79’251 voix.
Participation: 29,7%.