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La libre circulation des personnes plébiscitée

Keystone

En acceptant la reconduction et l'extension de l'accord sur la libre circulation des personnes, les Suisses ont confirmé leur attachement à la poursuite de la voie bilatérale avec l'Union européenne. L'ampleur du score le démontre. Analyse.

Les sondages et les médias avaient prédit un résultat certes positif, mais particulièrement serré. Au final, force est de constater qu’il n’en est rien. Avec un score de pratiquement 60%, les Suisses ont donné un consentement appuyé à la reconduction et à l’extension de l’accord de libre circulation des personnes et, ce faisant, à la poursuite des accords bilatéraux.

Pas vraiment une surprise

Ce résultat positif ne constitue pas réellement une surprise. En effet, au fil des ans, les citoyens ont à plusieurs reprises déjà confirmé la politique de rapprochement que la Suisse mène par rapport à l’UE (accords de Schengen/Dublin, première extension de la libre circulation aux dix nouveaux membres de l’UE, etc.).

Les Suisses passent pour un peuple pragmatique. Et une fois de plus ils l’ont prouvé. Ils ont en effet préféré continuer sur une voie bilatérale qui a déjà fait ses preuves depuis bientôt dix ans plutôt que de risquer de ruiner les relations avec l’UE en vertu de la fameuse clause dite «guillotine».

Il est vrai que les partisans de la libre circulation des personnes – tant en Suisse que du côté de l’UE – ne s’étaient pas privés de faire planer le spectre d’une rupture des relations. Bruxelles avait d’ailleurs été clair: un refus de l’accord de libre circulation des personnes aurait rendu caduc l’ensemble des sept accords bilatéraux (Bilatérales I) au terme d’une période de six mois.

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Une crise pas très concrète

Ce qui aurait en fait pu changer la donne, c’est l’actuelle crise économique. Face au marasme de l’économie, la libre circulation des travailleurs européens en Suisse aurait pu faire peur. Mais finalement, les Suisses ne semblent guère avoir été sensibles à cet argument, d’autant que cette crise relève pour l’heure d’une peur diffuse qui n’a pas encore frappé le porte-monnaie du citoyen lambda.

A gauche comme à droite, les partisans de l’accord n’ont toutefois pas ménagé leurs efforts pour prouver que les travailleurs étrangers ne menaçaient pas les emplois et les salaires des Suisses. Chiffres à l’appui, ils ont démontré que les mesures d’accompagnement ont en grande partie permis d’éviter le «dumping salarial» causé par l’abondance de main-d’œuvre étrangère.

Par ailleurs, la crainte que l’extension de l’accord ne provoque une arrivée massive de Roumains et de Bulgares, comme le laissaient entendre les adversaires, n’a pas davantage convaincu.

La même menace avait en effet été brandie lors de l’extension de l’accord à huit autres pays de l’Est et rien ne s’est passé. La libre circulation a certes provoqué un afflux de travailleurs allemands ou français, mais jusqu’à présent, Polonais, Tchèques et autres Lettons ne semblent pas avoir succombé en masse aux sirènes de la douce Helvétie.

Nette défaite pour la droite nationaliste

Le résultat de dimanche constitue une nette défaite pour l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) qui, après quelques hésitations, avait fait campagne contre la reconduction et l’extension de l’accord de libre circulation.

L’UDC n’a une nouvelle fois pas réussi à forcer la décision. Et au fil des défaites dans le dossier européen, son exploit de 1992 – elle avait alors réussi à faire victorieusement campagne contre l’entrée de la Suisse dans l’Espace Economique Européen (EEE) – ne semble de plus en plus qu’un lointain souvenir.

Certes, pratiquement seule face au reste de la classe politique, au monde économique et au gouvernement, l’UDC n’avait que fort peu de chances d’emporter le scrutin. Mais force est de constater que ses arguments sont de moins en moins suivis par la population.

En 2005, lors des votes sur les accords de Schengen/Dublin et sur l’extension de la libre circulation à dix nouveaux Etats de l’EU, l’UDC réussissait encore à convaincre environ 45% des citoyens. Pour elle, le résultat de ce dimanche – avec 40,4% de refus – constitue donc un recul.

Une idée qui fait son chemin

Comme de coutume, la Suisse romande s’est prononcée très largement en faveur d’un rapprochement avec l’UE. Et comme de coutume aussi, les zones italophones s’y sont montrées très majoritairement hostiles.

C’est donc surtout en Suisse alémanique que l’idée bilatérale fait de plus en plus son chemin au fil des votations. Ce dimanche, seuls trois cantons alémaniques, ont finalement basculé dans le camp des opposants. Pour mémoire, ils étaient encore six à refuser l’extension de la libre-circulation en 2005.

Avec le vote de dimanche, le peuple suisse a donc accentué son soutien à la politique bilatérale avec l’UE. Un soutien d’autant plus convaincant qu’un électeur sur deux s’est rendu aux urnes.

swissinfo, Olivier Pauchard

59,6% des votants ont accepté la reconduction et l’extension de l’accord de libre circulation des personnes avec l’UE.
Au niveau cantonal, seul 4 cantons (Tessin, Schwytz, Glaris et Appenzell Rhodes-Extérieures) ont refusé.
Le taux de participation a atteint 50,9%.

Signé en 1999, l’accord de libre circulation des personnes avec l’UE était limité à une période d’essai de 10 ans. Il était donc nécessaire de le reconduire pour une période illimité.

Parallèlement à la reconduction, la Suisse devait également se prononcer sur l’extension de cet accord aux deux derniers Etats entrés dans l’UE, la Roumanie et la Bulgarie.

Ces deux aspects bien distincts faisaient l’objet d’une seule et même question.

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