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La Libye hausse encore le ton envers la Suisse

Khalid Kaaim, secrétaire général des affaires étrangères de Libye (à g.), et Abdelati al-Obeidi, chargé des affaires européennes, en conférence de presse jeudi à Tripoli. Keystone

Tripoli a maintenu jeudi sa demande d'excuses de Berne et exigé aussi que les responsables de l'arrestation en juillet à Genève du fils du colonel Kadhafi soient sanctionnés. Dans cette affaire, l'avocat genevois Charles Poncet défend la Libye contre la Suisse.

Depuis le début de la crise, les autorités de Tripoli exigent des excuses de la Confédération pour les méthodes, trop musclées selon elles, de la police genevoise.

Accusé de mauvais traitements sur deux domestiques, Hannibal Kadhafi et sa femme avaient été arrêtés le 15 juillet à Genève puis libérés sous caution.

Désormais, la Libye réclame aussi que la Suisse prenne des mesures pour sanctionner les responsables de cette arrestation, jugée trop musclée, et indemniser Hannibal Kadhafi et sa famille.

Enquête par un comité mixte

«Ce que nous voulons en premier lieu c’est que justice soit faite et que les responsables soient sanctionnés», a déclaré jeudi soir à Tripoli le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères chargé des affaires européennes, Abdelati al-Obeidi, cité par l’AFP.

Le haut diplomate a estimé que les demandes de son pays n’étaient pas «une réaction d’humeur mais fondées sur les résultats d’enquête et des faits réels». Il a précisé qu’un comité juridique mixte avait été formé par les deux pays afin d’enquêter sur les circonstances de l’arrestation.

De son côté, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n’a pas souhaité s’exprimer sur l’existence de ce comité mixte, rappelant que les discussions avec Tripoli étaient «difficiles», mais qu’elles se poursuivaient.

La Libye défendue par un avocat suisse

Par ailleurs, l’avocat genevois Charles Poncet a révélé mercredi qu’il défend la Libye contre la Suisse dans cette affaire. Dans un entretien publié par le quotidien «Le Temps», L’ancien parlementaire libéral, qui a siégé à Berne de 1991 à 1995, ne voit pas pourquoi il aurait des scrupules à défendre la Libye contre son propre pays.

«J’exerce mon métier d’avocat en toute indépendance. Je défends aujourd’hui la Libye avec autant de conviction que j’ai plaidé une autre fois contre des révisionnistes», affirme-t-il.

Me Poncet affirme que le fameux comité ad hoc indépendant a siégé sept fois à l’ONU à Genève en août et septembre. «Le Temps» a ajouté qu’il croyait savoir que ce comité est composé de deux juristes, dont le Suisse Lucius Caflisch, ancien juge à la Cour européenne des droits de l’homme et élu en 2006 à la Commission du droit international des Nations unies.

«Je ne comprends pas l’attitude de Berne»

Dans une autre interview, publiée jeudi par «Le Matin», l’avocat genevois a critiqué le gouvernement helvétique pour sa gestion de la crise. Il estime que les deux ressortissants suisses retenus à Tripoli en représailles à l’arrestation d’Hannibal Kadhafi «ne doivent qu’à l’attitude difficilement compréhensible des autorités suisses de ne pas avoir retrouvé leur liberté de mouvement».

Selon lui, la Suisse devrait «soumettre ce différend à un arbitrage international, comme le gouvernement libyen l’a demandé il y a plusieurs mois déjà».

Politique de représailles

Le ministère libyen des affaires étrangères n’a donné ni délai ni précision sur les mesures dont il menace la Suisse. Cela dit, Tripoli a déjà engagé une politique de représailles: les entreprises helvétiques en Libye ne peuvent pas exercer leurs activités librement. Et deux ressortissants suisses ne sont toujours pas autorisés à quitter le pays.

Dernière mesure en date: depuis le 15 décembre, Tripoli interdit désormais à Swiss d’opérer sa dernière liaison hebdomadaire autorisée entre Zurich et la capitale libyenne.

La Libye a aussi fait savoir qu’elle retirerait ses avoirs de ses comptes bancaires en Suisse, romprait ses relations économiques avec Berne et suspendrait ses livraisons de pétrole brut. Selon Berne, ces livraisons n’ont jamais été interrompues.

Par ailleurs, des diplomates cités par Reuters estiment que l’aile dure des partisans de Kadhafi veut maintenir le différend ouvert dans le cadre d’une lutte interne pour le pouvoir avec les réformateurs.

swissinfo et les agences

Le 15 juillet 2008, le fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi et son épouse ont été arrêtés à Genève sur plainte de deux domestiques pour maltraitance, puis libérés sous caution.

Suite à cette affaire, les entreprises helvétiques en Libye ne peuvent pas exercer leurs activités librement. Et deux ressortissants suisses ne sont toujours pas autorisés à quitter le pays.

Le 20 juillet, les autorités libyennes ont imposé à Swiss de réduire ses trois rotations hebdomadaires vers la Libye à une seule.

Depuis le 15 décembre, Tripoli interdit la dernière liaison de Swiss avec la capitale libyenne, invoquant des «raisons techniques».

La plainte contre les époux Kadhafi a été retirée en septembre par les deux domestiques contre un dédommagement financier, mais cela n’a pas permis de détendre la situation au plan diplomatique.

La Confédération déconseille toujours aux voyageurs suisses de se rendre en Libye.

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