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La loi sur l’électricité passe aisément l’épreuve des urnes

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Keystone / Valentin Flauraud

La loi sur l’électricité a été acceptée par le peuple suisse à près de 69%. Le dénouement est sans grande surprise, puisqu’un large consensus a régné dès le départ autour de la réforme.

Les résultats des votations de ce dimanche ont confirmé la tendance qui prévalait depuis le début de la campagne: les Suisses acceptent la vaste réforme qui vise à renforcer le développement des énergies renouvelables à l’intérieur du pays et assurer l’approvisionnement en électricité.

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La Confédération, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050, se dote ainsi d’une loi dont les principaux objectifs sont d’éviter d’éventuelles pénuries d’électricité, notamment en hiver, et de garantir un approvisionnement suffisant pour le pays, afin de ne plus être autant dépendant de ses voisins.

Pour ce faire, la nouvelle loi facilite notamment la construction de grandes installations hydrauliques, solaires et éoliennes. L’intérêt national de leur établissement primera sur la protection de la nature.

Pas de retournement de situation

Opposée à un projet dont elle estime qu’il «sacrifie le paysage et la nature sur l’autel du climat et par peur d’un éventuel ‘black-out’», la fondation Franz Weber avait lancé les hostilités et, aidée de plusieurs petites associations de protection de la nature, avait fait aboutir le référendum.

Dimanche, les référendaires se sont dits peu surpris des résultats, puisque la loi sur l’électricité a bénéficié d’un large soutien politique et populaire dès son lancement. Le «score honorable d’environ 35%» qu’ils espéraient obtenir aura presque été atteint, avec 31,3% de «non».

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Des disparités selon les communes

Si la plupart des cantons approuvent la loi, les résultats détaillés montrent également que les communes qui pourraient être concernées par des projets éoliens ou photovoltaïques l’ont nettement refusée.

Pour Kevin Grangier, président de l’UDC Vaud, «c’est la preuve que ces populations craignent de ne plus avoir leur mot à dire» après l’acceptation de la loi.

L’un des arguments des opposants et opposants à la loi sur l’électricité consistait en effet à qualifier celle-ci d’«antidémocratique, car le Conseil fédéral sera autorisé à délivrer les autorisations selon une procédure accélérée, ce qui privera les communes de tout pouvoir et limite les recours.»

L’éolien non prioritaire

Afin de limiter l’impact du développement des énergies renouvelables sur la nature, de nombreuses voix plaident désormais pour que la transition énergétique passe principalement par le développement de l’énergie solaire sur les toits, les façades et les parkings existants. «C’est la transition énergétique la plus rapide possible», déclarait la conseillère nationale socialiste Martina Munz durant la campagne.

Selon Isabelle Chassot, conseillère aux États centriste du canton de Fribourg, «il faut d’abord s’occuper du rehaussement des barrages et de placer des panneaux solaires sur les bâtiments».

Vera Weber, présidente de la fondation Franz Weber, regrette pour sa part que cette loi mette à mal la protection de la nature, alors que «nous avons un potentiel énorme en termes d’infrastructures pour apposer des panneaux solaires».

Des promesses en ce sens ont été faites durant la campagne, selon elle: «Nous allons les prendre au mot et faire en sorte que ces promesses soient tenues», a ajouté la présidente.

Vers un retour en grâce de l’énergie nucléaire?

Même si elle n’est pas mentionnée dans la nouvelle loi, l’énergie nucléaire figurait en toile de fond de la campagne. Car aux yeux des promoteurs de l’atome, la transition énergétique ne pourra pas se faire avec la seule aide des énergies solaire et éolienne.

À droite de l’échiquier politique, le mouvement pro-nucléaire reprend de la vigueur. Une coalition emmenée par des représentants de l’UDC, du PLR et du Centre a déposé au mois de février une initiative populaire qui demande que la Constitution fédérale soit modifiée de telle manière que «toute forme de production d’électricité respectueuse du climat [soit] autorisée». Pour rappel, le gouvernement suisse avait décidé, en 2011, de sortir progressivement du nucléaire après la catastrophe de Fukushima, au Japon.

Large consensus politique

La réforme pour le développement des énergies renouvelables et l’approvisionnement en électricité a été soutenue au Parlement par tous les principaux partis, à savoir l’UDC, le PLR, Le Centre, le PEV, les Vert’libéraux, le PS et les Vert-e-s.

L’UDC est toutefois revenue sur sa position et s’est prononcée contre le texte par la suite, considérant que «la Suisse n’est pas un pays pour l’énergie éolienne», selon son président Marcel Dettling.

Une campagne à gros budget

Pour atteindre leur objectif, les soutiens à la loi sur l’électricité n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont annoncé un budget de campagne de 4,1 millions de francs, contre 1,3 million pour les opposantes et opposants.

Les sommes les plus importantes ont été versées par l’Alliance pour un approvisionnement en électricité sûr (environ deux millions) et la Fondation suisse de l’énergie (1,7 million).

Du côté des référendaires, la Fondation Franz Weber a investi 500’000 francs, et l’Union pour la nature et le paysage environ 297’000 francs. L’UDC a également soutenu la campagne pour le «non» à hauteur de 500’000 francs.

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