La métamorphose de Lausanne dans les urnes
Les citoyens de la commune de Lausanne se prononcent dimanche aussi sur un vaste projet de développement urbain. Baptisé Métamorphose, il est l'un des chantiers à même de transformer la capitale vaudoise en métropole.
Après la construction du métro M2. inauguré l’année dernière, les autorités lausannoises et leur maire – le syndic Daniel Brélaz – empoignent un nouveau projet d’envergure baptisé Métamorphose. Et ce alors que la population de la ville (250’000 habitants) doit augmenter de 100’000 personnes d’ici 2020.
Approuvé par la municipalité en 2007, le projet Métamorphose vise à répondre en partie à cette augmentation de la population avec la construction, entre autre, d’un écoquartier pour 6000 habitants et d’un stade d’athlétisme de 13’000 places au nord de la ville. Des installations qui seront reliées au centre-ville par un nouveau tram (M3).
Dans le sud-ouest de la ville, près de l’Université de Lausanne, Métamorphose prévoit un nouveau stade de football de 13.000 places, une piscine olympique et des logements.
Le budget prévu (1.5 milliard de francs) sera financé grâce à un partenariat public-privé, la ville contribuant à auteur de 200 millions de francs.
Des opposants nostalgiques
Le vote de dimanche fait suite à une initiative lancée par un groupe de résidents du quartier de la Pontaise, des défenseurs du patrimoine et plusieurs architectes qui proposent une autre vision de la ville.
Tout en reconnaissant le besoin urgent de logements, ils veulent conserver toutes les installations sportives dans le nord de la ville et ainsi sauver l’historique Stade olympique de la Pontaise, construit pour la Coupe du Monde de 1954 qui s’est tenue en Suisse.
Les initiants estiment que ce stade fait partie intégrante de l’identité locale. Ils prônent également un écoquartier de moindre importance qui ne soit pas réservé uniquement à des personnes aisées.
L’un d’eux, l’architecte Blaise Sahi, estime que Métamorphose a été conçu trop rapidement. «C’est un projet fantastique, mais il pourrait être amélioré. Je suis convaincu que la construction de nouveaux quartiers doit se faire en intégrant le bâti existant, plutôt que de le détruire ou le délocaliser», plaide l’architecte.
«Le véritable défi pour l’urbanisme durable est le renouvellement de la ville existante», assure encore Blaise Sahi.
La théorie des dominos
De son coté, Olivier Français, conseiller municipal en charge de l’infrastructure de Lausanne, souligne en premier lieu qu’il est moins coûteux de construire un nouveau stade que de rénover celui de la Pontaise.
Plusieurs partis politiques se sont alliés pour défendre Métamorphose. Ils estiment en effet que le texte de l’initiative populaire est incohérent et qu’un vote en faveur du vieux stade pourrait mettre en danger l’ensemble du projet et son cofinancement par des fonds privés et fédéraux.
Un rejet de Métamorphose sonnerait aussi comme une gifle pour les responsables locaux qui se sont fortement engagés dans ce qui sera le grand projet de la législature actuelle.
«Un tel rejet serait très ennuyeux, car il briserait une dynamique de développement. Il faudrait en effet reprendre le projet à zéro. Cette initiative pourrait avoir un effet domino sur l’ensemble du projet », souligne Francesco della Casa, rédacteur en chef de la revue d’architecture Tracés.
«Ce projet est visionnaire et pragmatique à la fois. Mais sa faiblesse est que chacun de ses éléments doit être accepté pour maintenir sa cohérence ».
Ambitieuses visions
Cela dit, Métamorphose n’est qu’un des ambitieux projets urbanistiques prévus pour Lausanne.
Le M2 – premier métro de Suisse inauguré en octobre 2008 – sera bientôt complété par le M3, un tram reliant le centre-ville avec les communes de Renens et Bussigny, situées à l’ouest de Lausanne, et le nouvel écoquartier au nord de la ville.
En parallèle, de nouvelles lignes de trolleybus seront créées afin d’améliorer le transport entre l’est et l’ouest de l’agglomération lausannoise.
Outre le projet Métamorphose, 3000 logements supplémentaires sont prévus à travers la ville. L’ouest de Lausanne doit également connaître de grandes transformations avec le Projet d’agglomération Lausanne – Morges (PALM), un chantier sur l’une des plus vastes friches urbaines de Suisse.
Et ce n’est pas tout. Le centre de congrès de Beaulieu, comme l’opéra de Lausanne ,seront rénovés et agrandis, tandis que les autorités planchent sur un nouveau musée des beaux-arts.
Last but not least, le site de l’EPFL à l’ouest de la ville est en plein chantier pour devenir une véritable cité universitaire autonome.
Simon Bradley, Lausanne, swissinfo.ch
(Traduction de l’anglais: Frédéric Burnand)
Transport. Alors que Lausanne ne cesse de se développer, sa voisine Genève passe pour être en panne. Le projet de liaison ferroviaire Ceva entre la gare de Genève-Cornavin, les Eaux-Vives et la ville française d’Annemasse est encore bloqué par environ 60 recours (1600 au départ).
Logements. La projet de développement urbain la Praille-Acacias-Vernets – 14’000 nouveaux logements et 15’000 nouveaux emplois – est bloqué par par une série d’oppositions. Les Genevois se prononceront sur ces deux projets le 29 novembre prochain.
Méfiance. Selon Francesco della Casa, rédacteur en chef de la revue d’architecture Tracés, Lausanne connaît une période de grand dynamisme, tandis que Genève est bloqué par la méfiance entre locataires et promoteurs immobiliers, une tension exploitée par une poignée de politiciens et d’organisations.
Explosion urbaine. Yann Gerdil-Margueron, producteur de l’émission «Les Urbanités» sur la Radio suisse romande, estime que, malgré les blocages précités, Genève est «sur la bonne voie». Il rappelle que Genève a connu une «explosion urbaine sans précédent» au cours des huit dernières années.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.