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«La révolution en marche fait trembler Le Caire»

L'Egypte est très présente à la une des quotidiens suisses ce matin. swissinfo.ch

Défiant le couvre-feu, les manifestants ont passé une nouvelle nuit dans le centre du Caire, promettant de ne pas bouger jusqu’au départ du président Moubarak, dont le sort dépend maintenant de l'armée. La presse suisse ne manque pas de commenter les bouleversements qui, après la Tunisie, ont gagné l’Egypte.

«Le régime égyptien ébranlé» (Neue Zürcher Zeitung), «Hosni Moubarak joue la montre» (La Liberté), «L’armée, arbitre incertain» (Le Temps), «Le difficile dilemme d’Obama» (24 Heures/Tribune de Genève), ces titres résument les multiples facettes des événements qui secouent le pays des pharaons.

Sid Ahmed Hammouche, envoyé spécial de La Liberté au Caire, confirme que «la ville est livrée depuis vendredi à ses habitants», avec «des barrages improvisés bloquant la circulation, gardés par des dizaines d’habitants des quartiers».

Alors que la Suisse recommande à ses ressortissants se trouvant en Egypte de quitter «temporairement» le pays, et déconseille cette destination aux voyageurs, Le Matin dirige le projecteur sur «les touristes fuyant l’Egypte» en masse.

Répondant au quotidien de boulevard, Hafid Ouardiri, ancien porte-parole de la mosquée de Genève, estime que les pilleurs qui sévissent en Egypte «sont des proches du pouvoir» qui font régner la terreur pour accréditer une intervention de celui-ci.

«Naturellement, cette situation est intenable pour les touristes, ajoute M. Ouardiri, mais leur évacuation sert les desseins du dictateur puisqu’elle donne une dimension internationale à son message».

Le Tages Anzeiger affirme également que Moubarak a ordonné à sa police de procéder aux rackets et aux pillages afin de «salir l’image de la révolte». Si l’armée devait prendre le pouvoir, elle devrait tôt au tard se demander si l’ex-président doit être évacué par avion à l’étranger où s’il doit être amené là où il devrait être depuis longtemps: «face à la justice», conclut le quotidien alémanique.

«Il s’est passé un truc énorme»

 

La Liberté publie également lundi matin une interview de Tewfik Aclimandos, chercheur au Collège de France, qui reconnaît que la crise est la plus sérieuse que l’Egypte ait jamais connue. «Sur le papier, le régime a la possibilité de tenir. Mais dans la réalité, il s’est passé un truc énorme depuis la révolution tunisienne, c’est que le mur de la peur a sauté», déclare le spécialiste de l’histoire égyptienne.

La Neue Zürcher Zeitung dresse un portrait du nouveau vice-président Omar Suleiman, «éminence grise du Caire». Né en 1935, il est non seulement membre de la génération de Moubarak, mais aussi, en tant que chef des services secrets, un collaborateur très proche.

Le quotidien zurichois ne s’étonne pas que cet homme, dont Israël reconnaît «l’honnêteté, l’intelligence et l’énergie», soit devenu numéro deux du régime, d’autant plus que «son parcours et son ambition l’y prédestinaient». Il s’agit donc clairement d’une tentative du régime de garder le contrôle sur «une transition démocratique exigée par les Américains».

L’armée, cet «arbitre incertain»…

 

Le Temps, pose lui aussi la question de l’option que prendra l’armée, cet «arbitre incertain». «Maintenant que (les manifestants) ont fait la démonstration de leur force, au prix d’une centaine de morts, la nomination de deux vieux généraux aux postes de premier ministre et de vice-président ne saurait répondre à leur aspiration au changement. (…) Elle devra donc sacrifier Moubarak pour préserver le système dont elle est à nouveau le garant», peut-on dire dans le quotidien romand.

24 Heures/La Tribune de Genève se penche sur cette autre inconnue, l’attitude des Etats-Unis. Relevant que Washington n’a pas ouvertement lâché le président Moubarak, le quotidien note que «la perspective d’une Egypte sans son président autocrate a néanmoins de quoi inquiéter un gouvernement Obama qui s’est appuyé sur lui dans le conflit israélo-palestinien et a fourni une aide militaire de 1,3 milliard de dollars au Caire en 2010».

…et l’inconnue américaine

La révolte égyptienne met Washington devant «un dilemme fondamental», renchérit le Corriere del Ticino: «entre la défense des principes démocratiques et la perte d’un allié aussi fiable que l’Egypte, la marge est étroite».

Autrement dit, «abandonner Moubarak équivaudrait à sauter dans le vide», poursuit le quotidien italophone, d’autant que «les formations radicales islamistes pourraient tirer avantage de l’instabilité et transformer les intentions des manifestants en piège tragique».

25 janvier: début des manifestations contre le régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.

Immolations. ce mouvement avait été précédé de cinq cas d’immolations par le feu, dont un mortel.

ElBaradeï. Le 27 janvier, l’ex-directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradeï, quitte l’Autriche pour rentrer en Egypte, après avoir déclaré qu’il était temps pour Moubarak de s’effacer.

Au moins 125 morts et des milliers de blessés, tel est le premier bilan des violents affrontements entre police et manifestants.

Couvre-feu. Le couvre-feu a été instauré au Caire, à Alexandrie et à Suez, mais n’a pas été observé par les manifestants qui ont continué de descendre dans les rues.

Promesses. M. Moubarak a promis des réformes et annoncé la nomination d’un nouveau premier ministre et la création du poste de vice-président, octroyé au chef des Renseignements.

Expatriés. Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) «recommande aux ressortissants suisses présents en Egypte de quitter temporairement le pays en utilisant des moyens de transports existants et d’informer l’ambassade de Suisse au Caire de leur départ».

1574 Suisses sont inscrits auprès de l’ambassade de Suisse au Caire, selon le DFAE.

Touristes. Les touristes visitant actuellement l’Egypte sont eux «priés de prendre contact avec l’organisateur de leur voyage» ou «les compagnies aériennes qui informent sur les liaisons aériennes», a précisé le DFAE.

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