La Suisse n’en fait pas assez pour ses enfants
Quarante-six ONG critiquent dans un rapport la politique familiale suisse. Autre point noir: l'intégration des jeunes étrangers.
Ces organisations ont dévoilé vendredi leurs conclusions sur l’application en Suisse de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE).
Résultat: même si la situation des enfants est bonne en Suisse par rapport à l’étranger, Berne peut faire mieux. L’Unicef, Pro Familia ou encore l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés attendent des autorités qu’elles s’engagent davantage.
En priorité, les défenseurs des droits de l’enfant demandent à la Suisse d’abandonner les cinq réserves qu’elle avait émises lors de la ratification de la Convention, en 1997. Ils regrettent particulièrement celle apportée à l’autorité parentale.
Mauvaise politique familiale
Selon la Convention, l’Etat doit pouvoir vérifier, dans une certaine mesure, que l’enfant bénéficie de ses droits. Mais Berne a mis une limite à ce contrôle, par crainte que les prérogatives de l’Etat soient plus importantes que celles des parents.
«Cette réserve n’est pas nécessaire. Elle a été justifiée par des motivations politiques et non juridiques», précise Alexander Rödiger, porte-parole de l’Unicef Suisse
Autre grande critique adressée à la Suisse: sa politique familiale. Les ONG regrettent que les maigres allocations familiales soient liées à une activité professionnelle. Ce qui pose notamment des difficultés aux familles monoparentales.
«L’enfant est un risque d’appauvrissement pour les familles», résume Alexander Rödiger, chef de la communication à l’Unicef. Selon les 46 organisations, entre 7% et 12% des enfants en Suisse souffrent du manque d’argent de leurs parents.
Enfants étrangers laissés de côté
Les ONG montrent aussi du doigt la mauvaise intégration des enfants étrangers qui ne sont pas assez soutenus dans les écoles. Les classes spéciales sont bondées, et les besoins particuliers des requérants d’asile mineurs insuffisamment pris en compte.
La Suisse doit aussi agir contre la maltraitance infantile, qui n’est pas interdite dans la loi suisse. Selon les organisations, cette passivité est contraire à la Convention.
Manque d’écoute
Les jeunes n’auraient pas suffisamment de possibilités pour défendre leurs intérêts et leurs droits. En effet, leur participation politique reste ponctuelle. Et s’il y a des parlements d’enfants, ceux-ci ont peu d’importance dans le processus de décision.
En fait, la participation des jeunes varie d’un canton à l’autre. De façon plus générale, d’ailleurs, le fédéralisme représente un obstacle à une politique de l’enfance homogène. Un exemple: le manque d’harmonisation des systèmes scolaires entre cantons.
Les ONG ont rédigé ce catalogue en complément au premier rapport sur l’application de la Convention. Celui sera rendu mercredi par le gouvernement au comité de l’ONU pour les droits de l’enfant. Sur la base de ces informations, dix-sept experts formuleront critiques et recommandations à l’égard de la Suisse.
swissinfo/Caroline Zuercher
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