Le 1er Août au Grütli sous haute surveillance
Les organisateurs de la fête nationale prennent des mesures drastiques pour empêcher les néo-nazis de semer le trouble sur la mythique prairie du Grütli.
Cette année, l’orateur principal est le président du conseil d’administration de Swisscom Markus Rauh. Il remplace le président de la Confédération Moritz Leuenberger qui s’est désisté.
Selon le ministre, il n’existe pas de tradition selon laquelle un président de la Confédération se doit de prononcer un discours au Grütli. Son absence a été décidée par l’ensemble des membres du gouvernement helvétique.
Le Conseil fédéral ne souhaite en fait pas qu’avec les années le discours du président de la Confédération sur le Grütli ne devienne une tradition. Il part plutôt du principe que les festivités du 1er août sont importantes où qu’elles aient lieu en Suisse.
Selon les autorités, les débordements provoqués par des néo-nazis ces dernières années n’ont joué aucun rôle dans la décision.
700 extrémistes sur la prairie
L’an dernier notamment, le discours du 1er août prononcé par le président de la Confédération Samuel Schmid avait été chahuté par quelque 700 extrémistes de droite présents sur la prairie. Des injures avaient fusé à chaque fois qu’il prononçait le mot «intégration».
Debout et drapeaux suisses à la main, la plupart des néo-nazis se tenaient derrière la foule, estimée à 2000 personnes. Ils ont scandé des slogans nationalistes tout en traitant le président de «cochon» et de «Judas», entre autres gentillesses.
Cela fait environ 10 ans que des membres de l’extrême-droite se rendent au Grütli le 1er août. Celle-ci s’est regroupée en 2000 dans le Parti des Suisses nationalistes (PNS), à l’origine des contre-manifestations organisées.
Des mesures drastiques
Pour empêcher que ce scénario ne se répète, les organisateurs de la manifestation ont pris des mesures drastiques. «Nous voulons garantir une fête fédérale digne», a indiqué Judith Stamm, la présidente de la Société suisse d’utilité publique (SGG),
Pour rejoindre le Grütli, il sera notamment nécessaire de posséder un billet. Sur les 2300 sésames à disposition, la moitié est réservée au public. Le reste est distribué aux cantons et à la Confédération.
A partir du 1er juin, les personnes intéressées pourront se procurer un formulaire auprès de la SGG. Elles devront y inscrire leur nom, adresse et date de naissance, puis le retourner signé.
Ces informations, qui seront détruites après le 1er août, seront imprimées sur le ticket d’entrée gratuit qu’elles recevront en retour. Par leur signature, les participants garantiront qu’ils respecteront le règlement en vigueur sur le Grütli.
De plus, seuls les drapeaux officiels suisses et cantonaux seront autorisés. Les tickets seront attribués en fonction de l’ordre de réception des formulaires, jusqu’à épuisement du stock.
Un seul accès
L’accès à la prairie par la terre ferme sera fermé et les convives pourront accéder au Grütli uniquement par le biais d’un bateau spécial. En cas de doute, la police fera des vérifications d’identité.
Les forces de sécurité surveilleront aussi le village de Brunnen, où les néo-nazis ont l’habitude de manifester après la fête. L’extrême-gauche aimerait également y organiser une manifestation. Sa demande est pendante devant le Tribunal administratif schwytzois.
Des corps de police de différents cantons seront mobilisés. Les responsables ont requis l’aide de l’armée pour la surveillance du ciel.
C’est donc sous haute surveillance que le président du conseil d’administration de Swisscom Markus Rauh prononcera son discours. Ce représentant de l’économie est connu pour son engagement social et culturel.
swissinfo et les agences
– La Fête nationale du premier août a été introduite en 1891. Cette journée est officiellement fériée depuis 1994.
– Une célébration a lieu sur la colline du Grütli (canton d’Uri), lieu mythique où aurait été conclu le pacte défensif de 1291 entre représentants des cantons d’Uri, Schwyz et Unterwald, à l’origine de la Suisse moderne de 1848.
– Depuis une dizaine d’années, des extrémistes de droite se rendent à la célébration du Grütli. Les perturbations ont culminé en 2005, en présence du président de la Confédération Samuel Schmid.
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