Le contre-projet «Avanti» a du plomb dans l’aile
Selon un sondage, la moitié des citoyens refuseraient le contre-projet à l’initiative «Avanti». Les chances de succès seront donc minces lors du vote du 8 février.
C’est surtout l’idée d’un 2e tunnel routier au Gothard qui risque de faire capoter l’ensemble du projet.
Le second sondage réalisé par l’Institut de recherches gfs.berne pour le compte de SRG SSR idée suisse donne une nette avance au camp du «non». 51% des personnes interrogées sont en effet hostiles au contre-projet, alors que 32% y sont favorables et que 17% sont encore indécises.
Une issue qui ne fait pas grands doutes
Le camp des adversaires s’est d’ailleurs renforcé depuis le premier sondage du mois. En décembre, 41% des sondés étaient favorables au contre-projet, 40% y étaient hostiles et 19% étaient sans opinion.
Dans ces conditions, l’issue du scrutin fédéral du 8 février prochain ne fait guère de doutes. «Sauf rebondissement de dernière minute, les chances de succès sont minces», affirme Claude Longchamp, patron du gfs.berne.
C’est d’ailleurs aussi l’avis des sondés. 42% d’entre eux seulement estiment que le contre-projet passera la rampe. 40% estiment qu’il sera rejeté par le peuple et 18% sont sans opinion.
Ce résultat de 42% de sondés qui croient en les chances du contre-projet est très faible. En effet, un objet présenté par le gouvernement et soutenu par le Parlement est la plupart du temps accepté par le peuple.
L’écueil du Gothard
Le contre-projet laisse la porte ouverte à un possible percement d’un deuxième tunnel routier au Gothard. Mais cette éventualité est impopulaire: 52% des sondés y sont opposés, 39% y sont favorables et 9% n’ont pas d’opinion.
En revanche, les autres points du contre-projet suscitent peu d’opposition. 74% des personnes interrogées sont par exemple favorables à l’amélioration du trafic dans les agglomérations et 66% sont d’accord pour prendre des mesures destinées à mettre fin aux bouchons sur les routes.
L’opposition à la construction d’un deuxième tunnel routier au Gothard cristallise donc l’opposition. «Ce point influe négativement sur le contre-projet, analysent les auteurs du sondage. La meilleure façon de savoir ce qu’un sondé votera le 8 février, c’est de connaître sa position sur le deuxième tunnel.»
Or les partisans du contre-projet ont peut-être sous-estimé l’impact de cette question du Gothard. «Pour les politiciens, le percement d’une deuxième galerie était une vision assez abstraite, commente Claude Longchamp. Mais pour la population, elle est beaucoup plus concrète.»
Le Gothard n’est pourtant pas le seul point susceptible de faire couler le contre-projet. Les sondés sont également sensibles à d’autres aspects de la question.
Ainsi, 58% estiment que construire davantage de routes n’aura pour effet que d’augmenter encore le trafic routier. Le contre-projet ne saurait donc représenter une solution à long terme pour diminuer les bouchons.
Par ailleurs, 55% des personnes interrogées estiment que la construction de nouvelles routes provoquerait des coûts trop importants.
Portrait-robot
Une majorité de la population suisse semble opposée au contre-projet. Mais le sondage de gfs.berne permet d’aller plus loin et de livrer une sorte de portrait-robot de l’opposant.
Le fait de posséder ou non un véhicule modifie les intentions de vote. Parmi les sondés qui ne possèdent pas de voiture privée, 71% sont hostiles au contre-projet. Chez ceux qui ne comptent qu’une voiture par foyer, la part d’opposants est de 50%. Elle tombe à 42% chez ceux qui comptent plus d’une voiture par foyer.
Autre constatation: les Suisses alémaniques témoignent une fois de plus d’une plus grande fibre écologique que les concitoyens latins. 55% des Alémaniques sont en effet opposés au contre-projet contre 44% de Romands et 36% de Suisses italiens.
Enfin, l’opposition est un peu plus marquée à gauche. 70% des sympathisants du Parti socialiste sont opposés au contre-projet, contre 47% chez ceux du Parti radical (droite) et 44% chez ceux de l’Union démocratique du centre (droite dure).
Bon taux de participation
Le sondage montre enfin que les Suisses sont très intéressés par ce contre-projet: 49% entendent voter le 8 février prochain. Cet intérêt est d’ailleurs en augmentation; en décembre dernier, 40% seulement indiquaient vouloir glisser leur bulletin dans l’urne.
Cet intérêt ne surprend pas Claude Longchamp. «C’est en effet une question qui touche de près la vie de tous les jours.»
swissinfo, Olivier Pauchard
Le sondage a été effectué entre le 19 et le 24 janvier 2004
1251 citoyens ont été interrogés par téléphone
601 l’ont été en Suisse alémanique, 350 en Suisse romande et 300 en Suisse italienne
– Le contre-projet à l’initiative «Avanti» vise à améliorer les infrastructures dans le domaine des transports (route et rail).
– Il prévoit notamment d’améliorer le trafic dans les agglomérations et de résorber les bouchons routiers.
– Ce contre-projet laisse la porte ouverte au possible percement d’un deuxième tunnel routier au Gothard.
– Actuellement, un deuxième tunnel ne serait pas possible. Le peuple a en effet accepté en 1994 une initiative interdisant de nouvelles infrastructures routières dans les Alpes (initiative des Alpes).
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