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Le non des opposants à la caisse maladie unique

Le comité bourgeois contre la caisse maladie unique. Keystone

Les représentants du comité bourgeois contre la caisse maladie unique ont lancé mardi à Berne leur campagne en vue de la votation du 11 mars 2007.

Ils dénoncent notamment un monopole dangereux et la dépendance entre la prime et les revenus. Et estiment que la caisse unique serait incompatible avec les solutions actuellement utilisées pour freiner les coûts, comme les franchises et les réseaux de santé.

Miroir aux alouettes, expérience dont les assurés seront des cobayes, machine à dilapider l’argent!

Fort d’une centaine de parlementaires, le comité bourgeois contre la caisse maladie unique ne manque pas de propos fleuris pour qualifier l’idée de la caisse unique soutenue par les associations professionnelles du secteur de la santé, la gauche, les mouvements des aînés et des familles.

Pour mémoire, l’initiative pour une caisse maladie unique exige qu’une seule caisse maladie sans but lucratif gère l’assurance de base pour toute la Suisse. Les actifs et les passifs des quelque 90 assureurs existants devraient lui être transférés dans un délai de trois ans.

Un monopole dangereux

Le comité bourgeois contre la caisse maladie unique réunit plus d’une centaine de parlementaires radicaux (PRD / droite), démocrates-chrétiens (PDC / centre droit), libéraux (PLS / droite) et de l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure).

Il invoque deux principaux griefs contre le changement de régime prôné par l’initiative populaire «pour une caisse maladie unique et sociale»: son caractère monopolistique et son financement par des primes liées au revenu.

Un monopole vise à éliminer toute concurrence pour être seul à offrir des prestations sur le marché. Une telle situation supprime de facto toute pression sur les prix, qui auront tendance à monter plutôt qu’à descendre, critique ainsi la députée libérale genevoise Martine Brunschwig Graf.

Les assurés ne pourront plus changer de caisse et seront livrés pieds et poings liés à un seul acteur, a ajouté le radical st-gallois Andreas Zeller.

Selon le comité, une caisse unique serait incompatible avec les solutions actuellement utilisées pour freiner les coûts, comme les franchises et les réseaux de santé. Elle ne permettrait pas non plus de faire baisser les coûts administratifs.

Pire, une caisse unique serait un premier pas vers une étatisation du système de santé. Vu l’exemple français, le gouffre financier menace, selon Andreas Zeller.

Et sa collègue genevoise de noter que la tendance, notamment en Allemagne et aux Pays-Bas, est plutôt de se rapprocher du système actuellement pratiqué en Suisse.

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Mauvais pour la classe moyenne

Les partis bourgeois refusent aussi que les primes dépendantes du revenu. Selon eux, l’application d’un tel système nécessiterait de répartir un montant de plus de 20 milliards entre les assurés.

Pour la classe moyenne, cela reviendrait à doubler les impôts cantonaux, a estimé la démocrate-chrétienne fribourgeoise Thérèse Meyer.

Et, selon elle, il ne serait dès lors plus possible de se servir aussi de l’impôt pour financer, comme actuellement, les réductions de primes. Si la ponction est liée au revenu, cela fera fuir les personnes les plus riches. Et, si on la plafonne, la facture sera d’autant plus lourde pour la classe moyenne.

Vu les difficultés de financer la caisse unique, celle-ci s’endettera et n’aura d’autre solution que de rationaliser l’offre, ce qui débouchera sur une médecine à deux vitesses.

Enfin, le comité bourgeois critique la composition proposée du conseil d’administration de la caisse unique qui offrirait une trop grande place aux pouvoirs publics et aux prestataires de soins. Ils y seraient majoritaires tout en se retrouvant aussi de l’autre côté de la table des négociations.

swissinfo et les agences

L’initiative «Pour une caisse maladie unique et sociale» demande d’introduire une caisse-maladie unique pour l’assurance de base avec des primes fixées en fonction des capacités financières.

Le 18 mai 2003, le peuple avait clairement refusé (72,9%) une précédente initiative populaire nommée « La santé à un prix abordable » et qui demandait notamment l’établissement des primes en fonction des revenus.

L’initiative «Pour une caisse maladie unique et sociale» a été lancée par le Mouvement Populaire des Familles.

Munie de 111’154 signatures valables, elle a formellement abouti le 10 janvier 2005. Le gouvernement et le Parlement se sont déjà exprimés contre cette initiative.

Plus que d’un système de santé suisse, il faut parler de 26 systèmes cantonaux, avec d’importantes différences dans les dépenses, l’offre et les modèles d’organisation.

Chaque canton peut décider en toute indépendance de la planification de leurs services (hôpitaux, homes, etc) ou déléguer cette compétence aux communes. D’où de grandes variations du niveau des dépenses publiques consacrées à la santé.

En matière d’assurance, la Suisse n’a choisi ni un système sanitaire national (Italie et Angleterre) ni un système d’assurance publique (France et Allemagne).

Le modèle suisse est fondé sur une assurance de base obligatoire qui est toutefois soumise à la concurrence.

L’assurance-maladie couvre un catalogue de prestations de base identique pour tous les assurés. Mais l’offre est assurée par de nombreux assureurs actifs sur un marché concurrentiel.

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