Le peuple suisse balaie l’initiative écologiste sur les limites planétaires
![ABSTIMMUNGSPLAKATE, ABSTIMMUNGSPLAKAT, WAHLPLAKAT, WAHLPLAKATE, WAHLEN 2025, KANTON GENF, ABSTIMMUNG, 9. FEBRUAR 2025, VOLKSINITIATIVE, FUER EINE VERANTWORTUNGSVOLLE WIRTSCHAFT INNERHALB DER PLANETAREN GRENZEN, UMWELTVERANTWORTUNGSINITIATIVE,](https://www.swissinfo.ch/content/wp-content/uploads/sites/13/2025/02/644514358_highres.jpg?ver=cdea9163)
L’initiative sur la responsabilité environnementale a été refusée par près de 70% de l'électorat en votation ce dimanche. Le texte des Jeunes Vert-e-s n’était guère soutenu au-delà de la gauche et des milieux écologistes.
Le seul suspense autour de l’unique objet soumis au vote ce dimanche résidait dans l’ampleur de la défaite. Elle est sévère: l’initiative sur la responsabilité environnementale a été balayée par 69,8% des votantes et votants. L’objet n’a pas suscité un grand engouement: la participation s’élève à 38%, un taux inférieur à la moyenne des dernières années.
Tous les cantons ont rejeté l’initiative. Bâle-Ville a dit non le plus timidement, par un peu moins de 55% des voix. Le refus est également plus faible en Suisse romande. C’est non à Neuchâtel et Genève à 58%, dans le Jura et dans le canton de Vaud à 62% et à Fribourg à 68%.
Le rejet est un peu plus élevé en Valais (76%) et au Tessin (69%). Il est également plus marqué outre-Sarine. Schwyz détient la palme, avec près de 85% de non. Suivent Nidwald et Obwald (83%). À Zurich, le canton le plus peuplé de Suisse, le refus est de plus de 67%.
Des mesures jugées trop drastiques
L’initiative sur la responsabilité environnementale réclamait l’ajout d’un article à la Constitution, qui contraindrait l’économie nationale à respecter les limites planétaires en matière de changement climatique, de biodiversité ou encore d’utilisation de l’eau et des sols.
Le concept de limites planétaires, établi par des scientifiques, définit des seuils à ne pas franchir afin de garantir la pérennité de notre écosystème. Sur 9 limites planétaires, 6 sont dépassées ou en passe de l’être en Suisse.
L’initiative visait à ce que l’exploitation des ressources ou la pollution liées aux activités économiques cesse d’excéder les capacités de la nature à se régénérer à l’horizon d’une décennie.
![responsabilité environnementale](https://www.swissinfo.ch/content/wp-content/uploads/sites/13/2024/12/467184953_highres.jpg?ver=b01ff266)
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Initiative pour la responsabilité environnementale: indispensable pour la gauche, insoutenable pour la droite
Elle n’énonçait pas de mesures concrètes pour y parvenir mais ses adversaires (au rang desquels le gouvernement, le Parlement, les partis de droite et les milieux économiques) ont fait valoir pendant la campagne qu’elle passerait nécessairement par des ajustements drastiques et menacerait la prospérité du pays.
L’empreinte carbone individuelle devrait ainsi être réduite de plus de 90% pour respecter ces limites planétaires, d’après une étude de Greenpeace Suisse.
![port de Bâle](https://www.swissinfo.ch/content/wp-content/uploads/sites/13/2025/01/421535802_highres.jpg?ver=cca73112)
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Un revers pour les écologistes
L’argumentaire de l’opposition l’a emporté. Déjà pendant la campagne – qui n’a jamais vraiment pris -, le projet a peiné à trouver de l’écho au-delà des rangs de la gauche et des organisations écologistes. Les intentions de vote n’ont cessé de fondre et, lors du dernier sondage SSR, moins de 40% de l’électorat envisageait encore de glisser un oui dans l’urne.
Dans un communiqué diffusé dimanche, le comité défendant le non a salué le rejet d’un texte qualifié d’«extrême». C’est «un nouveau revers pour les Verts, leurs politiques d’interdictions et leur volonté d’imposer la décroissance», ont-ils réagi.
De leur côté, les Jeunes Vert-e-s ont dit regretter ce résultat, estimant que la Suisse rate sa chance de lutter contre les crises environnementales.
Le non du peuple est une victoire pour les «défenseurs du statu quo», qui ignorent les avertissements des scientifiques, a réagi le parti dans un communiqué, dénonçant les «discours alarmistes» des partis bourgeois et des milieux économiques.
![Les Jeunes Vert-e-s](https://www.swissinfo.ch/content/wp-content/uploads/sites/13/2025/02/646107580_highres.jpg?ver=840d8bc8)
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«Les Suisses n’aiment pas les interdictions»
L’électorat lassé de voter sur l’écologie?
Dans un article publié à moins de deux semaines du scrutin, le TempsLien externe a cherché à comprendre pourquoi le texte semble n’avoir jamais eu la moindre chance, alors même que le changement climatique est une préoccupation importante de la population en Suisse.
Le journal romand pointe notamment les budgets globaux modestes investis dans cette campagne, deux fois moindres du côté des partisans du texte que de ses adversaires (respectivement 230’000 et 450’000 francs). Bien loin des sommes dépensées pour la votation de novembre sur les projets autoroutiers: 4,1 millions par le camp du oui et 2,7 millions par celui du non.
Des analyses évoquent aussi la rupture avec le monde agricole, la difficulté pour certaines franges de la gauche de défendre un projet menaçant le pouvoir d’achat, ou encore le niveau d’abstraction de l’initiative.
Mais une autre piste d’explication pourrait résider dans une forme de lassitude, voire de rejet, après plusieurs votations liées à l’environnement, écrit le Temps. «Le débat sur ces questions environnementales reste souvent le même», analyse l’écologiste David Raedler dans le quotidien. Après plusieurs campagnes sur des thématiques écologistes, certaines personnes peuvent avoir l’impression d’avoir «déjà mené ces discussions en faveur du climat et de la biodiversité».
Voir les réactions à Berne, du côté des partisans et des opposants, au rejet de l’initiative pour la responsabilité environnementale:
Le Conseil fédéral satisfait
Lors de la conférence de presse du Conseil fédéral suivant le vote, le ministre de l’environnement Albert Rösti a salué le résultat de la votation. Le coût des mesures pour atteindre les objectifs fixés par l’initiative aurait touché les plus pauvres, a-t-il relevé.
Il a estimé que la victoire du non n’était pas un non à la protection de l’environnement, mais plutôt au rejet d’un changement radical de mode de vie.
«Nous protégeons la nature, mais nous tenons également compte des intérêts de l’économie et des besoins de la population, qui sont tout aussi légitimes que la protection de l’environnement», a déclaré le conseiller fédéral.
Texte relu et vérifié par Samuel Jaberg
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