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«Le résultat de ce dimanche de votation est un bon signal pour la Berne fédérale»

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Keystone / Anthony Anex

Les Suisses ont voté sur les quatre objets soumis au vote ce dimanche en suivant la ligne du Conseil fédéral et du Parlement. «La peur d'une baisse des prestations a fait son effet», estime le politologue de gfs.bern Urs Bieri, dans une interview.

swissinfo.ch: L’acceptation d’une 13e rente de l’Assurance vieillesse et survivants (AVS) en mars a permis une extension des prestations sociales. Cette fois, avec les initiatives sur la santé, cela n’a pas fonctionné. Pourquoi?

Urs Bieri: Ces dernières années, la Suisse a discuté intensivement des coûts et des prestations dans le domaine de la santé et des assurances sociales. Dans ce contexte, la discussion sur les coûts est généralement au centre des préoccupations de la population. Dans le cas de la 13e rente AVS, la discussion portait sur les prestations, les coûts ne jouant qu’un rôle marginal. Aujourd’hui, la population a réagi aux coûts supplémentaires prévisibles. Cela correspond ainsi à nouveau au schéma classique des discussions autour de projets de politique sociale.

Les finances fédérales tendues ont donc joué un rôle?

Oui, elles ont sensibilisé la population aux coûts. Les discussions au Parlement sur les différentes idées pour continuer à dépenser de l’argent, y compris sur les nouvelles demandes concernant les finances fédérales, ont effectivement exercé une influence. Cela a également contribué au non à ces initiatives.

La participation au vote est relativement faible. Quel en a été l’impact?

Une participation moyenne signifie toujours que le résultat est plus favorable aux autorités, plutôt dans le sens du Parlement et du Conseil fédéral. C’est ce que l’on constate dans les quatre projets. Nous avons une nette victoire du Conseil fédéral et du Parlement.

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Les personnes retraitées se sont engagées en faveur d’une rente supplémentaire. Les personnes à plus faible revenu sont-elles plus difficiles à mobiliser?

En fait, le sujet a été moins largement discuté. Il n’y a pas eu de vote de protestation. Il n’y a pas eu de mobilisation supérieure à la moyenne. Le Parti socialiste (PS) a tout de même réussi à mobiliser au-delà de son électorat, ce qui est un succès d’estime. Toutefois, il n’a pas réussi à convaincre dans le camp bourgeois.

On constate un Röstigraben prononcé. Quelles en sont les raisons?

Nous avons en Suisse un clivage entre la gauche et la droite, et il est particulièrement prononcé le long du fossé linguistique. La Suisse romande vote plus à gauche que la Suisse alémanique sur presque tous les sujets. On le voit ici aussi. Il ne faut pas non plus oublier le clivage ville-campagne. Les citadine et citadins sont traditionnellement plus orientés à gauche que les régions rurales. Ces deux aspects sont clairement visibles ce 9 juin. Le PS n’a pas réussi à franchir ces fossés au point de rendre son projet susceptible de réunir une majorité.

Dans les sondages préélectoraux, il y avait aussi un fossé entre l’intérieur du pays et la diaspora suisse. Pour des raisons similaires?

Je le suppose. En moyenne, les Suisses de l’étranger votent effectivement un peu plus à gauche que les Suisses de l’intérieur. Mais au vu de l’ampleur du oui, on ne peut pas dire que le clivage soit vraiment noir et blanc. Il n’y a donc pas de «oui» clair des Suisses de l’étranger contre un «non» clair à l’intérieur du pays. Il y a bien une différence, mais elle n’est pas décisive.

Les deux initiatives sur les primes d’assurance maladie n’ont pas été acceptées par le peuple. Et pourtant, le poids des primes est toujours désigné comme la principale préoccupation des Suisses dans les sondages. D’où vient cette divergence?

En fait, les coûts de la santé sont un énorme sujet de préoccupation pour la population, mais pas au quotidien. La charge est certes perçue comme élevée, mais encore supportable. Ce qui semble être considéré comme nettement plus important, c’est le type et la qualité des prestations. La population suisse apprécie beaucoup les prestations du système de santé et ne veut en aucun cas les réduire. Les projets qui impliquent d’une manière ou d’une autre une réduction des prestations ont beaucoup de mal à passer, comme c’est le cas aujourd’hui avec l’initiative sur le frein aux coûts. La peur de voir ses propres prestations réduites est à l’origine du rejet.

Le fait de se sentir concerné a donc également joué un rôle cette fois-ci?

Oui, le fait de se sentir concerné a toujours deux dimensions. D’une part, les coûts et les économies, d’autre part, les prestations que l’on reçoit et la question de savoir si elles seront réduites. La peur de cette dernière l’emporte.

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La loi sur l’électricité a passé sans encombre l’épreuve des urnes. C’est une victoire pour le conseiller fédéral Albert Rösti, une défaite pour l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice). L’UDC a-t-elle fait un mauvais calcul ?

Le «non» de l’UDC n’a visiblement pas été suivi par son propre camp. Tous les membres et sympathisants de l’UDC n’étaient pas contre ce projet, mais une grande majorité l’était. Mais c’est tout, le rejet n’est pas allé plus loin. De plus, le rejet du camp écologique ne s’est pas propagé au camp rouge-vert.

Le débat sur la loi sur l’électricité avant la votation n’a pas été trop houleux. Pourquoi?

En tant que projet des autorités, cette loi avait l’avantage d’être le résultat d’un compromis. La population l’a manifestement compris et accepté ainsi. Le fait que la Suisse veuille lutter contre le changement climatique, que cela soit nécessaire et qu’il soit juste que la Suisse produise son propre courant a influencé l’opinion. La critique de la dégradation du paysage ou la discussion sur la sécurité de l’approvisionnement grâce à des formes d’énergie alternatives n’ont pas convaincu.

Tous les projets ont obtenu des résultats très clairs. Contrairement à d’autres votations, on sait une fois de plus exactement ce que veut le peuple suisse. Un avantage?

C’est un bon signal pour la politique du Parlement et du Conseil fédéral. Pour une fois, ces derniers ont clairement compris et anticipé le sentiment de la population. En contrepartie, la Berne fédérale a eu du succès dans les urnes.

Adaptation de l’allemand avec Deepl: Katy Romy

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