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Les bombes suisses à fragmentation sur le gril

Ruag produit notamment la «120 mm mortar cargo round». Keystone Archive

La campagne suisse contre les mines antipersonnel plaide en faveur d'un moratoire dans la production et l'utilisation des bombes à fragmentation.

Un appel qui s’adresse aussi à la Suisse et à la firme Ruag qui produit ce type de munition.

C’est à Genève et dans le cadre de la quatrième réunion des Etats partie à la convention d’Ottawa – un traité qui vise à l’interdiction et à l’élimination totale des mines antipersonnel – que le sujet est revenu cette semaine sur le tapis.

Selon les ONG, les bombes à fragmentation se comportent souvent comme des mines antipersonnel. Il arrive en effet que les munitions disséminées par la bombe à fragmentation n’explosent pas immédiatement après l’impact.

Aussi dangereuses que des mines

Ces munitions font alors courir le même danger que les mines antipersonnel et peuvent blesser ou tuer des civils.

«Suite aux bombardements de l’OTAN au Kosovo, ces munitions non explosées ont causé autant de dégâts que les mines antipersonnel», affirme Tobias Gasser, de la Campagne suisse contre les mines antipersonnel.

Raison pour laquelle, les ONG suisses militent en faveur d’une interdiction temporaire de ces armes. Un moratoire qui vise également la Suisse.

Ruag Munition, l’une des cinq entreprises du groupe Ruag détenues par la Confédération, fabrique en effet des bombes à fragmentation comme la «120 mm mortar cargo round».

Une bombe qui contient 32 grenades. «Chaque grenade explose en 900 fragments mortels», précise la firme sur son site web.

Bombes sans risques

Ruag Munition (qui n’a pas été en mesure de nous répondre malgré nos appels répétés) y affirme également que ces bombes sont sans risque pour les troupes qui les utilisent. Elles sont en effet dotées d’un mécanisme de destruction qui neutralise les grenades non explosées.

Un argument de vente qui ne convainc pas Tobias Gasser: «Au Kosovo, l’OTAN assurait également que les bombes à fragmentation utilisées étaient sûr à 95%. La réalité a démontré le contraire».

Le gouvernement suisse, lui, fait confiance dans ce mécanisme mis au point par une firme israélienne et dont la licence a été rachetée par Ruag.

«Vu la disponibilité de cette technologie de neutralisation des bombes à fragmentation, la Suisse propose d’élever les standards de fabrication de telles bombes», précise Bernard Jeanty, de l’état-major général de l’armée suisse.

Un nouveau règlement

La Suisse entend négocier un règlement dans le cadre de la convention sur l’usage des armes classiques. Un traité qui date de 1980 et qui fait l’objet d’une réunion d’experts en décembre à Genève.

«A cette occasion, la Suisse va de nouveau pousser pour l’adoption de tels standards», précise encore Bernard Jeanty.

Quoi qu’il en soit, cette question va également être discutée au sein du Parlement suisse. Un débat est en effet en cours suite à une interpellation du parlementaire zurichois Mario Fehr déposée l’année dernière.

swissinfo/Frédéric Burnand à Genève

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