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Les Chinois sont fiers de l’expo de Shanghaï

Shanghai est l'Exposition universelle la plus chère, la plus vaste et la plus verte. swissinfo.ch

L'expo de Shanghai est censée attirer 70 à 100 millions de visiteurs ces six prochains mois, dont seulement 5% d'étrangers. La manifestation s'adresse d'abord aux Chinois, dont l'immense majorité affiche bonheur et fierté.

«Imagine une marque domestique de vêtements qui s’offre une pub d’enfer. Tu portes ces fringues, tu te sens super hype, complètement branché. Ensuite tu pars à l’étranger, tu te renseignes un peu et tu constates qu’en fait, tu portes une marque pas du tout en vogue, insignifiante et dépassée!» C’est le plus lu des bloggers de Chine – le Shanghaïen Han Han – qui le dit. L’expo, selon lui, est un concept poussiéreux, reliquat du passé, mais dont les Chinois ne se priveraient sous aucun prétexte.

A Pékin, dans une des grandes universités de la capitale, un étudiant exprime ouvertement son désarroi: «la Chine ferait bien mieux d’investir tous ces milliards dans l’éducation et les soins médicaux». Hu Yan, une résidente dont la maison a été détruite pour laisser place à l’ expo, est allée plaider la cause des expulsés devant le siège des Nations Unies à New York.

Voix critiques

L’artiste Cai Guoqiang a ouvert l’exposition «Peasant Da Vinci’s» dans un immeuble de Shanghai. On y voit toutes sortes de robots bricolés, un sous-marin, un OVNI, œuvres de paysans chinois, ces travailleurs migrants qui ont bâti la Chine moderne, mais sont largement exclus du site officiel.

L’activiste des droits de l’homme Feng Zhenghu s’était fait connaître l’an dernier, lorsqu’il avait campé durant trois mois à l’aéroport de Tokyo, devant le refus des autorités chinoises de le laisser rentrer au pays.

Aujourd’hui assigné à résidence, il a transformé son appartement du nord de Shanghai en musée. Il présente 12 affaires dont il se dit victime: violations des droits de l’homme, de la liberté d’expression, du droit de se déplacer librement, etc… Les citoyens chinois n’y ont pas accès et la plupart des objets exposés ont été confisqués.

Feng Zhenghu espère pouvoir maintenir son expo en ligne, et pense malgré tout que l’expo officielle, celle en majuscules, aura un effet positif sur les droits de l’homme en Chine.

Un rêve vieux de 100 ans

Ces quelques voix critiques, ces quelques échos dissonants ne sont pas représentatifs de l’accueil des Chinois pour l’expo. L’immense majorité d’entre eux affichent une immense fierté.

«La Chine a toujours voulu montrer au monde qu’elle peut avoir un rôle leader. Avec cette expo, c’est un rêve vieux de 100 ans qu’elle réalise», dit par exemple James Qiu, directeur du parc marécageux de Dongtan, sur l’île de Chongming, qu’un gigantesque viaduc autoroutier relie depuis quelques semaines à Shanghai.

L’île rêve de devenir ces prochaines années un exemple unique d’urbanisation à bas carbone. Liang Jun, vice-directeur du projet d’éco-cité Chenjia Town est persuadé que l’expo y contribuera. «Elle amènera beaucoup de monde à Chongming, qui viendront avec des idées, des technologies et de l’argent.»

Défis environnementaux

Pour Christian Gürtler, président central de la Chambre de commerce Suisse-Chine, «c’est la première fois depuis environ 80 ans qu’une expo universelle opte pour une thématique concrète». En choisissant le slogan «meilleur ville, meilleure vie», la Chine répond aux défis environnementaux qui s’annoncent.

Les pavillons des villes, regroupés dans le secteur «meilleures pratiques urbaines», apportent des solutions concrètes aux questions de développement urbain. «Il y a cet aspect pragmatique des Chinois qui profitent de l’expo pour imaginer ce que devrait être une ville modèle en Chine», constate aussi Nicolas Musy, homme d’affaires suisse installé à Shanghai depuis presque 20 ans. «L’expo a aussi pour but de définir quelle sera la qualité de vie à Shanghai dans le futur. Et nul doute que l’expo va aider à considérablement améliorer cette qualité.»

Flavia Schlegel, directrice de Swissnex Chine et vice-consule générale de Suisse à Shanghai, croit en la «volonté sérieuse et honnête de la population chinoise et du gouvernement de chercher des solutions aux défis actuels. ça n’est pas juste pour faire plaisir qu’on parle d’énergie et de durabilité».

A la découverte du monde

Confirmation devant le pavillon suisse, à l’arrivée du télésiège, au terme de la visite: «Cette expo renforce la conscience des gens pour l’environnement», déclare une mère de famille. «Nous apprenons des autres pays en matière d’écologie», ajoute son mari.

Mais l’argument qui revient le plus souvent est celui de la découverte du monde. «Voyez le monde sans partir à l’étranger», répète depuis plus d’un an la vidéo promotionnelle des organisateurs de l’expo. Le message a passé 5 sur 5, associé au constat que presque tous les pays du monde alignent les millions pour courtiser la Chine. Une visiteuse le dit ainsi: «Les JO, c’était la Chine qui faisait la fête au monde. A l’expo de Shanghai, c’est le monde qui fait la fête à la Chine.»

Alain Arnaud, Shanghai, swissinfo.ch

La plus chère: la Chine dit avoir dépensé 4,65 milliards de francs. Mais en tenant compte du coût de construction des infrastructures, la facture s’élèverait à 64 milliards. De loin la plus chère expo universelle de l’histoire.

La plus vaste: avec ses 5,28 km2, elle couvre une surface grande comme deux fois la Principauté de Monaco.

La plus courue: 192 pays et une cinquantaine d’organisations.

La plus verte: eau de pluie pour les chasses d’eau et l’arrosage, véhicules électriques, plus grand toit de panneaux solaires au monde, air conditionné alimenté par l’eau de la rivière Huangpu.

Pour atteindre les 70 millions, et battre le record établi en 1970 par l’expo d’Osaka, celle de Shanghai doit accueillir en moyenne 380’000 personnes par jour. Mais sur les 7 premiers jours d’ouverture, la fréquentation quotidienne ne dépasse pas 100’000.

Par contre, conformément aux prévisions, le pavillon suisse a accueilli chaque jour entre de 10’000 à 12’000 visiteurs à l’exposition et qui ont emprunté le télésiège après deux heures de queue, explique Clelia Kanai, porte-paroles du pavillon.

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