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Les démo-chrétiens disent oui à l’Europe

Le ministre Joseph Deiss, entouré de la présidence du parti, Lucrezia Meier-Schatz et Dominique de Buman. Keystone

Logiquement, le parti démocrate-chrétien suisse (PDC) a dit «oui» aux accords bilatéraux II (Schengen et Dublin), signés par Berne avec l’Union européenne.

Réunis en assemblée samedi, les délégués ont également plébiscité l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux Etats membres de l’UE.

Samedi à Auvernier (Neuchâtel), les délégués du PDC ont commencé par approuver massivement le principe de la libre circulation des personnes aux ressortissants des dix nouveaux pays membres de l’UE.

Par 185 voix contre 1, ils ont ainsi été quasi unanimes à se dire favorables à l’ouverture du marché du travail. Quant aux électeurs suisses, ils devront se prononcer le 25 septembre prochain.

Ensuite, par 176 voix sans opposition cette fois, ils ont recommandé aux membres du parti de soutenir les accords bilatéraux bis, conclus avec l’Union européenne (UE) l’année dernière.

Si le référendum lancé par la droite dure de l’Union démocratique du centre (UDC) réunit les 50’000 signatures requises, le peuple suisse devra se prononcer le 5 juin sur ces accords qui incluent des dispositions sur la fiscalité de l’épargne, sur l’immigration et le contrôle aux frontières (volet Schengen/Dublin).

Avantages économiques

Cette décision est logique, et du reste les délégués du PDC ont passé au vote après avoir entendu quatre orateurs favorables aux propositions gouvernementales.

La présidente du PDC, Doris Leuthard, ainsi que Joseph Deiss, ministre de l’Economie, ont ouvert la discussion en insistant sur les avantages économiques de la libre circulation.

«Les travailleurs et les patrons ont chacun intérêt à adopter les mesures de contrôle» prévues dans le cadre de cette extension, a déclaré Hubert Barde, vice-président de l’Union patronale suisse. Selon lui, un «non» le 25 septembre trahirait une attitude «irréaliste et dangereuse».

Le refus de l’extension de la libre circulation est «inconcevable», a affirmé pour sa part le député Meinrado Robbiani (Tessin) qui s’exprimait au nom des syndicats chrétiens. Selon lui, l’enjeu de la votation n’est pas la libre circulation mais la régulation du marché européen du travail.

A l’exception d’une déléguée tessinoise, tous les intervenants ont donc soutenu le «oui» à la libre circulation. Plusieurs orateurs ont souligné la nécessité pour le PDC de rassurer la population sur la pertinence de la voie bilatérale, remise en cause par la droite dure de l’UDC et des Démocrates suisses, ainsi que par un groupe d’extrême-gauche.

Unanimité pour Schengen/Dublin

Le second débat a porté principalement sur les nouveaux régimes de contrôle de l’immigration et de la criminalité (accords de Schengen/Dublin). Il a aussi été consacré au secret bancaire et à la loi sur l’armement.

L’acceptation de l’accord de Schengen ne signifie pas l’adhésion à une union douanière, a déclaré notamment Rudolph Dietrich, directeur général des douanes. Selon lui, le contrôle efficace de la criminalité et de l’immigration en Suisse est aléatoire sans une intégration au système de sécurité européen.

Invité pour défendre l’opinion des partisans du «non», le député Luzi Stamm (UDC) n’a pas contesté l’amélioration de la situation sécuritaire avec l’adhésion aux accords de Schengen. Il n’a toutefois pas convaincu les délégués de la possibilité d’atteindre le même résultat avec des accords ponctuels.

De son côté, une autre invitée, la députée socialiste Anne-Catherine Menétrey (Verts), a mis en doute la nécessité de protéger le secret bancaire. Elle s’est déclarée favorable à l’adoption de mesures d’assouplissement supplémentaires, sans rejeter pour autant l’ensemble des neuf volets de l’accord des Bilatérales II.

Joseph Deiss engagé

Le conseiller fédéral Joseph Deiss, seul membre PDC du gouvernement fédéral, s’est engagé à fond samedi.

Il a rappelé que 2005 était une année phare pour la Suisse en matière de politique européenne. Il a défendu la voie bilatérale, soulignant que les accords avec l’UE favoriseront la place financière, la croissance, les emplois et la sécurité. «Il s’agit là d’un passage obligé pour la Suisse», a-t-il ajouté.

Sans ménager ses critiques envers les opposants aux bilatérales bis «Les polémiques ne nous mèneront pas loin. Pas plus qu’une stratégie d’isolationnisme vis-à-vis de nos partenaires étrangers», a-t-il conclu.

swissinfo et les agences

Le 23 janvier, une enquête a montré que les deux tiers de la population est favorable à la ratification des accords de Schengen et Dublin.
Mais seule une légère majorité (52%) approuve l’extension de la libre circulation aux 10 nouveaux membres de l’UE.

– Les Suisses voteront sur Schengen/Dublin si le référendum lancé par la droite dure de l’UDC réussit à réunir les 50’000 signatures requises. Si c’est le cas, la votation aura lieu le 5 juin.

– L’extension de la libre circulation des personnes aux 10 nouveaux membres de l’UE est rejetée par la droite dure (UDC et Démocrates suisses) et un groupe d’extrême-gauche. Les Suisses voteront le 25 septembre.

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