Les plumes masquées du carnaval
Les carnavals débutent ce week-end. Et avec eux les journaux satyriques font leur apparition. Dans un flot d'humour noir.
S’exhiber, se moquer, parler de sa peur de la mort et de ses désirs… Avec l’arrivée des carnavals, un vent libertaire souffle sur la Suisse. Alors que certains défilent avec un masque, d’autres usent de la plume.
Ils s’expriment dans des «canards» comme le «Bourdon» d’Yverdon, «La Salière» de Bex, le «Cornichon» de Bienne, «Jusqu’au Bout Rions» de Monthey, ou «La Fouine» de Fribourg.
Les journaux satyriques jouent un rôle essentiel dans la fête qui marque le retour du printemps. Parfois sous un pseudonyme, leurs rédacteurs osent dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Ils se risquent au politiquement incorrect, aux caricatures plus ou moins gentilles, aux jeux de mots corrosifs.
Menacés par la censure
Ces publications sont une vieille tradition. Elles se sont multipliées dès la moitié du 19e siècle. Mais leur existence a souvent été menacée par la censure ou la susceptibilité des personnes influentes.
En fait, les rédacteurs ne sont pas forcément identifiables. Ce qui facilite une sorte de libération de la parole critique et incisive. Pour autant, les éditeurs de ces pamphlets ne sont pas à l’abri de la loi. Ils sont responsables de ce qu’ils diffusent.
Aujourd’hui, quelque 80 journaux satyriques sont publiés en Suisse. Certains ont dû essuyer des procès. A l’instar du «Poue-Seiyai», de Porrentruy, condamné il y a quelques années à une amende symbolique de cent francs. Un juge avait porté plainte pour atteinte à l’honneur.
Un peu moins amusant, l’éditeur d’un journal satyrique aurait même dû élire domicile dans un autre canton, après s’être montré un peu trop méchant… Et après avoir perdu son emploi à l’Etat. Toutefois, le Conseil suisse de la presse n’a pas eu vent de nombreuses affaires de ce type.
Caroline Zuercher
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