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Les syndicats pour la libre circulation

Les syndicalistes Paul Rechsteiner et Hugo Fasel (premier plan) ont plaidé lundi pour l'extension de la libre circulation des personnes. Keystone

Les syndicats suisses défendent l’extension de l’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes aux dix nouveaux membres de l’Union européenne.

Le thème sera soumis au peuple le 25 septembre, mais les sondages laissent entrevoir un refus.

Les travailleurs seront mieux protégés par l’extension de l’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes. Le comité national des organisations de salariés l’a affirmé lundi en lançant sa campagne pour la votation du 25 septembre.

«Le danger d’un dumping salarial et d’une pression sur les conditions de travail est une réalité», a constaté devant les médias Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse (USS). Mais les mesures d’accompagnement obtenues par les syndicats obligent l’Etat à lutter contre la sous enchère salariale, a-t-il expliqué.

Le renforcement de la protection des salariés passe par des conventions collectives de travail à force obligatoire, la possibilité d’édicter si nécessaire des salaires minimaux légaux et le contrôle des conditions de travail par des inspecteurs, a détaillé le syndicaliste.

Immigration sauvage

Dire non à l’extension de l’accord bilatéral aux ressortissants des nouveaux pays membres de l’UE, «c’est dire oui à l’immigration sauvage», a renchéri Hugo Fasel, président de Travail.Suisse. Selon lui, la Suisse a besoin de travailleurs étrangers, mais les conditions de travail doivent être les mêmes pour tous et les contrôles renforcés.

Un grand travail de conviction reste à faire car les adversaires ont beau jeu de prédire le pire à chaque licenciement, a constaté M. Fasel. «On ne gagnera que par un travail explicatif et si l’on écoute les gens et cherche le dialogue», est-il convaincu après une série de rencontres avec les syndicats membres de l’organisation faîtière des syndicats chrétiens.

Campagne autonome

Pas question pour autant de faire campagne avec economiesuisse et les partis bourgeois favorables à un oui le 25 septembre, a mis au point le président de l’USS. «Nous défendons le même mot d’ordre, mais c’est nous qui avons imposé les mesures d’accompagnement et nous travaillons indépendamment», a déclaré M. Rechsteiner.

Les employés disent oui à l’ouverture parce qu’ils savent qu’elle se fera par étapes et s’accompagnera d’un renforcement de ces mesures, a expliqué Alexander Tschäppät, président de la Société suisse des employés de commerce (SEC Suisse). Mises en oeuvre «de manière plutôt hésitante», les mesures d’accompagnement sont désormais soutenues par la Confédération et la plupart des cantons, s’est-il réjoui.

Leur renforcement requiert absolument davantage d’inspecteurs du travail dans les cantons, a indiqué Beat W. Zemp, président de l’Alliance des associations de travailleuses et travailleurs (Conférence d’Ebenrain). L’efficacité de ces mesures est en effet la pierre de touche du bon fonctionnement de l’ouverture graduelle.

Croissance soutenue

La libre circulation des personnes est une réelle chance pour le pays, a assuré M. Zemp. Selon des estimations prudentes, l’extension du marché européen aux dix nouveaux membres pourrait signifier une croissance supplémentaire de 1 à 2 milliards de francs par an.

Selon M. Zemp, la Suisse en profitera par un recul du chômage et une hausse des recettes fiscales des collectivités publiques.

Mais avant d’en arriver là, il faudra encore passer l’écueil de la votation fédérales du 25 septembre. Or les Suisses ne sont de loin pas enthousiasmés par l’extension.

Selon un sondage réalisé par Le Matin Dimanche, 35% des Suisses accepteraient l’extension de la libre circulation des personnes, 44% la refuseraient et 21% sont indécis.

swissinfo et les agences

Depuis le 1er juin 2002, la libre circulation des personnes est en vigueur entre la Suisse et les 15 pays qui constituaient l’UE avant le 1er mai 2004.
Elle doit être étendue aux dix nouveaux membres de l’UE: les trois pays baltes, Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Chypre, Malte.
Les Démocrates suisses ont obtenu le référendum. Les citoyens devront donc voter le 25 septembre.

– Le Comité suisse des organisations des salariés pour la «libre circulation des personnes assorties de mesures de protection» représente 850’000 salariés.

– Il regroupe l’USS, Travail.Suisse, SEC Suisse et la Conférence d’Ebenrain. Cette dernière rassemble douze associations de personnel du secteur public et privé.

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