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Les villes refusent une politique d’asile plus dure

A Zurich, un projet pilote propose des travaux d'utilité publiques aux réfugiés. Keystone

Réunis mardi à Olten pour la 2e Conférence zurichoise sur l’asile, des représentants de villes suisses dénoncent le renforcement de la répression.

Les autorités municipales préfèrent améliorer l’intégration des requérants d’asile pour éviter qu’ils n’aillent grossir les rangs des sans-papiers.

Pour la seconde année consécutive quelque 100 représentants de communes et d’organisations sociales se sont réunis à l’appel de la ville de Zurich à l’enseigne de la «Conférence zurichoise sur l’asile».

Après avoir lancé un manifeste sur l’asile en janvier 2003, Zurich essaie ainsi de renforcer la collaboration entre les villes et à imposer leur voix sur le dossier de l’asile.

Villes exclues des décisions

Celles-ci continuent en effet à se sentir exclues de la politique d’asile, qui est l’affaire de la Confédération et des cantons. Alors que les problèmes liés aux requérants se posent dans les communes où ils sont placés, a expliqué la responsable des Affaires sociales de la ville de Zurich Monika Stocker (Verts).

Les requérants n’ayant pas le droit de travailler dès leur arrivée en Suisse (entre trois et six mois selon les cantons), ils sont souvent désoeuvrés et tombent dans la criminalité, ont constaté les intervenants. Les traditionnels programmes d’occupation ne leur offrent pas toujours suffisamment de places.

La conseillère administrative de la ville de Berne Ursula Beggert (Union démocratique du centre, UDC, droite dure) a appelé les communes à créer elles-mêmes des places de travail, même si cela demande une grande force de persuasion face au canton.

Projet novateur à Zurich

Le conseiller administratif zurichois Andres Türler (radical) a tiré un bilan positif des emplois d’utilité publique proposés depuis un an et demi aux quelque 5000 requérants hébergés dans la ville de Zurich.

Environ 140 requérants sont employés dans les différents départements de la ville. Ils effectuent pour 210 francs en moyenne par mois des travaux d’appoint dans les écoles, les hôpitaux, les EMS ou les trams, a expliqué M. Türler.

Selon la ville, le modèle a fait ses preuves. Les requérants ont ainsi une meilleure image d’eux-mêmes, ils sont mieux acceptés par la population parce qu’ils travaillent en échange de l’aide sociale et «le discours sur l’asile s’est normalisé».

«Risque de dérive»

Ces places dites «d’utilité publique» ne convainquent toutefois pas le responsable de la jeunesse et de l’éducation de la ville de Lausanne Oscar Tosato. Même s’il approuve les efforts d’intégration, il voit «un risque de dérive» dans le modèle zurichois.

Selon lui, il faut éviter que les réfugiés soient exploités pour effectuer des travaux nécessaires à moindre prix. M. Tosato s’inquiète également que les requérants zurichois nettoient des cours d’école ou repassent le linge des pensionnaires des EMS pour un salaire de misère.

«Ne faudrait-il pas créer des places de travail normalement payées pour ces tâches?», a-t-il demandé.

Mme Stocker lui a assuré que les requérants ne volent pas le travail des personnes qui ont le droit de travailler, mais qu’ils réalisent des travaux qui ne pourraient être faits autrement. «Une commission composée de représentants de la ville, des patrons et des syndicats y veille».

Obligation de travailler

M. Tosato estime par ailleurs qu’il a des problèmes plus urgents, tels que le règlement du statut des sans-papiers, «entre 6 et 10 000 à Lausanne, contre 2600 requérants d’asile».

La ville doit également survenir aux besoins élémentaires des requérants frappés de non-entrée en matière. Car ils ne touchent plus l’aide sociale depuis avril et certains sont entrés dans la clandestinité.

Dans une résolution, les participants ont dénoncé les propositions «répressives» du gouvernement en matière d’asile. Selon eux, elles vont provoquer une augmentation des sans-papiers dans les villes.

Ils ont également exigé que l’obligation pour les requérants d’accepter des places d’utilité publique soit inscrite dans la loi. Elles devraient être co-financées par la Confédération.

Enfin, les participants se sont prononcés en faveur de l’application des accords de Schengen/Dublin avec l’Union européenne, ce qui permettrait de mettre sur pied une politique d’asile commune à toute l’Europe.

swissinfo et les agences

Un projet pilote a été lancé à Zurich en avril 2003 avec un budget de 1,4 million de francs.
Environ 100 demandeurs d’asile ont reçu un «bonus» mensuel de 210 francs en moyenne pour travailler dans des homes, des écoles ou des parcs publics.
Ce projet a créé une controverse car la réglementation fédérale interdit aux demandeurs d’asile de travailler.

– Dans leur résolution, les participants à la Conférence dénoncent les propositions «répressives» du gouvernement, qui ne feront qu’augmenter le nombre des sans papiers.

– Ils ont exigé que l’obligation pour les requérants d’accepter des places d’utilité publique soit inscrite dans la loi et que la Confédération participe au financement.

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