Moritz Leuenberger appelle à la collégialité
Selon le président de la Confédération sortant, la participation des membres du gouvernement à la campagne pour les élections fédérales de l'automne 2007 doit être limitée.
Moritz Leuenberger mise sur la collégialité et la capacité de faire des compromis pour que le gouvernement puisse avoir prise sur la réalité et résoudre les grands problèmes de la Suisse.
«Seul un large compromis politique permettra par exemple d’assainir l’AVS», déclare M. Leuenberger dans une interview publié dans la «SonntagsZeitung». «Cela pourrait par exemple signifier: aussi bien une discussion sur l’âge de la retraite que sur de nouvelles recettes.»
Avec cette déclaration, le conseiller fédéral égratigne un tabou de son parti. Jusqu’ici en effet, le Parti socialiste a férocement combattu tout relèvement de l’âge de la retraite. Pour réunir des majorités et gagner des référendums, le Conseil fédéral (gouvernement) doit parler d’une seule voix, selon le président de la Confédération sortant.
Même contre son parti
«Cela peut aller jusqu’à prendre des positions contre son propre parti. Les conseillers fédéraux bourgeois pourraient y être contraints dans la question des recettes et les représentants socialistes avec celle de l’âge de la retraite», ajoute Moritz Leuenberger.
Rappelons que ce dernier dirige le comité gouvernemental qui planche sur l’assainissement des assurances sociales. «En faisant campagne contre le collège fédéral, tout se bloquera», insiste Moritz Leuenberger.
Autre tabou: l’atome
En ce qui concerne la politique énergétique de la Suisse, le ministre de l’Energie et de l’Environnement conserve la même liberté par rapport à son parti, fervent partisan de la suppression totale de l’atome.
Face à une pénurie énergétique Moritz Leuenberger affiche le même pragmatisme:
«Si nous nous contentions d’importer de l’électricité, produite avec du gaz ou du charbon, ce serait inacceptable, du point de vue de l’environnement», ajoute-t-il.
Mais la construction d’une nouvelle centrale suppose de longues années de procédure et pose la question de sa faisabilité politique.
Le patron de l’Energie évoque «une solution en forme de mosaïque» où «toutes les propositions sont les bienvenues». Un programme ambitieux d’économies – à commencer par les bâtiments – permettrait de repousser la pénurie de deux à trois ans.
Parti socialiste fâché
Noël ou pas Noël, la réaction ne s’est pas faite à attendre. Dimanchem Hans-Jürg Fehr, président du PS, n’a pas caché son mécontentement face à ces déclarations.
Certes, Hans-Jürg Fehr «comprend» qu’un conseiller fédéral n’a pas à défendre la position de son parti, mais il aurait souhaité une certaine retenue, d’autant plus que rien n’obligeait le ministre à prendre position actuellement.
Pas de campagne contre un collègue
Autre thème évoqué dans la «SonntagsZeitung», la stratégies électorales de son parti, lequel avait laissé entendre qu’il ne réélirait pas Christoph Blocher, représentant de l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure) au Conseil fédéral.
Moritz Leuenberger précise qu’il n’est pas un membre de la base, mais conseiller fédéral socialiste. «Je ne mène donc pas de campagne électorale contre un membre du gouvernement», déclare-t-il.
L’année dernière, lui-même avait été élu président de la Confédération contre la volonté de l’UDC. «On ne peut pas reprocher à un parti de pas élire quelqu’un», ajoute-t-il.
Préserver la collégialité
Il y a un mois, en tirant le bilan de son année présidentielle, Moritz Leuenberger avait surpris son monde en annonçant qu’il prolongeait son mandat afin d’assurer le maintien d’une collégialité de plus en plus mise à mal.
Ces propos faisaient allusion à Christoph Blocher, lequel a provoqué maintes polémiques avec des déclarations fracassantes rompant avec la collégialité. Au point de se faire accuser de garder ses habits de chef de parti et de continuer son combat idéologique tout en occupant une fonction gouvernementale.
swissinfo et les agences
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Collégialité
Le Conseil fédéral (gouvernement suisse) se compose de sept membres, élus ou réélus tous les quatre ans par l’Assemblée fédérale (Parlement).
Chaque conseiller ou conseillère fédérale exerce la charge de ministre à la tête d’un département.
Chaque année, l’un(e) de ses membres est nommé(e) président(e) de la Confédération, une charge représentative qui ne représente pas de pouvoir particulier.
Fils de pasteur, il est entré en politique lors de ses études de droit à l’Université de Zurich en Mai 68.
A 26 ans, il devient président du Parti socialiste de la ville.
1974-1983: membre du parlement municipal.
1979: élu au Conseil national (Chambre du peuple).
1991-1995: membre de l’exécutif cantonal de Zurich.
1995: élu au Conseil fédéral (gouvernement).
Agé de 59 ans, il dirige le Ministère de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.
En 2001 et 2006, il a été président de la Confédération.
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