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Négociations finales pour la conférence sur le racisme

La lutte contre le racisme provoque de nombreuses polémiques. Reuters

A quelques semaines de la conférence d'examen de l'ONU sur le racisme – menacée par un boycott occidental – un consensus se dessine sur le texte final qui sera adopté à Genève. Les points les plus polémiques – le Proche Orient et la diffamation des religions – ont été effacés.

Rien n’est encore joué. Mais l’échec n’est plus programmé. Le groupe préparatoire de la Conférence d’examen de Durban (Genève, du 20 au 24 avril) a présenté mardi un nouveau projet de déclaration finale débarrassé des points les plus litigieux.

«Nous avons maintenant une bonne base, solide, pour les Etats alors que nous entrons dans la phase finale», a salué la Haut Commissaire aux droits de l’homme.

Et Navi Pillay d’ajouter: «J’espère sincèrement qu’elle représente la percée nécessaire afin d’arriver à un consensus sur un texte qui puisse aider concrètement des centaines de groupes et des millions d’individus victimes du racisme et d’autres formes d’intolérance tout autour de la planète.»

«La balle est maintenant dans le camp des occidentaux», relève pour sa part le consultant Yves Lador.

De fait, ce lundi encore, l’Union européenne menaçait de boycotter la conférence genevoise contre le racisme, si les documents préparatoires n’étaient pas modifiés, tout comme précédemment les Etats-Unis et l’Australie, deux pays qui ne participent pas officiellement aux négociations préparatoires. Enfin Israël, le Canada et l’Italie avaient annoncé dès l’année dernière leur refus de participer à la conférence.

Mais ce jeudi, plusieurs pays européens dont la Suisse et des pays issus de tous les groupes régionaux représentés à l’ONU ont adopté une déclaration de soutien au nouveau projet de déclaration et appelé à la poursuite des négociations.

Un texte consensuel

De fait, le nouveau projet de déclaration finale répond largement aux attentes occidentales. Ce texte de 17 pages ne mentionne plus explicitement Israël, alors que le document précédent de 60 pages consacrait quatre paragraphes à l’Etat hébreux et à la question palestinienne.

Dans une réaction à chaud, Israël rejette néanmoins la version amendée du projet de déclaration finale et continue d’appeler au boycott. «L’article 1 du projet fait directement référence à la déclaration et au programme d’action de la Conférence de Durban en 2001», explique en guise de justification le ministère israélien des Affaires étrangères cité par l’Agence télégraphique suisse.

Pourtant à l’issue de la conférence de Durban (Afrique du Sud) en septembre 2001, Shimon Perez, alors ministre israélien des Affaires étrangères, avait déclaré à propos de la déclaration finale et du plan d’action du sommet onusien qu’ils étaient «un grand succès et une défaite cuisante pour la Ligue arabe».

L’autre critique des Occidentaux – l’inscription de la diffamation des religions dans le corpus juridique des droits de l’homme – est également retenue. Le nouveau texte ne parle plus que d’incitation à la haine raciale et religieuse, en référence à l’article 20 du Pacte international sur les droits civils et politiques, l’un des deux textes d’application de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Exit aussi les demandes de réparation liée à la traite des esclaves et à la colonisation européenne.

En contrepartie, les pays musulmans et africains ainsi que le Vatican ont obtenu que la question des discriminations liées à l’homosexualité ne figure plus dans le projet de déclaration.

Tactique de négociations

Pour expliquer ce retournement, Adrien-Claude Zoller souligne en premier lieu la logique propre à toute négociation internationale. «Après une phase où chacun fait monter les enchères, arrive le temps du compromis», relève le directeur de Genève pour les droits de l’homme, une ONG qui propose des formations pour les ONG et les diplomates.

Selon ce spécialiste, le nouveau document de travail devrait permettre d’éviter (sans l’exclure totalement) de nouvelles surenchères lors des négociations qui vont se poursuivre jusqu’à la conférence d’avril. Un espoir partagé par Navi Pillay. La Sud-africaine a en effet appelé les Etats à ne pas adopter une «position étroite, politique ou polémique», mais au contraire à œuvrer ensemble pour garantir le succès de la réunion.

Mais il y a encore loin de coupe aux lèvres. «Nous allons maintenant voir si les partisans du boycott sont sincères dans leurs critiques ou s’ils veulent saboter la conférence», souligne Yves Lador.

«Le courant appelant au boycott de la conférence s’inscrit dans le sillage des néoconservateurs américains», estime le consultant genevois, l’objectif étant toujours de saper l’ONU et son cadre de négociation multilatérale.

En face, les régimes autoritaires et dictatoriaux vont continuer à grignoter les instruments et les textes relatifs aux droits humains, selon Yves Lador, que se soit dans le cadre de la conférence sur le racisme ou dans celui du Conseil des droits de l’homme, instance organisatrice de la réunion genevoise.

L’effet Obama

Mais comme le relève Adrien-Claude Zoller, deux éléments au moins ont permis de déminer le champ des négociations: le fort engagement en faveur d’un compromis de la Haut–Commissaire aux droits de l’homme, une Sud-africaine peut suspecte d’arrogance occidentale et les signaux envoyés par la nouvelle administration américaine et sa volonté de s’engager en faveur d’un accord de paix au Moyen-Orient.

Adrien-Claude Zoller, lui, avertit:«Tant que ce conflit ne fera pas l’objet d’une conférence internationale, il réapparaitra à n’importe quelle occasion offerte par l’ONU.»

swissinfo, Frédéric Burnand à Genève

Durban En septembre 2001 dans la ville sud-africaine de Durban, l’ONU tient un sommet contre le racisme.

Israël La conférence donne lieu à des manifestations prônant la destruction d’Israël et à une déclaration de la société civile considérée comme antisémite.

Unanimité La conférence évite in extremis le naufrage par l’adoption à l’unanimité d’une déclaration finale et d’un plan d’action dont le contenu suscite le soulagement du gouvernement israélien qui s’était pourtant retiré des négociations, tout comme les Etats-Unis.

Suivi Comme de coutume à l’ONU, le sommet de Durban fait l’objet d’une conférence de suivi chargée d’évaluer la mise en œuvre des textes adoptés en septembre 2001.

Genève La conférence d’examen de Durban se déroule à Genève du 20 au 24 avril 2009.

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