Pour défendre réellement les droits de l’homme
A Genève, Kofi Annan appelle les membres de la Commission des droits de l'Homme à statuer rapidement sur son projet de réforme de l’institution.
Face à «l’effritement de la crédibilité» de cet organe des Nations Unies, le secrétaire général veut la remplacer par un Conseil des droits de l’homme.
Le mois dernier, Kofi Annan a proposé de remplacer l’actuelle Commission (CDH) par un Conseil. Celui-ci serait plus restreint que la CDH, au sein de laquelle siègent des pays qui ne respectent pas eux-mêmes les libertés fondamentales.
«L’effritement de la crédibilité de la Commission a terni la réputation du système des Nations Unies dans son ensemble», a déploré Kofi Annan en s’adressant aux 53 pays membres réunis pour six semaines à Genève en session annuelle. Selon lui, «des réformes fragmentaires ne suffisent pas».
«La création d’un Conseil des droits de l’Homme serait l’occasion de prendre un nouveau départ. J’engage instamment les Etats membres à prendre rapidement une décision de principe concernant sa création», a poursuivi le patron des Nations Unies.
Réforme globale
En ouverture de session déjà, la cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey avait plaidé pour l’instauration de ce Conseil.
Le projet s’inscrit dans une réforme globale des Nations Unies prévoyant notamment un élargissement du Conseil de sécurité. Pour le secrétaire général, les futurs membres du Conseil des droits de l’homme devraient justifier «d’un solide attachement aux normes les plus élevées en matière de droits de l’homme».
Le Conseil siégerait en permanence, alors que la CDH ne se réunit que six semaines par an. Ses membres seraient élus à la majorité des deux tiers par l’Assemblée générale et non sur une base régionale comme c’est le cas aujourd’hui.
La tâche principale de ce nouvel organe serait «d’évaluer la manière dont tous les Etats s’acquittent de toutes leurs obligations en matière de droits de l’homme», a expliqué Kofi Annan.
Chaque Etat ferait l’objet d’une évaluation périodique. Le Conseil pourrait «se pencher sur les cas de violations massives et flagrantes» et «porter à l’attention de la communauté mondiale les crises exigeant que des mesures soient prises d’urgence», a-t-il encore souligné.
L’exemple du Darfour
A titre d’exemple, le secrétaire général a évoqué «les effroyables souffrances» au Darfour, estimant que la communauté internationale a «déjà trop tardé» à mettre un terme aux exactions contre les civils dans cette région de l’ouest du Soudan.
L’an dernier, la Commission avait adopté un texte édulcoré à propos du Darfour, évitant de mentionner les milices gouvernementales djandjawids responsables de ces exactions. Le Soudan, désigné par le groupe africain, fait partie de la CDH.
Autre exemple, aucune résolution n’a été déposée contre la Chine, ou contre la Russie en ce qui concerne la situation en Tchétchénie. En revanche, des Etats moins puissants ou plus isolés comme le Bélarus, la Birmanie, la Corée du Nord ou Cuba pourraient à nouveau faire l’objet d’une condamnation.
On reste à Genève
Par ailleurs, Kofi Annan a tenu à rassurer ceux qui craignent de voir le futur Conseil s’établir à New York, où siègent déjà Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.
«Le Haut Commissariat aux droits de l’homme fonctionne très bien à Genève. La question de déménager tout cela à New York n’est pas posée. Donc, tout le monde doit se calmer», a déclaré le secrétaire général.
swissinfo et les agences
– La Commission des droits de l’homme des Nations Unies fait face à une décrédibilisation croissante.
– Elle a notamment été critiquée dans le rapport sur la réforme de l’ONU commandé par Kofi Annan et remis au secrétaire général à la fin de l’an dernier.
– Les auteurs du rapport, comme de nombreux pays démocratiques et d’ONG, lui reprochent de se préoccuper davantage de mettre ses membres à l’abri des critiques que de lutter contre les violations des droits de l’homme dans le monde.
– Kofi Annan souhaite donc la voir remplacée par un Conseil des droits de l’homme, qui serait sur pied d’égalité avec le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.
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