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Premiers soldats suisses armés à l’étranger

Composé de 170 hommes et 8 femmes, le 7e contingent s’envole jeudi pour le Kosovo. Keystone

Pour la 1ère fois, des soldats suisses accomplissent une mission de paix à l'étranger en étant armés. Ils mettent ainsi fin à une tradition suisse.

Le 7e contingent de la Swisscoy a débuté jeudi un engagement de six mois au Kosovo.

Lors d’une brève cérémonie de relèvement sur le secteur militaire de l’aéroport de Pristina, au son de marches militaires et de l’hymne national, le nouveau commandant du 7e contingent, le lieutenant-colonel Sylvain Curtenaz, 39 ans, s’est vu remettre le drapeau de la Swisscoy des mains du 6e contingent.

Dans une intervention en anglais, en allemand, en français et en italien, le commandant a souligné la «fierté» de son contingent d’être le premier à porter des armes.

«C’est pour nous un honneur et une responsabilité», a-t-il ajouté. Le chef de la Brigade Sud de la KFOR, le général allemand Wolf-Dieter Skodowski a remercié l’engagement des Suisses au sein de la force internationale au Kosovo.

«Conformément à la tradition militaire, l’arme sera portée sur l’homme, explique Urs Casparis, porte-parole adjoint de la section opération de maintien de la paix de l’Etat-major général.»

Composé de 170 hommes et 8 femmes, ce 7e contingent est au Kosovo pour un engagement de six mois. Les soldats portent leur fusil d’assaut ou leur pistolet.

Du matériel lourd est également prévu. Le contingent recevra cinq véhicules blindés à roues. Contrairement aux véhicules précédemment engagés, ces cinq nouvelles unités sont équipés de mitrailleuses et de lanceurs de fumigènes.

La Swisscoy disposera aussi d’un hélicoptère de transport de type Super Puma. Cet appareil, intégré dans les forces allemandes, permettra de combler un manque de capacités de la Force internationale au Kosovo (KFOR) dans le domaine du transport aérien.

Avec la bénédiction du peuple

Jusqu’à présent, la neutralité suisse rendait impensable l’envoi de soldats armés à l’étranger. Jusqu’à présent, les Suisses participaient seulement aux missions internationales comme observateurs militaires de l’ONU, personnel soignant de l’ONU ou encore Bérets jaunes de l’Organisation pour la sécurité et de la coopération en Europe (OSCE).

Mais l’armement de ces soldats a été rendu possible le 10 juin 2001. Le peuple suisse a alors accepté par 51% des voix une modification dans ce sens de la loi militaire.

Ce changement de cap ne s’est pas fait sans mal. La modification était en effet à la fois attaquée à droite par l’«Action pour une Suisse indépendante et neutre» et à gauche par le «Groupe pour une Suisse sans armée».

Effectifs en hausse

Suite à cette bénédiction populaire, le Parlement a, à son tour, accepté l’armement de la Swisscoy. C’était en septembre dernier. Cette décision a été acceptée par 116 voix contre 31 au Conseil national et par 36 voix sans opposition au Conseil des Etats.

L’effectif du contingent a par ailleurs été revu à la hausse, passant de 160 à 220 personnes. Cette augmentation est étroitement liée à l’armement.

Mais à quoi servira cet armement? Commandant du 5e contingent de la Swisscoy, le premier-lieutenant Walter Schweizer apportait déjà une réponse claire à l’époque: «Nous pourrons activement participer à la surveillance du camp et à des points de contrôle temporaires».

Jusqu’à présent, le camp de Suva Reka, qui héberge les contingents autrichien et suisse, était surveillé par les Autrichiens.

Par ailleurs, la sécurité des volontaires de la Swisscoy était également assurée des gardes-fortifications suisses, une solution qui s’avérait onéreux.

Un armement dommageable pour la Suisse?

La Swisscoy était très appréciée de la population kosovare, justement parce qu’elle n’était pas armée. Mais cette période est révolue. Désormais, le port de l’arme sera de rigueur même sur des chantiers et lors de missions de transport d’eau.

Avec des armes, la Swisscoy sera aussi amenée à participer à des missions qui étaient autrefois assumées par les autres membres de la KFOR. On peut citer l’exemple des contrôles routiers.

Urs Casparis reconnaît que les missions délicates vont se multiplier pour la Swisscoy. Il souligne toutefois que les Suisses n’assumeront pas seuls les contrôles routiers. Par ailleurs, il n’est pas question qu’ils participent à des missions telles que des perquisitions à domicile.

«Je ne crois donc pas que le port d’armes aura un impact négatif sur la bonne renommée de la Swisscoy au Kosovo», conclut Urs Casparis.

On peut d’ailleurs remarquer que les membres de la Swisscoy possédaient déjà des armes avant même le vote du 10 juin 2001.

Peu de gens en Suisse le savaient, mais la Swisscoy disposait d’une arme dans chaque véhicule, afin de répondre aux directives de la KFOR.

La Swisscoy crée un précédent

Les Suisses vont s’habituer aux images de leurs soldats armés à l’étranger. La Swisscoy joue donc un rôle de pionnier. Les prochaines missions de paix au Kosovo mais aussi ailleurs dans le monde seront également armées.

«En Suisse, il faut parfois longtemps pour prendre une décision, conclut Urs Casparis. Mais une fois qu’elle est prise, elle vaut pour longtemps.»

swissinfo/Philippe Kropf

250 personnes au maximum
1 hélicoptère Super Puma
5 véhicules blindés armés de mitrailleuses
Stationnement au camp autrichien de Suva Reka
Volontaires armés d’une fusil d’assaut ou d’un pistolet

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