Quelle aide publique aux médias? Notre débat
Les Suisses votent le 13 février sur un paquet de mesures d’aides aux médias. Avant la votation sur le sujet, SWI swissinfo.ch en a débattu avec la sénatrice verte Lisa Mazzone et le sénateur libéral-radical Philippe Bauer.
L’État doit-il soutenir davantage les médias privés? C’est la question qui sera posée aux Suisses lors des votations fédérales du 13 février prochain.
Perte massive de leurs revenus publicitaires, concurrence des géants du web, chute des abonnements, les médias souffrent. Depuis 2003, environ 70 journaux ont disparu dans le pays.
Dans ce contexte, le gouvernement et le Parlement souhaitent soutenir davantage les journaux, radios, télévisions et médias en ligne pour garantir leur qualité et leur diversité. Ils ont élaboré un paquet d’aides financières directes et indirectes, qui prévoit d’allouer aux médias environ 150 millions de francs supplémentaires par année.
Un référendum a été lancé par des politiciennes et politiciens de droite ainsi que des éditeurs, qui craignent de voir les médias perdre leur indépendance.
>> Les détails du paquet d’aide aux médias:
Plus
Le soutien public aux médias suisses entre les mains du peuple
La grande nouveauté de ce projet est qu’il prévoit d’accorder une aide directe de 30 millions de francs par année aux médias en ligne. Ce soutien est particulièrement problématique, a estimé le sénateur neuchâtelois Philippe Bauer dans SWI Arena. «Dans ma conception libérale de l’économie, s’il y a une demande pour un produit, comme les médias électroniques, des entrepreneurs vont investir dans ce domaine et n’ont pas besoin de l’aide de l’État», a-t-il affirmé.
Pour la sénatrice verte Lisa Mazzone, cette aide est nécessaire pour aider la presse à opérer sa mue numérique et assurer la qualité et la diversité de l’information. «Les médias en ligne subissent la concurrence directe des géants d’Internet. Ce soutien temporaire vise à assoir un certain nombre d’offres médiatiques essentielles à la vitalité de notre démocratie», a-t-elle déclaré.
Les mesures d’aide mettent en péril l’indépendance des médias helvétiques, aux yeux de Philippe Bauer. «Les médias qui reçoivent des fonds publics risquent de ne pas se montrer assez critiques vis-à-vis du gouvernement», a-t-il mis en garde.
Lisa Mazzone estime au contraire que les aides aux médias permettent de renforcer la liberté de la presse. «Le soutien financier n’est assorti d’aucune condition. On respecte le principe de l’indépendance des médias et on le consolide même, car si nous ne faisons rien la concentration de la presse va s’accélérer, ainsi que la diversité des points de vue», a-t-elle souligné.
>> Revoir l’intégralité du débat:
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.