Radicaux et socialistes en pré-campagne électorale

A une année des élections fédérales, deux partis gouvernementaux affichent déjà couleurs et ambitions.
A droite, on veut reconquérir le terrain perdu, tandis qu’à gauche, on vise un troisième siège au gouvernement. Les Verts, pendant ce temps, donnent leurs mots d’ordre pour le scrutin populaire du 26 novembre.
En assemblée samedi à Zurich, le Parti radical-démocratique a dévoilé sa stratégie pour effacer quelques années d’échecs et parvenir à la reconquête de 60 sièges au parlement en 2007. Soit six de plus qu’aujourd’hui.
Les radicaux veulent être «la force positive de la Suisse». Pour ce faire, le parti a affiné sa stratégie élaborée en 2004, pour les élections précédentes. Elle repose sur quatre piliers: «contenus, langue, têtes et cœur». Le document prévoit également l’utilisation d’un langage plus humain afin de rompre avec l’image de «parti de l’économie».
Devant 500 délégués, le président du parti Fulvio Pelli s’est livré à une démonstration d’optimisme face à l’avenir. Il s’en est pris aux adversaires politiques des radicaux. «A gauche comme à droite, les prophètes du malheur jubilent à l’idée de dépeindre l’avenir en noir», a-t-il regretté, fustigeant cette «culture de la défaite».
Au passage, Fulvio Pelli a attribué un satisfecit aux deux minsitres radicaux: Hans-Rudolf Merz pour avoir poursuivi l’oeuvre d’assainissement des finances de son prédécesseur et Pascal Couchepin pour avoir réduit l’augmentation des dépenses de santé.
Ambitions gouvernementales
Pendant ce temps, les socialistes étaient en congrès à Sursee, près de Lucerne.
Eux aussi ont annoncé la couleur. «Nous voulons plus de pouvoir», a clamé le président Hans-Jürg Fehr, fixant à ses troupes deux objectifs «ambitieux, mais réalistes»: devenir le premier parti de Suisse et mettre fin à la majorité bourgeoise au gouvernement.
Cheffe du groupe parlementaire, Ursula Wyss n’a pas caché que c’est le radical Hans-Rudolf Merz qui est visé. Reste à savoir à qui reviendrait le siège ainsi conquis: aux socialistes, aux Verts, voire aux démocrates-chrétiens.
Le PS aborde les élections avec un papier de position de 60 pages en 28 chapitres, touchant notamment aux prestations de l’Etat, à l’équité sociale et la protection de l’environnement.
Cette plateforme électorale demande aussi l’ouverture rapide de négociations d’adhésion avec l’Union européenne, point qui a déplu é deux sections romandes, inquiète de l’avenir du service public.
Le texte n’en a pas moins été adopté à l’unanimité.

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Parti radical démocratique
Halte aux privilèges fiscaux
Et sans attendre l’échéance électorale, le congrès a approuvé (par 309 voix sans opposition) le lancement d’une initiative populaire intitulée «Pour des impôts justes et équitables – stop aux abus de la concurrence fiscale !»
Le texte prévoit de frapper les hauts revenus d’un taux marginal minimal d’imposition de 22%, valable dans tout le pays. Il vise également les systèmes d’imposition dégressifs introduits par certains petits cantons, et qui irritent jusqu’à Bruxelles.
Le PS affirme que son projet ne touche que 2% des contribuables suisses et permettrait de faire rentrer dans les caisses publiques entre 250 et 300 millions de francs par année.

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Parti socialiste suisse
Coup de gueule contre Blocher
Le congrès a également été l’occasion pour Hans-Jürg Fehr de dénoncer la «tournée de pure propagande» que mène actuellement le ministre de la justice Christoph Blocher, à une semaine de la double votation sur l’asile et sur les étrangers.
Pour le président des socialistes, le refus du magistrat UDC (droite dure) de participer à des débats contradictoires est contraire aux usages d’une démocratie.
«Je l’ai publiquement accusé de mentir au sujet de la loi sur l’asile, et de favoriser les sentiments antisémites et xénophobes. Ce sont des reproches graves, mais que je peux prouver. Je regrette de ne pas pouvoir en débattre en public avec lui», a déploré Hans-Jürg Fehr .

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Initiative populaire
Deux fois non et deux fois oui pour les Verts
Les écologistes, quant à eux, étaient réunis en assemblée à Bellinzone samedi.
Egalement hostiles aux lois sur l’asile et les étrangers, ils ont appelé une dernière fois à refuser ces textes qui portent la marque du «ministre de l’injustice» Christoph Blocher, «un manipulateur, malin et rusé mais dangereux pour notre démocratie», selon les termes du vice-président des Verts Ueli Leuenberger.
Pour la prochaine votation, celle du 26 novembre, les écologistes disent oui à l’instauration d’un minimum fédéral pour les allocations familiales et oui au milliard de francs pour la coopération avec les nouveaux pays membres de l’Union européenne.
Mais pour les Verts, cet argent ne doit en aucun cas être pris sur les budgets de l’aide au développement. Le parti s’engage à y veiller lors des discussions sur le budget.
swissinfo et les agences

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Les Verts
– Le parlement fédéral suisse est composé de deux chambres, élues tous les quatre ans au suffrage universel, la prochaine fois en octobre 2007.
– Le Conseil national représente le peuple. Les cantons servent de circonscription électorale et disposent d’un nombre de sièges proportionnel à leur population.
– Le Conseil des Etats représente les cantons. Chacun a droit à deux sièges.
– C’est le parlement qui élit le gouvernement. Toujours de coalition, celui-ci est formé de représentants des quatre partis les plus forts du parlement.
– Soit actuellement deux UDC, (droite dure) deux radicaux (droite), deux socialistes et un démocrate-chrétien.

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