Record démocratique contre la révision de l’AVS

L'Union syndicale suisse avait déjà réussi à mobiliser les rentiers, ici à Berne en septembre. Keystone Archive

L'Union syndicale suisse (USS) a réussi samedi son pari: elle a récolté plus de 80'000 signatures en 48 heures pour le référendum contre la 11e révision de l'AVS.

C’est une première dans l’histoire des droits populaires suisses.

L’USS a déjà récolté plus de 100’000 signatures à travers toute la Suisse, selon Pietro Cavadini, responsable de l’information à l’USS. Dont plus de 80’000 en deux jours.

Cette action, qui a commencé jeudi à 16h00, s’est déroulée dans près de 200 endroits en Suisse.

La récolte a été facile, a précisé Jean-Claude Rennwald, coprésident de l’USS. Dans la ville de Berne seule, 15’000 paraphes ont été collectés.

Les gens sont souvent venus d’eux-mêmes aux stands pour demander à signer le référendum, a ajouté l’USS.

Le PS a déjà 10’000 signatures

Le Parti socialiste (PS) avait décidé début octobre de lancer le référendum contre la 11e révision de l’AVS.

Les Verts, l’USS et l’autre organisation faîtière syndicale Travail.Suisse lui avaient emboîté le pas, voyant dans cette révision un «démantèlement pur et simple».

Syndicats et partis avaient jusqu’au 22 janvier pour récolter les 50’000 paraphes nécessaires. Deux mois avant l’échéance, le compte est déjà atteint.

Le PS a déjà récolté environ 10’000 paraphes, selon son porte-parole Jean-Philippe Jeannerat. «Cela n’inclut pas les signatures que les sections récoltent durant le week-end», précise-t-il.

Travail.Suisse a pour sa part récolté 12’000 signatures, a indiqué l’organisation faîtière samedi dans un communiqué.

Les Verts n’ont pour l’instant pas de données. Mais la coordination est assurée par l’USS, a souligné Hubert Zurkinden, secrétaire général des Verts.

L’USS ne peut pas non plus donner de chiffres globaux. «Nous n’avons pas encore procédé à une récolte active jusqu’à présent», explique M. Cavadini. Nous n’avons qu’inséré des formulaires dans les différents journaux syndicaux.

«Du jamais vu»

Avec son action de 48 heures, l’USS voulait prouver sa capacité à combattre à l’aide des instruments de la démocratie directe tout démantèlement social.

Elle entendait aussi montrer que la population n’apprécie pas la 11e révision, qui comprend le relèvement de l’âge de la retraite des femmes, un démantèlement de la rente de veuve et un rythme d’adaptation des rentes plus lent, écrit l’USS.

La mobilisation populaire contre cette révision «donne confiance» à Jean-Claude Rennwald «pour la votation qui devrait avoir lieu en mai 2004».

«C’est du jamais vu dans l’histoire des droits populaires en Suisse», se réjouit-il encore.

Mais, si 80’000 signatures en 48 heures semblent constituer un record, on ne peut toutefois pas l’affirmer avec certitude.

Autre exemple récent de mobilisation rapide, il date de 1992, c’est celui du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA).

Le GSsA avait réussi à récolter en un mois 180’000 signatures authentifiées contre les nouveaux avions de combat F/A-18, a précisé Hans-Urs Wili, responsable de la section des droits politiques à la Chancellerie fédérale.

Comparaison difficile

Le GSsA avait en outre, selon ses propres indications, récolté dans le même laps de temps 300’000 autres signatures qui n’avaient pas été authentifiées, a ajouté M. Wili.

Dans la première moitié des années 1930, des initiatives ou des référendums avaient aussi abouti avec un nombre élevé de signatures réunies en très peu de temps – un à deux mois. Des comparaisons chiffrées précises font donc défaut.

Quoiqu’il en soit, M. Wili juge «intelligente» la manière de procéder de l’USS, car de nombreuses initiatives populaires échouent parce que la récolte de signatures s’enlise.

swissinfo et les agences