SWI Arena: le certificat Covid, salvateur ou liberticide?
Le certificat sanitaire est-il indispensable pour lutter contre la pandémie ou représente-t-il une entrave aux libertés individuelles? Le peuple suisse tranchera en votation fédérale le 28 novembre. Les deux camps ont échangé leurs arguments dans SWI Arena.
Obligatoire depuis mi-septembre pour se rendre au restaurant, au cinéma, ainsi que dans la plupart des lieux publics en intérieur, le certificat Covid cristallise les tensions. Le peuple décidera de son avenir le 28 novembre.
Les citoyennes et les citoyens se prononcent pour la seconde fois cette année sur la loi Covid-19. Le texte qui sert d’instrument pour gérer la pandémie de coronavirus a été approuvé une première fois en juin à plus de 60% des voix. Cette fois, le peuple est invité à s’exprimer sur les modifications de la loi Covid-19 du 19 mars 2021Lien externe, qui ont créé la base légale pour l’utilisation du passe sanitaire.
SWI Arena
SWI Arena est la nouvelle émission de débat de swissinfo.ch. Avant chaque votation, nous proposons aux Suisses de l’étranger d’approfondir l’un des objets soumis au peuple avec deux personnes invitées. Les camps opposés confrontent leurs arguments. Vous pouvez suivre le débat en ligne sur notre site internet et également participer en posant vos questions. En août, SWI Arena était consacrée au mariage pour toutes et tous.
«Il ne faut pas oublier que si nous refusons cette loi, des aides financières importantes vont tomber», a souligné la députée socialiste et médecin Brigitte Crottaz, dans SWI Arena, notre émission de débat destinée aux Suisses de l’étranger. L’élargissement de certaines aides financières fait en effet partie des modifications validées le 19 mars 2021. Elles ont permis d’étendre les allocations pour perte de gain, les indemnités en cas de chômage partiel ainsi que les aides destinées aux crèches et au monde culturel.
«Un certain nombre d’aides financières sont effectivement concernées, mais ce n’est pas cela que nous contestons. L’essence de mon engagement est liée à mon souci pour les libertés dans ce pays», a répliqué Jean-Luc Addor, député de l’Union démocratique du centre (UDC/ droite conservatrice). Ce dernier a précisé que le référendum s’attaque principalement au certificat Covid-19.
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Contesté dans la rue, le certificat Covid l’est aussi dans les urnes
Brigitte Crottaz estime que le passe sanitaire est un instrument qui permet à la population de retrouver une vie normale, tout en évitant une nouvelle augmentation des cas de Covid-19. «Le certificat Covid vous permet de vivre librement, d’aller au restaurant, au cinéma ou de passer les frontières. Où est la privation de liberté que dénonce le camp du non?», a questionné la collègue de parti du ministre de la Santé Alain Berset.
Ce document crée «une fracture sociale» et discrimine de manière inacceptable les personnes qui ont choisi de ne pas se faire vacciner, considère Jean-Luc Addor. «On divise la société entre les vaccinés à qui on donne bonne conscience et les non-vaccinés qu’on criminalise», déplore l’opposant.
Des tensions dans la rue
Les adversaires de la loi ont bruyamment exprimé leur mécontentement dans la rue. À Berne, certaines manifestations ont donné lieu à des débordements. Le député UDC alémanique David Beeler n’a, par exemple, pas hésité à comparer le certificat sanitaire à l’étoile jaune imposée aux juifs par les nazis, créant la polémique. Pour Brigitte Crottaz, ces propos ne font qu’exacerber les tensions. «On en fait tout un plat, mais le ton monte des deux côtés», s’est défendu Jean-Luc Addor. Il s’agit, selon lui, d’un signe que la politique sanitaire du gouvernement ne remporte pas l’adhésion de la population.
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À l’inverse, la campagne des partisanes et des partisans de la loi reste discrète et peu de moyens sont engagés par les partis. Le camp du oui estime-t-il que la partie est déjà gagnée? «Pas du tout. Il y a plusieurs objets soumis en votation, et les campagnes vont s’intensifier au cours des prochaines semaines», a affirmé Brigitte Crottaz.
Selon le premier sondage de la SSR, près de 61% des Suisses soutiennent la loi Covid-19. Pour le camp du non, la mission risque d’être difficile. «Je fais partie de ceux qui pensent que les combats doivent être menés jusqu’au bout», a toutefois affirmé Jean-Luc Addor.
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