swissinfo: les députés se rallient aux sénateurs
Le Conseil national s'est rallié au Conseil des Etats sur swissinfo. La Confédération doit maintenir la plate-forme Internet et assurer la moitié de son budget.
La Chambre basse a aussi adopté sans discussion une motion qui demande le maintien du site pour les Suisses de l’étranger en neuf langues.
Lundi, dans le cadre du débat sur la révision de la loi radio-télévision (LRTV), les députés du Conseil national ont adopté une disposition qui oblige la Confédération à prendre en charge au moins la moitié des frais liés à l’offre journalistique de l’ex-Radio Suisse Internationale.
L’article 31 de la LRTV a été adopté sans discussion, et donc le principe de l’obligation de la Confédération d’assumer «au minimum 50%» des coûts de swissinfo.
En outre, la Chambre basse a également adopté tacitement une motion sur le financement de swissinfo par la Confédération. Motion déposée par le sénateur démocrate-chrétien tessinois Filippo Lombardi.
Un soutien concret
Cette même motion avait été adoptée le 9 juin 2005 déjà par la Chambre haute contre l’avis du gouvernement, lequel en avait recommandé le rejet.
Peter Vollmer, député et porte-parole de la commission chargée des deux dossiers, s’est déclaré «des plus réjoui» par cette reconnaissance «non seulement de l’importance de swissinfo mais du fait qu’il faut aussi lui mettre de l’argent à disposition».
De son côté, Rudolf Wyder, directeur de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), salue «un signal clair pour la SSR» et «un réel pas en avant».
Quant à Stephan Ruppen, secrétaire central du Syndicat suisse des mass médias (SSM), il estime que la Confédération devra soutenir swissinfo sous la même forme qu’auparavant et que, par conséquent, «sa structure comme son offre doivent être maintenues».
Les plans de démantèlement de la SSR
En mars 2005, la direction générale de la Société suisse de radiotélévision SRG SSR idée suisse, la maison-mère de swissinfo, avait annoncé son intention de démanteler la plate-forme d’ici la fin de l’année.
Le projet prévoyait alors de réduire la plateforme en neuf langues à un seul service en anglais. Quant à l’information destinée aux Suisses de l’étranger, elle aurait été diffusée par les unités régionales de radio et télévision, en allemand, français et italien. Ainsi, de 70 à 80 postes auraient été supprimés.
La SSR avait expliqué sa décision par la crainte de voir ses rentrées financières diminuer fortement lors de l’entrée en vigueur de la LRTV, examinée par le Parlement depuis mars 2004.
Des protestations tous azimuts
A l’annonce du plan de la SSR, Filippo Lombardi, membre du Conseil des Suisses de l’étranger, a reçu des centaines de lettres de protestation de Suisses de l’étranger ainsi que de diplomates suisses en poste à l’étranger, qui prenaient la défense de swissinfo.
Les critiques les plus virulentes émanaient surtout d’expatriés dans les pays européens, où vivent les deux tiers des quelque 620’000 Suisses de l’étranger. Des assemblées de délégués ont exprimé leur «consternation et leur indignation» dans toute une série de résolutions demandant à la SSR de renoncer à ses projets.
Le même ton s’est fait entendre lors du Congrès des Suisses de l’étranger en septembre 2005 à Interlaken. A cette occasion, le président du conseil d’administration de la SSR, Jean-Bernard Münch, a reconnu avoir «sous-évalué l’attachement émotionnel de la Cinquième Suisse à swissinfo».
Le Parlement se retrousse les manches
En Suisse même, parlementaires, autorités cantonales, partis politiques, syndicats, associations de journalistes, communautés d’émigrés en Suisse et milieux culturels s’en sont mêlés. Y compris la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.
En septembre, le Conseil national a estimé que la Confédération devait garantir la moitié du budget de swissinfo. En novembre, le Conseil des Etats allait plus loin encore en précisant que la Confédération devait assumer «au moins 50%» du budget.
Et voilà que, lundi, le Conseil national a suivi la même direction. Pour ce qui est du budget, il devra être établi par la SSR et l’Office fédéral de la communication (Ofcom).
SSR SRG idée suisse ne renonce pas
Mais l’avenir de swissinfo demeure incertain… La SSR ne semble pas avoir l’intention d’épargner le service pour l’étranger.
En décembre, le conseil d’administration de la SSR a donné pour mandat à la direction de l’entreprise d’analyser, d’ici au printemps, «toutes les possibilités pour produire une offre moins coûteuse».
swissinfo
– Le 22 mars 2005, l’annonce par la SSR du démantèlement de swissinfo a provoqué une large opposition, aussi bien parmi les associations de Suisses de l’étranger qu’au Parlement.
– Le 9 juin, la Chambre des cantons a approuvé la motion Lombardi demandant au gouvernement de conserver swissinfo sous sa forme actuelle. Motion approuvée ce lundi par la Chambre du peuple.
– Dans la nouvelle Loi radio/TV, il est maintenant stipulé que swissinfo doit être financé au moins pour moitié par la Confédération.
Fondée en 1935, swissinfo/Radio Suisse Internationale a pour mandat de faire connaître la Suisse dans le monde et d’informer les Suisses de l’étranger.
Plus de 620’000 Suisses vivent à l’étranger, dont deux tiers en Europe.
Le cap des 100’000 citoyens de la 5e Suisse inscrits dans les registres électoraux pour participer aux votations et élections fédérales a été franchi.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.