Un diplomate désigné par Kadhafi refuse le poste
L’ambassadeur nommé par la Libye auprès des Nations Unies à Genève a refusé d’y représenter Mouammar Kadhafi, comme il l’a indiqué à swissinfo.ch. Murad Mohamed Hmima a affirmé qu’il ne prendrait pas son poste.
Le diplomate accuse le régime Kadhafi de «commettre des actes de violence contre la population et d’utiliser des mercenaires». Il ajoute qu’il se «rallie à la révolution libyenne», qui tente de renverser la dictature.
swissinfo.ch a obtenu cette déclaration de la part du diplomate libyen, nommé par les autorités libyennes le 26 février dernier comme représentant permanent de la Mission libyenne auprès des Nations Unies à Genève.
Murad Mohamed Hmima déclare «refuser le mandat émanant d’un régime qui a perdu sa légitimité en commettant des actes de violence, de l’intimidation et des exécutions sommaires contre de nombreux innocents».
Utiliser la force contre une population pacifique «constitue une violation flagrante des droits de l’homme et du droit humanitaire international», poursuit le diplomate.
Avant de déclarer: «Je me rallie à la révolution libyenne et exprime ma solidarité avec la révolte courageuse de mon peuple qui veut obtenir la liberté et la démocratie et éradiquer la corruption».
Murad Mohamed Hmima a servi plusieurs années durant comme vice-président de la Mission libyenne auprès de l’ONU à Genève avant d’être rappelé à Tripoli pour différentes missions.
Pas de représentation en Suisse
Le 25 février, le deuxième secrétaire de la Mission de Libye auprès de l’ONU à Genève Adel Shaltut s’est exprimé devant le Conseil des droits de l’homme qui se penchait sur le cas libyen. S’adressant au Conseil, il a rejoint d’autres membres de la Mission libyenne en prêtant allégeance à la révolution populaire.
«L’histoire nous a appris que la volonté du peuple est invincible», a-t-il alors déclaré. «A la mission libyenne, nous vous assurons avoir décidé d’être les représentants du peuple libyen et… nous ne représenterons personne d’autre. Nous serons la voix de ce grand peuple au conseil et dans tous les forums internationaux.»
Plus tôt cette semaine, le personnel libyen de l’ambassade de Libye à Berne s’est également rangé aux côtés de la révolution.
En conséquence, après la décision de la Mission de Libye à Genève, le régime de Tripoli n’a plus de représentant diplomatique en Suisse.
Père et fils. Le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête pour crimes contre l’humanité en Libye, visant le colonel Mouammar Kadhafi, ses fils et plusieurs hauts responsables libyens.
Enquête. «Nous souhaitons vous annoncer que le 3 mars 2011 le bureau du procureur a décidé d’ouvrir une enquête pour crimes qui auraient été commis contre l’humanité en Libye depuis le 15 février», a déclaré M. Moreno-Ocampo lors d’une conférence de presse à La Haye.
D’autres personnalités. Le procureur a également cité «le ministre des Affaires étrangères, le chef de la sécurité du régime et du renseignement militaire, le chef de la sécurité personnelle de M. Kadhafi et le chef de l’organisation de la sécurité interne», sans donner de noms.
Résolution ONU. Le Conseil de sécurité des Nations unies avait samedi, dans une résolution, saisi le procureur de la CPI de la situation en Libye, considérant que «les attaques systématiques» contre la population civile de ce pays «peuvent être assimilées à des crimes contre l’humanité».
6000 morts. Selon la Ligue libyenne des droits de l’Homme, la répression a fait 6’000 morts, dont 3’000 à Tripoli et 2’000 à Benghazi – un bilan nettement plus important, dans cette dernière ville, que les 220 à 250 morts avancés par des sources hospitalières locales et le CICR.
(Version originale en arabe)
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