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Un G20 destiné à contrer les divergences financières

Le club des pays riches et émergents s’est donné rendez-vous dans la capitale sud-coréenne. Keystone

Les vingt pays les plus riches se réunissent à Séoul cette semaine pour tenter de rendre le système financier mondial plus sûr. Mais aucun consensus n’existe pour le moment sur la façon de s’attaquer au problème de façon globale.

Si chaque pays crée ses propres remèdes contre un même mal, il y a des chances que cela complique singulièrement la coordination à l’échelle globale en ce qui concerne un système financier qui, lui, ne connaît pas de frontières.

Dans ce contexte, les banques suisses – qui se sont déjà engagées à relever leurs fonds propres – pourraient bien être désavantagées face à la concurrence internationale.

UBS et Credit Suisse ont été priés d’appliquer les nouvelles normes bancaires dites de Bâle III, plus les garde-fous supplémentaires appelés «Swiss finish», auxquels les deux grandes banques devront se soumettre d’ici 2018. Quelques pays, dont les Etats-Unis, ont introduit leurs propres mesures. Mais on ignore encore combien de pays vont valider Bâle III, dans quel délai et à quel niveau de réserves.

«Les normes internationales ne sont pas aussi sévères que nous le souhaitons, déclare Mario Tuor, porte parole du Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales (SFI). Etre les premiers à introduire de nouvelles réglementations n’est avantageux que si les autres suivent le mouvement. Sinon, elles peuvent se transformer en handicap.»

«Une situation inacceptable»

La question n’a pas échappé à Philipp Hildebrand, président de la Banque Nationale Suisse (BNS), qui a appelé les autres pays à s’attaquer à la problématique du «too big to fail» (expression signifiant que certaines banques sont si grosses qu’il est impossible d’imaginer qu’en cas de faillite, l’Etat ne vienne pas à leur aide).

Ainsi, dans le Financial Times du mois dernier, Philipp Hildebrand demandait-il aux décideurs du G20 de mettre fin à cette «situation inacceptable» et à mettre sur pied des normes internationales, appelant les autres pays à suivre l’exemple de la Suisse.

«Cela permettrait de limiter de manière significative les risques pour les institutions financières, écrivait-il. Si le problème du ‘too big to fail’ est particulièrement prononcé en Suisse, cette anomalie du marché doit être éradiquée globalement.»

Mais les chances de trouver un accord international à Séoul ne sont de loin pas garanties. Si un accord de principe a déjà été obtenu sur Bâle III, il demeure un certain flou pour ce qui est de son application exacte et des délais.

Le sommet du G20 qui se tient jeudi et vendredi à Séoul planchera sur des réglementations supplémentaires visant à empêcher les grandes institutions financières d’entraîner l’économie dans leur chute. Mais les avis sont partagés. Les Etats-Unis ont créé un système de régulation financière qui force les banques à signaler leurs problèmes avant de devoir être renflouées par les contribuables, alors que d’autres pays privilégient de nouveaux instruments permettant de transférer le coût des faillites du secteur public au secteur privé.

Résultats incertains

La Suisse s’est prononcée en faveur de la deuxième solution, combinée au durcissement des exigences en matière de fonds propres. Mais l’efficacité de ces mécanismes ne fait pas l’unanimité.

La Suisse souhaite clairement que les pays du G20 avalisent Bâle III, mais comme Berne n’est pas représentée à Séoul, elle ne peut que se faire entendre de manière indirecte via le Fonds monétaire international (FMI) et le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, FSB), créé lors du Sommet du G20 de 2009 à Londres.

Mario Tuor a également indiqué que les efforts de lobbysme n’auront qu’un effet limité, puisqu’il est impossible de prédire ce qui peut se passer lorsque des pays aussi puissants et aussi différents se réunissent pour trouver un consensus. «Nous suivrons les débats de très près, déclare-t-il. Mais il est difficile d’obtenir du concret tant la structure et le fonctionnement manquent de transparence», constate-t-il.

L’European Financial Services Round Table (EFR), lobby de l’industrie financière pour la promotion du marché unique qui compte UBS comme Credit Suisse parmi ses membres, a affirmé son soutien au Sommet du G20. Mais cette organisation est aussi préoccupée par le fait que «plusieurs pays ont pris des mesures en ordre dispersé pour régler le problème du sauvetage des grandes banques par l’Etat».

«Il y a des divergences d’opinion dans certains domaines et il se pourrait que les discussions n’aillent pas dans la direction que nous souhaitons, relève Sebastian Fairhurst, secrétaire de l’EFR. Il y a en effet un danger que quelques pays continuent dans une direction et d’autres dans une autre, ce qui pourrait aggraver le risque de fragmentation.»

Lancé en 1999 après la crise asiatique de 1997, le G20 est sorti renforcé de la crise financière et économique pour devenir progressivement le principal forum de coopération économique internationale.

Il regroupe les pays du G8 (USA, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Russie), l’UE, l’Australie et la Corée du Sud, ainsi qu’une dizaine de pays émergents (Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie). Au total, les neuf dixième du total des PIB de la planète.

Bien que septième force financière mondiale, la Suisse n’a pas de siège.

La Corée occupe la présidence tournante du G20 pour 2010 et le Sommet se tient du 11 au 12 novembre à Séoul.

Le Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, FSB) a été chargé pour l’occasion de proposer un projet de mesures visant à empêcher éviter que l’argent public ne vienne renflouer les très grands établissements financiers.

Ces recommandations portent notamment sur une amélioration de la surveillance du secteur financier, les régulations du marché des produits dérivés, une réduction de la dépendance vis-à-vis des agences de crédit et sur l’amélioration des normes comptables.

Le plan adopté en septembre dernier à Bâle prévoit notamment un relèvement des fonds propres des établissements financiers, dans un effort pour renforcer leur solidité face à de futures crises.

Les banques devront relever le ratio minimum de fonds propres «durs», la part la plus solide des fonds propres composé d’actions et de bénéfices mis en réserve, de 2% actuellement à 4,5% des actifs.

S’ajoute à cela un amortisseur financier supplémentaire de 2,5%, qui relève le total des fonds propres «durs» à 7%.

Ces mesures doivent entrer progressivement en vigueur à partir du 1er janvier 2013 pour une application d’ici 2015 et une mise en place définitive en 2019.

(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

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