Un non à l’extension de la libre circulation
L’Union démocratique du centre (UDC/droite dure) refuse l'extension aux nouveaux membres de l'UE de l'accord bilatéral sur la libre circulation des personnes.
Une décision contraire à la position gouvernementale défendue par son ministre Christoph Blocher samedi.
Aucune surprise n’est venue de La Chaux-de-Fonds – bastion historique de la gauche helvétique – qui accueillait samedi l’assemblée des délégués de l’UDC.
Par 297 voix contre 94, les délégués ont désavoué le Parlement. Ils ont dit non à l’extension de la libre circulation des personnes aux ressortissants des nouveaux pays membres de l’Union européenne (UE).
Conséquence: l’UDC soutiendra le référendum annoncé par les Démocrates suisses. Le parti recommandera de voter «non» à l’extension de la libre circulation, en cas de succès de la demande de référendum.
Opposition fondamentale
A La Chaux-de-Fonds, la discussion a eu pour toile de fond l’opposition fondamentale de l’UDC aux accords bilatéraux II, en particulier sur le volet Schengen (suppression des contrôles aux frontières).
De fait, les délégués de l’UDC n’ont pas suivi l’opinion exprimée par le conseiller fédéral Christoph Blocher. Présentant la position du gouvernement, ce dernier a souligné les avantages économiques de la décision adoptée en décembre par le parlement.
Les mesures d’accompagnement votées par les Chambres fédérales dans le cadre de l’extension sont impropres à résoudre les problèmes de l’économie, a déclaré Christoph Blocher. On peut néanmoins souscrire à la décision du parlement, dans la mesure où celle-ci n’est pas totalement désavantageuse.
Lors du débat précédent le vote des délégués UDC, le député bernois Walter Schmied a critiqué le second volet des accords bilatéraux avec l’UE. Il a réaffirmé l’opposition de son parti aux principaux points du traité.
Au sujet de l’extension proprement dite, il a affirmé à ce sujet que le traité conclu avec l’UE n’engageait nullement la Suisse à franchir le pas de l’extension.
Son collègue Hermann Weyeneth a défendu la position inverse. Pour le député Bernois, l’extension est une décision d’une importance capitale pour l’économie suisse.
Locomotives enlisées
Quant au président du parti Ueli Maurer, il a estimé que les accords bilatéraux avec l’Union européenne ne devaient «pas servir à préparer le terrain à l’adhésion».
Le Zurichois a dénoncé l’augmentation de la charge fiscale pour les personnes et les entreprises durant les quinze dernières années. Cette situation affecte la compétitivité de l’économie suisse, estime le président du parti.
Selon Ueli Maurer, il convient donc de «s’attaquer aux problèmes au lieu d’espérer du secours de l’UE et de ses locomotives économiques largement enlisées».
L’opposition de l’UDC à l’extension de la libre circulation est critiquée par les syndicats. L’Union syndicale suisse estime que le parti met en danger les places de travail et la croissance économique, tout en renforçant l’isolement du pays.
Cela dit, les syndicats soulignent l’importance de mesures d’accompagnement qui doivent permettre d’encadrer cette extension.
swissinfo et les agences
50’000 signatures sont nécessaires pour un référendum facultatif.
Les opposants à l’extension de la liberté des personnes ont jusqu’au 31 mars pour les recueillir.
Lancé par un petit parti de la droite extrême, les Démocrates suisses, la récolte de signatures a obtenu le soutien de l’UDC.
Si le référendum est validé, le peuple sera amené à se prononcer le 5 juin prochain.
– Les dossiers signés dans le cadre des bilatérales II – qui vont de la fiscalité de l’épargne aux produits agricoles, du cinéma à la formation – ne sont pas contestés. Le point de friction est l’extension de la libre circulation des personnes.
– Entrée en vigueur en juin 2004, la libre circulation des personnes avec les pays de l’Union fait partie des accords bilatéraux I.
– Un complément signé en parallèle aux bilatérales II intègre les dix nouveaux membres de l’UE.
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