Une bonne nouvelle venue de Suisse

Soulagement à Bruxelles. Avec le vote positif de la Suisse, c'est peut-être la fin d'une série noire. Keystone

Après les «non» français et néerlandais au projet de Constitution européenne, le vote positif des Suisses est une bonne nouvelle pour l'Union européenne (UE).

Pour Bruxelles, le «oui» helvétique est un vote de confiance dans les relations entre la Suisse et l’UE.

C’est plus la surprise que le soulagement qui dominait hier à Bruxelles. «Ce vote largement positif constitue une très bonne surprise», a déclaré tout sourire Françoise Le Bail. «Il s’agit d ‘un vote de confiance dans les relations entre la Suisse et l’UE », a ajouté la porte-parole du président de la Commission européenne.

De son côté, José Manuel Barroso s’est empressé de «féliciter» le président de la Confédération. «Ce vote démontre que la Suisse et l’Union européenne travaillent ensemble avec succès pour promouvoir l’intégration de nos peuples et de nos économies et pour renforcer la cohésion de l’Europe».

Les ébauches négatives à la poubelle

A Bruxelles, on n’en revient pas: étonnante Suisse ! Car ces temps, on est plutôt habitué aux mauvaises nouvelles. Les « non » français et néerlandais au projet de Constitution européenne ayant sérieusement ébranlé l’activité des 25.

Les services du président Barroso avaient ainsi déjà commencé à plancher sur un scénario négatif … Hier, toutes les ébauches ont pu être mises à la poubelle !

Pour l’UE, le vote positif des Suisses est d’autant plus réconfortant que les 25 membres de l’UE s’apprêtent à ouvrir des négociations – controversées – avec Ankara en vue de l’adhésion de la Turquie à l’UE.

A la Mission suisse, le sourire était hier également sur tous les visages. «Ce oui est inattendu, confesse l’ambassadeur Bernard Marfur, le soulagement est réel des deux côtés». «Ce résultat très clair va créer une base solide pour la coopération future», souligne le chef de la Mission.

Un avenir rose

L’avenir s’annonce donc plus rose que prévu. On va pouvoir rouvrir les dossiers en cours et poursuivre les discussions. Les dossiers ne manquent pas.

D’abord, la Suisse comme l’UE doivent achever le processus de ratification des accords Schengen/Dublin et de l’accord sur la fraude, qui appartiennent au deuxième «paquet» des bilatérales.

Ensuite, Berne et Bruxelles vont discuter de l’éventuelle ouverture du marché de l’électricité, un gros sujet.

Enfin, les Suisses essayent d’obtenir une participation au système de navigation par satellite Galileo et la reconnaissance mutuelle des AOC (appellation d’origine contrôlée). Quant à l’UE, elle attend le feu vert des autorités suisses pour ouvrir une représentation à Berne.

Une voie trop compliquée

Malgré cette bonne nouvelle que constitue le vote positif de ce dimanche, la Suisse et l’UE devront réfléchir à l’avenir de leurs relations. «La voie des bilatérales est épuisée», estime ainsi l’eurodéputée libérale Diana Wallis, qui préside la Commission du Parlement européen chargée des relations avec la Suisse.

«Une pause doit être décrétée», affirme la députée britannique pour qui l’ouverture d’un troisième «paquet» de négociations bilatérales est impensable.

La voie bilatérale est «beaucoup trop compliquée»: si la Suisse veut s’intégrer davantage dans l’UE, il faut qu’elle songe à devenir un membre à part entière. Diana Wallis n’est pas la seule de cet avis, à Bruxelles !

swissinfo, Barbara Speziali, Bruxelles

Faits

Accords bilatéraux I : libre circulation, obstacles techniques au commerce, les marchés publics, les transports terrestres et aériens, l’agriculture et la recherche (entrée en vigueur le 01.06.2002.
Accords bilatéraux II : Schengen/Dublin (coopération policière et asile), fiscalité de l’épargne, fraude fiscale, produits agricoles transformés, statique, retraite, œuvres audiovisuelles (accord en cours de ratification).