Une manifestation ternie par les casseurs
Point d'orgue de la mobilisation anti-G8, la manifestation de dimanche à Genève a attiré plusieurs dizaines de milliers de participants.
Les organisateurs s’en félicitent mais condamnent les casseurs dont ils estiment être les premières victimes.
«Nous évaluons la participation à 100 000 personnes. C’est donc un grand succès», lance Eric Decarro, l’un des organisateurs de la manifestation.
Mais, bien conscient de l’effet dévastateur des casseurs, actifs avant, pendant et après la manifestation, le président du syndicat des services publiques dénonce les émeutiers.
«Nous condamnons, martèle le syndicaliste, ces casses totalement indiscriminées dont nous ne sommes pas responsables. En outre, c’est notre mouvement qui, en fin de compte, est victime de ces actes de violence.»
Une manifestation colorée
Pourtant, la manifestation s’est déroulée quasiment sans encombre. Elle avait même des allures de carnaval, avec des orchestres juchés sur des chars, des banderoles multicolores et des personnages déguisés.
La plupart des banderoles fustigeaient le G8 et demandaient l’annulation de la dette des pays pauvres. D’autres dénonçaient la guerre et l’occupation de l’Irak.
Les participants français, dont de nombreux syndicalistes de la CGT et de SUD, ont, pour leur part, brocardé les réformes entreprises par leur gouvernement.
L’extrême gauche était également venue en force avec la Ligue communiste révolutionnaire d’Alain Krivine et plusieurs organisations anarchistes.
José Bové et sa Confédération paysanne était également de la partie.
Mais la manifestation franco-suisse n’était pas uniquement composée de militants organisés.
Beaucoup de jeunes ont rejoint le cortège, tout comme des familles, des personnes âgées et quelques personnalités comme le tribun socialiste Jean Ziegler ou la présidente du Parti socialiste suisse Christiane Brunner.
Mais voilà, ce défilé pacifique et ses slogans ont bel et bien été court-circuité par l’action de quelques dizaines de casseurs.
Un impact dévastateur
«Un groupe de 200 à 300 autonomes essentiellement zurichois a réussi à gâcher notre fête», lâche, amer, Antonio Hodger ,député vert au parlement cantonal genevois.
Membre du service d’ordre de la manifestation, Antonio Hodger précise: «Ce service avait pour but d’encadrer la manifestation et de la protéger aussi bien des casseurs que de la police. Mais nous avons agi uniquement contre les casseurs. La police, elle, a eu une attitude tout à fait raisonnable.»
«Nous avons, poursuit le député, protégé certains bureaux de postes attaqués par les casseurs. Certains d’entre-nous ont d’ailleurs reçu des coups et des crachats».
Et de conclure: «Le mouvement altermondialiste doit maintenant prendre conscience que la casse – même si elle est mineure – torpille notre message qui cherche à atteindre l’ensemble de la population».
swissinfo, Frédéric Burnand, Genève
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