Voilà comment les Suisses de l’étranger ont vécu les élections
A l'étranger, les élections parlementaires fédérales ont aussi suscité un vif intérêt. Un grand nombre d'expatriés se sont rendus dans les clubs suisses afin de suivre ensemble l'évolution des résultats.
Des Suisses d’Allemagne, d’Argentine et du Brésil racontent la manière dont ils ont vécu ce dimanche électoral et font part de leurs premières analyses.
«Nous avons organisé une fondue en début de soirée», concède avec le sourire Vreni Fenske, vice-présidente de l’Organisation des Suisses de l’étranger d’Allemagne.
«Malheureusement, nous n’avions pas de connexion Internet dans le local que nous avons loué à Nuremberg et nous avons donc dû trouver une autre solution. Quelqu’un nous a appelé de Suisse à 19h précise, soit au moment même des premières projections. Nous les avons ensuite lues pour toute l’assistance.»
Et la nette victoire de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) a été accueillie plutôt fraîchement. «En vivant dans un pays européen, nous avons une sensibilité européenne et l’UDC n’a donc pas vraiment nos faveurs», explique Vreni Fenske.
Peu d’intérêt
Cette dernière regrette également le peu d’intérêt suscité par la Suisse à l’étranger.
«Les journaux et les télévisions allemandes n’ont que très peu parlé des élections fédérales et nous n’avons bénéficié d’aucun reportage de fond sur la question. Juste quelques nouvelles sur Christoph Blocher et les échauffourées à Berne.»
Au contraire de ce qui a été dénoncé dans plusieurs autres pays, Vreni Fenske ne relève par contre aucun problème avec le matériel de vote.
«Je pense tout de même que, pour les Suisses de l’étranger qui habitent dans des pays lointains et qui ne bénéficient pas d’un réseau postal aussi performant qu’en Allemagne, l’introduction du vote électronique représenterait un bénéfice certain.»
Des électeurs fidèles
A 74 ans, Heinz Rostock fait partie de ceux qui se trouvent justement à des milliers de kilomètres de la Suisse. Ce dernier vit en effet depuis près de 40 ans dans les environs de Rio de Janeiro au Brésil.
«J’ai participé à toutes les élections et votations depuis que cela est possible depuis l’étranger. Celles-ci sont les plus ‘virulentes’ auxquelles il m’a été donné d’assister», estime-t-il.
Pour ce retraité, les débats très durs qui se sont déroulés à Berne montrent qu’il s’agit de la fin de près de cinquante années de concordance. Plutôt peiné par le succès de l’UDC, Heinz Rostock se réjouit tout de même de la percée des écologistes et de la première élection à Genève d’un Vert au Conseil des Etats (Chambre haute du parlement suisse) .
Pour André Stuker, qui habite également à Rio, le succès de l’UDC n’est pas une surprise: «c’est le parti qui dispose du meilleur marketing et de la plus importante présence médiatique».
Il estime en outre que le parti socialiste a clairement manqué d’idées dans cette campagne. Ce dont les Verts ont su profiter.
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La poste paralysée
Hans-Rudolph Würgler, élu Suisse de l’étranger en 2004 et basé en Argentine, a lui aussi suivi ces élections avec une grande attention. «Je vote toujours, concède-t-il, car c’est très important pour moi de conserver le lien avec ma seconde patrie.»
Pas surpris non plus par le nouveau succès de l’UDC, il se dit plutôt préoccupé: «l’agressivité de ce parti m’inquiète. Je me demande si ses propositions et sa manière d’agir est réellement ce qu’il y a de mieux pour la Suisse».
Hans-Rudolph Würgler s’est informé sur l’évolution des débats en consultant swissinfo, la presse helvétique, la «Revue suisse» et en regardant TV5. Selon lui, le vote par correspondance reste problématique et l’introduction du vote électronique permettrait de faciliter les choses.
Gian-Paolo Minelli, photographe tessinois émigré à Buenos Aires depuis 1999, atteste du peu de fiabilité de la poste argentine.
«Je trouve qu’il serait nettement mieux que l’ambassade de Suisse récolte les bulletins – comme le fait le consulat italien – et les envoie par courrier diplomatique en Suisse», dit-il.
Un exemple de dysfonctionnement parmi d’autres, celui vécu par Raúl Vögeli: «Je n’ai reçu mon matériel de vote qu’il y a cinq jours et l’enveloppe dans laquelle j’étais censé renvoyer mes bulletins était déchirée».
swissinfo, Christian Raaflaub, Norma Domínguez (Buenos Aires) et Maurício Thuswohl (Rio de Janeiro)
(Traduction: Mathias Froidevaux)
Au total 44 Suisses de l’étranger (15 en 2003) étaient candidats (7 femmes et 37 hommes) lors de ces élections parlementaires fédérales.
UDC: 33
PRD: 6
PDC: 3
UDF: 1
Verts: 1
La majorité (31 personnes) se présentaient dans le canton de Zurich.
Les autres dans les cantons de Berne, Fribourg, Genève, Vaud, Schaffhouse et Valais.
Environ 111’000 Suisses de l’étranger étaient inscrits sur les registres électoraux.
Seulement 3 cantons sur 26, Genève, Lucerne et Vaud, décomptent séparément les voix des Suisses de l’étranger.
Là, l’UDC a obtenu entre 15 et 19% des voix, moins de la moyenne nationale mais en progression depuis 2003 (10-14%). le PDC et le PRD affichent des pertes.
A Genève et Vaud, le Parti socialiste reste le préféré des expatriés.
A Lucerne, les Verts ont enregistré 16% des voix (9,4% pour l’ensemble du canton).
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