Zurich persévère en matière d’asile
La ville de Zurich a décidé de prolonger jusqu’à fin 2005 son projet pilote de création d'emplois d'utilité publique pour les requérants d'asile.
Quelques villes de Suisse alémanique suivent l’exemple zurichois. Mais la Suisse romande fait la sourde oreille.
Depuis le lancement du projet en janvier 2003, quelque 300 requérants d’asile ont été employés par la ville de Zurich pour un salaire symbolique de 300 à 400 francs par mois.
Actuellement, 110 personnes travaillent et 30 sont sur une liste d’attente. Reste que la durée d’occupation moyenne est de 4,75 mois. Porte-parole d’«Asyl-Organisation Zurich»,Thomas Schmutz avance plusieurs explications à cette fluctuation élevée.
Selon lui, 7,4% des participants à ce projet ont trouvé un emploi fixe, 10,6% ont intégré un programme de formation ou d’occupation, 9,8% ont été renvoyés dans leur pays et 12,3% ont disparus dans la clandestinité.
L’exécutif soutient entièrement le projet, précise quant à elle la responsable des affaires sociales de la ville Monika Stocker.
«Nous faisons un travail pionnier. Il contribue à décrisper le climat qui s’est détérioré depuis l’arrivée de Christoph Blocher à la tête du Département fédéral de justice et police (DFPJ)» déclare l’écologiste écologique.
Des projets similaires à Berne et Saint-Gall
Bien que salué par la presse et de nombreux cantons lors de son lancement, le manifeste sur l’asile de la ville de Zurich peine à faire école. Plusieurs communes se sont montrées intéressées, selon Thomas Schmutz. Mais seules les villes de Berne et de St-Gall ont initié des projets allant dans ce sens.
La municipalité de Berne prévoit d’en faire un point fort: vingt postes de travail ont été créés en 2004 et dix autres sont prévus. La ville soutient le projet avec près de 100 000 francs par an. Le canton le finance également.
La capitale engageait déjà 5 à 10 requérants depuis une bonne dizaine d’année dans le cadre des programmes d’occupation financés par la Confédération.
La ville de Saint-Gall prévoit de créer 20 postes en 2005 qui seront co-financés par la municipalité. Le projet sera prochainement soumis au parlement communal pour approbation.
Enfin Bâle-Ville propose une cinquantaine d’emplois d’utilité publique pour requérants d’asile. Ce programme d’occupation qui est intégralement financé par les subsides fédéraux a été lancé au début des années 1990.
Pas adapté pour la Suisse romande
Le projet-pilote zurichois ne semble par ailleurs pas adapté à la problématique des villes de Suisse romande où le débat se concentre sur les renvois des sans papiers et des clandestins.
«En Suisse romande, le problème numéro un est le chômage», constate également Manuel Tornare, responsable des affaires sociales de la ville de Genève. Le travail pour les requérants n’est donc pas une priorité.
De plus, les cantons romands, Valais mis à part, ont une approche plus intégrative. Ils accordent plus facilement des permis de travail aux requérants d’asile.
Le canton de Zurich a lui une politique très restrictive, constate Denise Efionayi, la directrice adjointe du Forum suisse pour l’étude des migrations.
Or, selon l’Office fédéral des migrations (ODM), 17% des requérants d’asile de Suisse sont basés dans le canton de Zurich.
swissinfo et les agences
Budget total du projet pilote depuis ses débuts 1,83 millions de francs
En tout, quelque 300 requérants d’asile ont été employés pour un salaire de 300 à 400 francs par mois
Actuellement 110 personnes travaillent et 30 sont sur une liste d’attente
17% des requérants d’asile de Suisse se trouve dans le canton de Zurich
– La ville de Zurich prolonge son projet pilote (lancé en janvier 2003) concernant la création d’emplois d’utilité publique pour les requérants d’asile jusqu’à fin 2005.
– Actuellement, seules les villes de Berne, de Saint-Gall et de Bâle-Ville ont initié un projet pilote similaire sur leur territoire.
– Les villes de Suisse romande ne considèrent pas cette idée comme adaptée à leur réalité. Le travail des requérants n’y est pas une priorité.
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