A Genève, une nouvelle chance pour la paix en Syrie
Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan doit réunir samedi à Genève un "groupe d'action sur la Syrie" pour discuter d'un plan de transition politique. Selon l’ambassadeur suisse Jean-Daniel Ruch, tout le monde s’accorde pour un changement démocratique en Syrie.
Kofi Annan, l’envoyé spécial en Syrie de l’Organisation des Nations Unies et de la Ligue arabe, a invité – à Genève ce samedi – les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – Grande-Bretagne, Chine, France, Russie et Etats-Unis – ainsi que l’Union européenne, l’Irak , le Koweït, le Qatar et la Turquie.
Les séances préparatoires à la réunion de ce « Groupe d’action sur la Syrie » ont mis l’accent sur les mesures à prendre pour assurer la mise en œuvre du plan de paix en 6 points de Kofi Annan. Entré en vigueur le 12 avril dernier, il est largement resté lettre morte depuis.
Aujourd’hui, les diplomates reconnaissent qu’il faut un accord préalable sur une transition pour qu’un cessez-le-feu ait une chance d’être respecté.
La Suisse, elle, joue son rôle de pays hôte de la conférence qui se tient au Palais des Nations, comme le précise à swissinfo.ch l’ambassadeur Jean-Daniel Ruch.
swissinfo.ch : Que savez-vous de la participation des Etats à cette conférence ?
Jean-Daniel Ruch : Les 5 membres du Conseil de sécurité de l’ONU devraient être présents, tout comme des représentants de la Ligue arabe, l’Irak, le Qatar et le Koweït, l’ONU et la Turquie, un voisin de la Syrie directement concerné.
swissinfo.ch : La participation de l’Iran est-elle toujours discutée ?
La Suisse ne participe pas aux réunions préparatoires. Elle est en soutien de la médiation. C’est là son rôle essentiel.
Ce que j’ai compris, c’est qu’il a été jugé préférable de n’inviter ni l’Iran, ni l’Arabie saoudite.
swissinfo.ch : qu’est ce qui va être discuté à Genève ?
La mise en place du Groupe d’action – réuni par Kofi Annan – procède d’une analyse très simple. Depuis l’adoption du plan Annan ce printemps, la situation n’a pas évolué dans le sens souhaité. Il n’y a pas de cessez-le-feu et de processus politique. L’accès humanitaire reste très limité. Très peu de prisonniers ont été libérés. Aucun des 6 points du plan Annan n’est mis en œuvre de bonne foi par les parties.
Par contre, les massacres continuent. La communauté internationale ne peut pas rester spectatrice avec des observateurs de l’ONU sur le terrain. Il fallait réagir.
Je crois que l’intention de Kofi Annan était d’engager directement les parties qui ont le plus d’influence dans la région autour de son plan. C’est l’impulsion de la réunion de ce groupe d’action qui devrait aboutir, nous l’espérons, à des résultats concrets, peut-être même à un calendrier.
swissinfo.ch : Le plan Annan n’est donc pas mort ?
S’il n’était pas en vie, il ne servirait à rien de convoquer cette conférence à Genève et les Etats ne se donneraient pas la peine d’y participer.
Il y a un consensus pour mettre en place les bases d’un changement démocratique en Syrie. Les divergences, me semble-t-il, portent sur les modalités de la transition. Une question qui n’a pas beaucoup évolué depuis l’adoption du plan Annan.
L’opposition dit que la transition implique d’abord le départ de Bachar el-Assad. Un régime qui, lui, adopte une politique purement répressive.
Cette transition reste le cœur du débat international et de la négociation sur la Syrie.
swissinfo.ch : la Suisse porte-t-elle un message particulier dans ce dossier ?
Nous appelons à la fin de la violence, préoccupés que nous sommes du sort de la population civile. Nous sommes prêts avec notre assistance humanitaire à fournir un gros effort. Nous soutenons déjà le CICR qui a un certain accès sur le terrain.
Mais la Suisse comprend bien que l’avenir des populations civiles dépend d’un processus politique, de l’arrêt de la violence et de la lutte contre l’impunité. Il y a eu énormément d’atrocités. Pour un avenir sain de cette région, il faut que les auteurs de ces crimes soient jugés.
swissinfo.ch : La Suisse joue-t-elle un rôle dans ce processus de négociations ?
Nous n’avons aucun rôle stratégique. Nous soutenons la médiation internationale menée par Kofi Annan qui d’ailleurs est établi à Genève et lui apportons une aide matérielle et logistique.
Ce qui compte pour nous est que le processus de négociation se poursuive, que les pays influents se mettent d’accord sur des modalités aussi précises que possible pour un certain nombre d’actions et, si possible, sur un calendrier. Et ce afin de donner un signal fort aux parties en conflit sur le terrain. C’est un résultat qu’il nous semble possible d’atteindre lors de cette réunion.
L’esprit de cette réunion et de ce processus est de réunir les acteurs influents dont les paroles ou les actes ont un impact sur le terrain et les acteurs locaux.
Le 18 mai 2011, le Conseil fédéral a adopté une ordonnance instituant des mesures à l’encontre de la Syrie.
Conformément à la loi sur les embargos, la Suisse s’est ainsi ralliée aux sanctions prononcées le 9 mai 2011 par l’Union européenne contre Damas.
Ce régime de sanction a été depuis renforcé à plusieurs reprises.
Ces sanctions comprennent notamment un embargo sur le matériel militaire, le gel des avoirs, des restrictions de déplacement et certaines autres mesures, comme des interdictions concernant le pétrole et les produits pétroliers.
Pour protester contre les violations systématiques des droits humains infligées aux manifestants, le DFAE a rappelé à Berne pour consultation l’ambassadeur de Suisse en Syrie en août 2011.
La Suisse est intervenue à plusieurs reprises au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour dénoncer les violations des droits humains en Syrie.
et les agences
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