A l’OMC, là où les intérêts économiques s’entrechoquent
La négociation des règles de libre-échange dans les domaines de l’agriculture, des produits industriels et des services se déroule en coulisses depuis des décennies et ne se simplifie pas. L’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui aurait dû tenir fin novembre une Conférence ministérielle à Genève, doit veiller à ce que ces règles tiennent compte de la montée en puissance des pays en développement, de l’évolution de l’économie numérique et, bien sûr, de la pandémie.
Les conflits d’intérêts entre les pays développés et en développement et la prise en compte des besoins des consommateurs et des consommatrices ainsi que des avantages (ou inconvénients) pour l’industrie rendent difficile l’obtention d’un compromis sur les nouvelles règles du commerce international. Le libre-échange ne consiste pas simplement à abaisser les droits de douane, à augmenter les importations et les exportations et à rendre les biens et les services moins chers.
La suppression des subventions sur les aliments transformés, conformément à une décision de l’OMC de 2015, a entraîné une réduction des subventions pour l’industrie chocolatière suisse de 100 millions de francs par an. Ce n’est qu’un exemple de la façon dont un changement apparemment minime peut avoir un impact négatif sur un secteur entier.
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La longue histoire de l’Organisation mondiale du commerce
Historiquement, jamais le commerce n’a été aussi libéralisé qu’aujourd’hui, mais des barrières commerciales persistent. En fait, les règles régissant le commerce n’ont pas suivi le rythme du changement. C’est pourquoi les négociations commerciales mondiales doivent tenir compte des nombreuses questions qui divisent les pays développés et les pays en développement, y compris les puissants intérêts qui ont émergé du groupe des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Il faut des années rien que pour établir un ordre du jour pour les négociations, car il faut un consensus entre les membres de l’OMC. Cette situation a conduit au paradoxe suivant: aucune mesure concrète n’a été prise pour réformer l’OMC, bien que le besoin urgent de réformes soit largement reconnu.
La pandémie actuelle a jeté un nouveau pavé dans la mare. Le commerce mondial s’est bloqué et a entraîné une remise en question, afin de se préparer à des crises sanitaires similaires à l’avenir. L’interdiction d’exporter des produits médicaux et les graves perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont montré à quel point les pays sont devenus interdépendants.
De nouveaux sujets de préoccupation ont gagné en importance comme la santé publique ou l’environnement. Une proposition controversée visant à renoncer temporairement aux droits de propriété internationaux pour les vaccins Covid, l’interdiction des subventions pour la surpêche et le commerce du plastique sont devenus des préoccupations pressantes.
La 12e Conférence ministérielle, initialement prévue au Kazakhstan en juin 2020, aurait dû se tenir à Genève pour la quatrième fois seulement de son histoire. Mais à l’issue d’une réunion d’urgence, les 164 membres de l’OMC ont convenu vendredi soir de reporter «sine die» cette conférence en raison de la propagation du variant préoccupant Omicron, «qui a conduit de nombreux gouvernements à imposer d’importantes restrictions de voyage, lesquelles auraient empêché de nombreux ministres de se rendre à Genève», a indiqué l’organisation.
Cet article a été actualisé le samedi 27 novembre 2021 en raison de l’annulation de dernière minute de la conférence ministérielle
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)
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