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«Abdullah Gül favorise l’intégration de la Turquie»

Abdullah Gül veut mener la Turquie vers l'Union européenne. Keystone

En Suisse, l'élection du nouveau président turc est plutôt bien perçue, par la communauté turque de Suisse comme par les observateurs helvétiques, qui entrevoient un rapprochement avec Ankara.

C’est mardi que le parlement turc a élu le ministre des Affaires étrangères de la mouvance islamiste conservatrice à la présidence. Cela malgré les avertissements de l’armée, qui craint pour la laïcité du pays.

De manière générale, l’élection d’Abdullah Gül a été accueillie avec bienveillance par la forte communauté turque de Suisse.

«Avec ce choix, l’image de la Turquie et des Turcs en Europe et en Suisse est réévaluée», estime Kahraman Tunaboylu, président de la communauté turque de Suisse.

Ce dernier estime également qu’Abdullah Gül est susceptible, en tant que fin politicien et défenseur d’une économie de marché libérale, d’influencer positivement les relations entre la Suisse et la Turquie.

«L’élection d’Abdullah Gül est un pas de la Turquie en direction de l’Europe», explique pour sa part le correspondant de la radio suisse alémanique en Turquie Werner van Gent.

«Grand partisan de l’Union européenne, le nouveau président a été élu démocratiquement, ajoute-t-il. Il veut prouver que la pensée islamiste conservatrice est compatible avec l’idée de démocratie. Cela devrait avoir des conséquences positives pour les Turcs d’Europe.»

«C’est un choix qui va renforcer l’acceptation et l’intégration des Turcs de Suisse», peut-on également lire cette semaine dans la presse helvétique.

Divergence sur la question arménienne

Car durant les dernières années, les relations helvético-turques n’ont pas toujours été les meilleures. Avec, au centre des divergences entre Berne et Ankara, l »interprétation historique des événements qui ont causé la mort de quelque 1,8 million d’Arméniens entre 1915 et 1919. Pour la Turquie, il ne s’agit pas d’un génocide.

En Suisse, le génocide arménien a été reconnu au niveau cantonal par les parlements vaudois et genevois, ainsi que par le gouvernement genevois.

Au niveau fédéral, le Conseil national (Chambre du peuple) l’a également reconnu, mais pas le Conseil des Etats (Chambre des cantons), ni le Conseil fédéral (gouvernement).

En 2003, une visite prévue par Micheline Calmy-Rey avait été annulée par les autorités turques. La ministre suisse des Affaires étrangères s’était finalement rendue en Turquie deux ans plus tard.

De solides relations

Récemment, les démêlés de deux citoyens turcs – Yusuf Halacoglu et Dogu Perinçek – avec la Justice helvétique (pour des propos sur la question arménienne tombant sous le coup de la loi contre le racisme suisse) ont également eu le don d’énerver Ankara.

Jusqu’ici, Abdullah Gül s’est montré plutôt réservé sur la question arménienne. Mais pour Werner Van Gent, le nouveau gouvernement turc devrait être en mesure d’aborder ce thème tabou beaucoup plus facilement.

«Abdullah Gül est tout à fait conscient que la question arménienne et celle du peuple kurde représentent des entraves à un rapprochement de son pays vers l’Europe», fait remarquer le correspondant en Turquie de la radio suisse alémanique.

A noter que le DFAE a félicité Abdullah Gül pour son élection. Le Département fédéral des Affaires étrangères se refuse pourtant à tout commentaire supplémentaire. «Les rapports entre la Suisse et la Turquie sont aujourd’hui très bons et très solides», estime-t-il simplement.

swissinfo, Corinne Buscher
(Traduction de l’allemand: Mathias Froidevaux)

Le 28 août, le Parlement turc a désigné le ministre des affaires étrangères Abdullah Gül en tant que nouveau chef de l’Etat.

Premier président issu de la mouvance religieuse islamiste, il a immédiatement prêté serment et est entré en fonction.

Membre du parti islamiste conservateur AKP (comme le premier ministre Tayyip Recep Erdogan), Abdullah Gül succède à Ahmet Necdt Sezer.

L’armée turque, qui voit cette élection d’un œil critique et craint pour la laïcité du pays, a promis d’être très vigilante.

Près de 80’000 Turcs vivent en Suisse

1500 Suisses vivent en Turquie

Selon le secrétariat à l’Economie (SECO), la Suisse a exporté pour 4,9 milliards de marchandises en Turquie en 2005. Durant la même année, les exportations turques à destination de la Suisse se montent à 707 millions de francs.

Le potentiel de croissance en Turquie (70 millions d’habitants) est grand. Ainsi, le produit intérieur brut (PNB) par personne est passé de 3400 à 5400 dollars entre 2003 et 2006.

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