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Batailles de femmes pour siéger à Paris

Qui siégera au Palais Bourbon pour les Français de Suisse? Pour l’heure, les cinq candidats annoncés sont des candidates. DR

Cinq femmes se disputeront le tout nouveau siège de député des Français de Suisse. Avec de grosses ambitions et de petits moyens.

C’est une première. En juin 2012, les quelque 1,5 million de Français de l’étranger enverront onze députés à l’Assemblée nationale. La sixième circonscription, Suisse-Liechtenstein, est la plus dense: 115’000 électeurs rassemblés dans un petit périmètre dont le centre est Genève.

Toute nouvelle circonscription suscite des appétits, même au plus haut niveau. Le ministre Thierry Mariani sera candidat de l’Union pour un mouvement populaire (UMP, droite) dans la région Asie-Océanie, son collègue Frédéric Lefebvre est «parachuté» en Amérique du Nord…

Candidate du cru

«Pour la Suisse, mon parti a heureusement opté pour quelqu’un de bien implanté dans le pays», se félicite Claudine Schmid, candidate de l’UMP. Zurichoise par mariage, née à deux pas de Genève, elle part en campagne avec une petite longueur d’avance sur ses rivales: les Français de Suisse, dit-on, votent plutôt à droite.

En 2007, lors de la présidentielle, Nicolas Sarkozy avait obtenu 57% des suffrages, contre 43% pour Ségolène Royal. «Mais la communauté française a énormément changé en cinq ans», nuance Claudine Schmid. Qui sont ces Français de Suisse? En grande partie des salariés, à 50% franco-suisses. Ils sont 97’000 en Suisse romande, 4000 à Bâle et le reste réparti dans les cantons de Suisse centrale et orientale.

Cette concentration genevoise peut être un atout pour la socialiste Nicole Castioni, ancienne députée au parlement genevois. Le week-end dernier, cette juge au tribunal de Genève faisait ses premiers pas dans les «hautes sphères» de la politique française. Réunion, samedi à l’Assemblée, avec l’ensemble des candidats socialistes. Dimanche, grand meeting de François Hollande, qui portera les couleurs socialistes à la présidentielle, en avril prochain.

«Je n’ai pas le culte de la personnalité, mais il m’a impressionné. Il a prononcé des mots qui m’ont plu: égalité, fraternité. Et quelle foule extraordinaire: cela me change des réunions du PS à Genève, à la rue des Voisins!»

Frais de campagne

Pas simple de faire campagne, même quand on est soutenu par un grand parti. «J’ai dû emprunter 50’000 francs pour couvrir mes frais de campagne, rapporte Nicole Castioni. Et je ne serai remboursée par l’Etat que si j’obtiens au moins 5% des suffrages».

Impossible, dans les limites budgétaires imposées par la loi – 80’000 euros maximum – d’envoyer un courrier à tous les Français de Suisse, constate pour sa part Claudine Schmid. Laquelle mise sur le «relationnel» et sur son bon ancrage dans la communauté: elle fut vice-présidente de l’Assemblée des Français de l’étranger.

A droite, la Zurichoise doit faire face à d’autres candidatures. L’ancienne membre du gouvernement cantonal genevois Micheline Spoerri n’a pas reçu l’investiture de l’UMP. Elle se présente quand même, en toute liberté. «Par mes origines et mon parcours, je suis une vraie franco-suisse. Née à Alger d’un père suisse et d’une mère pied-noir, j’ai pratiqué la relation franco-suisse sur le terrain, notamment lors du Sommet du G8 à Evian en 2003», rappelle-t-elle.

Y aurait-il des binationaux plus binationaux que d’autres? «Je suis un peu le prototype de la franco-suisse, proclame Marie-Françoise de Tassigny, qui part en campagne avec le soutien du Parti radical français. Née franco-suisse, mariée à un Français, j’ai beaucoup travaillé sur les questions frontalières, notamment au parlement genevois.»

Peu de soutien de Paris

Les candidats ne doivent pas trop compter sur Paris. Les ténors de la politique française ne sont pas pressés de traverser le Jura. «Se rendre en Suisse n’est pas très bien vu en ce moment, la presse pourrait mal le prendre», remarque Claudine Schmid. On se rappelle les visites discrètes en 2007 de l’ancien ministre Eric Woerth, venu en Suisse récolter de l’argent pour la campagne de Nicolas Sarkozy.

«Et pourtant, les Français de Suisse ne sont pas tous millionnaires, loin de là, note Mme Schmid. Il n’y a que 2000 exilés fiscaux, sur 160’000 personnes environ.» Un préjugé que déplore aussi Nicole Castioni. Proche d’Arnaud Montebourg, elle regrette les mots trop durs du bouillant député à l’égard de la Confédération et de ses pratiques fiscales.

A l’extrême droite, le Front national (FN) n’a pas encore désigné son candidat. «Nous ferons connaître notre liste dans les prochains jours», assure Patrick Hays, secrétaire national chargé des Français de l’étranger.

«De nombreux franco-suisses ont été contactés l’an dernier par le FN, mais ils ont tous décliné», affirme Claudine Schmid. Europe Ecologie a désigné l’élue vaudoise Ximena Kaiser Morris. Le Front de gauche n’a pas encore tranché.

Les élections législatives françaises de 2012 se tiendront les 10 et 17 juin 2012.

Jusqu’à présent, les expatriés pouvaient participer aux élections présidentielles et aux référendums, mais pas aux élections législatives, faute de représentants au Parlement.

A compter de 2012, ce dernier point changera. L’ordonnance du 29 juillet 2009 instaure en effet onze circonscriptions législatives à l’étranger, chacune représentée par un député.

Pour pouvoir participer aux élections nationales de 2012, il faut être inscrit sur la liste électorale consulaire pour l’élection présidentielle de 2012.

François Hollande, avec 30% des intentions de vote au premier tour, creuse l’écart avec Nicolas Sarkozy (23%), Marine Le Pen (18%) et François Bayrou (13%), selon un sondage de l’institut BVA publié samedi.

Au second tour, le candidat socialiste battrait le président sortant par 57% des voix contre 43%.

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