Carla Del Ponte nommée ambassadrice en Argentine
La procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) Carla Del Ponte, 60 ans, deviendra ambassadrice suisse en Argentine au 1er janvier 2008.
Controversée dans un premier temps, la reconversion diplomatique de la magistrate tessinoise n’en constitue pas moins une décision inhabituelle dans la diplomatie suisse.
«Mme del Ponte est honorée d’avoir été désignée pour servir et représenter son pays comme ambassadrice en Argentine après avoir été procureure pendant plusieurs années et avoir accompli deux mandats au TPIY», a déclaré sa porte-parole Olga Kavran.
Carla Del Ponte entrera dans sa nouvelle fonction au 1er janvier 2008, comme l’a annoncé jeudi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Elle succédera à l’ambassadeur en poste à Buenos Aires, Daniel von Muralt.
Le mandat de la magistrate suisse à La Haye aurait dû se terminer fin septembre, mais le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon avait prié la Tessinoise de rester trois mois de plus.
Une nomination d’abord contestée
Avec la nomination de la Tessinoise à la tête de l’ambassade d’Argentine, le DFAE concrétise un projet auquel il avait d’abord dû renoncer.
En juillet, l’annonce de la reconversion de la procureure du TPIY dans la diplomatie suisse avait en effet suscité quelques grincements de dents dans les milieux diplomatiques notamment, car la fonction d’ambassadeur représente en général le couronnement d’une carrière accomplie au sein du DFAE.
Suite à l’opposition d’un membre du Conseil fédéral (gouvernement), le DFAE avait en définitive dû jeter l’éponge. A la différence de ce qui se fait dans d’autres pays, comme les Etats-Unis, la Suisse nomme en fait rarement à ce poste des personnalités hors sérail.
Parmi les prédécesseurs de Carla Del Ponte, on trouve notamment la députée socialiste Gret Haller, nommée ambassadrice au Conseil de l’Europe, puis médiatrice pour l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi qu’Ueli Sigg, ambassadeur en Chine entre 1994 et 1998, et Alfred Defago, ambassadeur à Washington entre 1997 et 2001.
Pas deux fois au MPC
Fin juillet dernier, alors que son avenir était encore incertain, Carla Del Ponte révélait pour sa part dans une interview accordée au journal alémanique «SonntagsBlick» que le ministre de Justice et Police Christoph Blocher lui avait proposé en 2006 de l’engager à nouveau en tant que procureure de la Confédération, fonction qu’elle avait occupée de 1994 à 1999.
Elle avait alors décliné l’offre, estimant qu’«il ne faut jamais revenir en arrière mais aller de l’avant». Dans la même interview, elle faisait par contre part de son intérêt pour une fonction d’ambassadrice.
Peu de Suisses au top à l’ONU
En fonction depuis septembre 1999 à La Haye, la Tessinoise de 60 ans avait succédé à la Canadienne Louise Arbour. Au cours de son mandat, le TPIY a notamment inculpé les ex-chefs politique et militaires des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, toujours en fuite. L’ex-président serbe Slobodan Milosevic est quant à lui mort en prison en mars 2006 à La Haye.
Avec le retrait de Carla Del Ponte, la Suisse perd un de ses rares représentants de haut niveau à l’ONU. Restent le Fribourgeois Nicolas Michel, secrétaire général adjoint pour les affaires juridiques, et l’ex-minsitre Adolf Ogi, représentant du secrétaire général de l’ONU pour le sport au service de la paix.
swissinfo et les agences
Carla Del Ponte est née en 1947.
En 1981, elle est devenue procureure du canton du Tessin.
Elle s’est taillé une réputation grâce à sa lutte contre le blanchiment d’argent, la criminalité organisée et le trafic d’armes.
Entre 1994 et 1999, Carla Del Ponte a travaillé comme procureure du Ministère public de la Confédération (MPC) avant d’être appelée par les Nations unies au poste de procureure auprès du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye.
Son mandat arrivera à échéance en septembre 2007, mais il a été prolongé. Elle restera en fonction probablement jusqu’à la fin de l’année.
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